Confiance, Il t’appelle !
9e Pèlerinage des femmes, épouses et mères de familles
Comment se retrouve-t-on dans une telle aventure ?
Sinon parce qu’on a répondu à un appel ?
Mesdames, ce n’est pas anodin de quitter son quotidien, de se chausser de bonnes baskets, de prendre son chapeau, son bâton, et de marcher, pas à pas, le long du littoral de l’Est de notre île. Ce n’est pas juste pour prendre l’air ou pour une séance de fitness. Vous êtes là parce que quelque chose vous a appelées.
Une petite voix peut-être… qui a murmuré à la vue du tract, ou à l’invitation de quelqu’un: « Oté, pourquoi pas ? » Et vous voilà ici, au bout du chemin, dans cette église.
Il y a dans cette démarche quelque chose de semblable à ce qu’a vécu un certain Timée, un aveugle, assis au bord du chemin, dans la ville de Jéricho. Lui aussi, il ne voyait plus clair. Il était plongé dans ses ténèbres, comme nous le sommes parfois : soucis, fatigue, questions, solitude… Et tout à coup, une rumeur. Une foule. Et dans cette foule : Jésus.
Et lui, Timée, il crie. Il ne voit rien, mais il crie.
Voilà une attitude que nous connaissons bien. Quand la vie nous dépasse, quand les problèmes nous enferment, il ne nous reste parfois que le cri. Le cri vers Dieu. Ce cri, on le retrouve partout dans la Bible, notamment dans le livre des Psaumes:
« Dans mon angoisse, j’ai crié vers le Seigneur ; il a entendu ma voix. » (Ps 17,7)
« D’un grand espoir, j’espérais le Seigneur : il s’est penché vers moi pour entendre mon cri. » (Ps 39,2)
Le cri, c’est une prière brute. Ce n’est pas joli, ce n’est pas poli, mais c’est vrai.
Peut-être que certaines d’entre vous ont poussé ce cri. Peut-être qu’en venant ici aujourd’hui, dans le secret de votre cœur, vous avez dit à Dieu : « J’ai besoin de toi ».
Et Jésus entend. Toujours.
Dans l’Évangile, Jésus passe souvent. Il est nomade. Il va, il vient, il s’arrête peu. Ces passages sont comme des grâces furtives. Il faut savoir les saisir au vol, quand elles se présentent, comme sur le bord de la route à la sortie de Jéricho.
Timée a saisi sa chance. Il n’a pas raisonné, il n’a pas douté. Il a crié :
« Jésus, Fils de David, prends pitié de moi ! »
Il aurait pu se dire : « À quoi bon ? Je suis aveugle, il ne fera rien pour moi. » Mais il ose. Et ce cri déclenche tout.
Jésus s’arrête. Et il demande à ses disciples de faire venir l’aveugle. Ah tiens ! Ça passe par des intermédiaires ? Oui ! Comme vous qui avez peut-être invité une amie à venir marcher aujourd’hui. Dieu passe souvent par nous.
Et voilà ce qu’ils lui disent, ces disciples :
« Confiance, lève-toi, il t’appelle. »
Mesdames, c’est le cœur de ce pèlerinage. C’est pour entendre ces mots que vous êtes venues. Vous avez marché, parfois en silence, parfois dans l’effort. Et à présent, vous êtes ici, devant lui. Et vous vous dites les unes aux autres :
« Confiance… Il t’appelle. »
Et Timée ? Il bondit. Il court vers Jésus. Vous avez déjà vu un aveugle courir ? C’est risqué ! Parole de myope ! Mais il y va, porté par la foi, par le désir, par la confiance.
Mesdames, vous n’avez peut-être pas couru, mais vous avez marché avec foi. Vous avez laissé le chemin vous façonner. Le vent, la sueur, le silence… et la prière. Tout cela vous a préparées.
Et maintenant, vous êtes devant Jésus. Il est là. Il va se rendre vraiment présent dans la messe que nous allons célébrer.
Et comme à Timée, il vous pose cette question, toute simple, mais qui demande de notre part une réponse vraie et préparée :
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
Prenez un instant pour l’entendre, cette question.
Il ne vous demande pas ce que vous méritez, ni ce que vous avez fait de bien ou de mal. Il vous demande :
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
C’est le moment d’oser formuler votre désir. Peut-être un pardon. Une paix. Une réconciliation. Une lumière. Une force.
C’est entre vous et lui, dans le secret de votre cœur. Mais ne laissez pas passer cette grâce. Saisissez-la, comme Timée.
Il vous appelle. Confiance ! et il vous dit à chacune : « que veux-tu que je fasse pour toi ? »