Qui dit Avent dit Noël et… bientôt les vacances ! Peut-être ce sera pour vous l’occasion d’accueillir des visiteurs ?
Quand des personnalités ou — mieux — des amis, de la famille, vous font l’honneur d’une visite, vous vous mettez en 4 pour les accueillir. C’est une légitime fierté de montrer son cadre de vie à des visiteurs — et à La Réunion il y a de quoi être fier. Pourtant — surtout s’il s’agit d’officiels — il convient aussi de montrer les manques, pour solliciter les aides nécessaires.
Pour bien accueillir, soyons honnête, on soigne la mise en scène : on montre les paysages « cartes postales » dont regorge l’Île intense ! sans omettre ce qui signe sans doute au mieux la vie authentique du pays, la fameuse cuisine réunionnaise !
Cette petite mise en bouche, vous l’aurez compris, file la visite que nous attendons de Jésus à Noël. On en fait souvent des tonnes dans la mise en scène, les guirlandes, la déco, la crèche, les menus, les cadeaux, la convivialité… et, d’une certaine façon ça se comprend, car on voudrait tellement bien accueillir Celui qui vient qu’on l’accueille en s’accueillant les uns les autres, en son nom.
Bien. Mais les textes de ce 1er dimanche de l’Avent nous invitent à plus de sobriété ; peut-être la fameuse « sobriété heureuse » des écologistes… Je préfère évoquer le « style du Messie ». Il faut le redire à chaque Avent : le Verbe incarné a voulu naître et vivre pauvre et méprisé parmi nous. L’Avent consiste donc principalement à entrer dans ce style du Messie, à prendre conscience que, même sous les apparences d’une vie quasi paradisiaque à La Réunion, je ne vais pas si bien que ça : j’ai besoin d’aide, j’ai besoin d’un authentique humain plus… humain, peut-être même plus… divin.
Ainsi le prophète Isaïe nous invite à reprendre le chemin de la première attente du Messie d’Israël. Il nous rappelle que malgré les patriarches, les alliances, la Loi, « nous sommes desséchés comme des feuilles qui s’envolent », « livrés au pouvoir de nos fautes » ; le visage de Dieu ne nous est plus favorable… « Ah, si tu déchirais les cieux, supplie Isaïe, et si tu descendais », comme pour dire, à nouveau, que Dieu nous purifie, qu’il vienne et communique sa propre fidélité à nos cœurs versatiles, bref qu’il nous conquiert, qu’il nous guérisse !
Après avoir regardé en arrière avec Isaïe, regardons en avant avec saint Paul. Il réveille le désir des Corinthiens « de voir se révéler notre Seigneur Jésus-Christ, lui qui nous fera tenir jusqu’au bout ». Chaque Avent revivifie notre espérance du retour de Jésus dans la gloire, quand il apparaîtra comme une évidence pour tous, dans les nuées du Ciel, majestueux, vainqueur.
Mais, entre la 1re venue du Messie espéré (dans le passé : Isaïe) et la 3e venue annoncée (pour le futur : saint Paul), l’Évangile nous révèle (pour le présent) une 2nde venue du Messie. Jésus lui-même nous à invite à travers une culture de l’attente, de la veille. À chaque seconde, il vient pour une seconde venue. La modernité nous a fait perdre le sens de l’attente : nous croyons contrôler le temps qui passe et gérons à la minute prêt l’atterrissage d’un visiteur à Gillot. Mais puissions-nous réapprendre le sens de l’attente qu’avaient les anciens, ces « portiers de Bourbon », vigiles qui scrutaient l’horizon de la mer, jour et nuit — depuis les « 4 canons » ? — pour avertir qu’un bateau approchait. Dans cette culture de l’attente, on avait au maximum anticipé l’arrivée des visiteurs, et l’on n’aurait plus qu’à entrer dans la joie de leur accueil.
Chers frères et sœurs, oublions un peu nos plans de table, et mettons tout en œuvre pour vivre cette seconde venue où déjà Jésus est présent. À l’intérieur de mon attente, il habite mon désir, comme il habite les yeux du vigile ou des amoureux qui veillent les heures de la nuit : tard, au milieu de la nuit, au chant du coq, au petit matin, il surgira. Il verra nos manques. Il verra notre désir. Il s’émerveillera de notre attente. Surtout il nous accueillera, lui plus que nous, comme il accueillit, surprit et même attendrit les rustres bergers de Bethléem qui veillaient sur leurs troupeaux durant les veilles de la nuit.
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