Le père du Fils

Jésus a-t-il appelé Joseph « abba » (papa) ? A trop insister sur une paternité d’adoption pour ce bon Joseph, on en finirait par imaginer des situations absurdes, dans lesquels Jésus ne donnerait pas un nom de « père » à celui qui pourtant en a vraiment reçu le don autant que la charge.
Car oui, Joseph est plus qu’un père d’adoption pour le Fils incarné. « Joseph n'est pas plus père adoptif que celui à qui l'on accorde un don n'est un voleur. » Le fils de Marie n’est pas le fils d’un autre homme. Joseph n’est pas fait père par un tribunal d’hommes, mais par volonté divine. Dieu lui demande de prendre soin de l’incarnation de son fils. Les hommes habituellement sont fait père par les forces de la nature, Joseph devient père par le Créateur des forces de la nature. Marie elle-même appel bien Joseph le père de son enfant : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » , c’était dans le Temple lorsque cet enfant avait échappé à la vigilance de ses parents. Et le Fils en profite pour rappeler que Joseph est le père qui lui permet de parler du Père éternel.
L’incarnation du Fils ne se fait pas que dans la Vierge. Joseph n’est pas qu’un élément social du processus, celui qui serait juste là pour garantir la bonne réputation de Marie aux yeux de tous, et l’acceptation du fils dans la communauté. C’est d’ailleurs peu pensable du fait que cette conception a due tout de même se savoir, les plus fins calculateurs ont quand même pu s’apercevoir que les mois de vie commune et d’avancé de la grossesse devaient à peine, voire pas asses tuiler…Joseph ajoute bien sa part à ce mystère. C’est d’ailleurs ce que signifie son nom : « il ajouta ».
Si Jésus prend chair de Marie, il prend nom de Joseph. Dans ses songes le fils de Jessé reçoit cette mission de nommer Jésus. Marie reçoit en première cette annonce : « Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; lui dit l’ange, tu lui donneras le nom de Jésus. » Joseph reçoit la mission de le nommer aux yeux du monde. Il appel comme le Père, dans une sorte de paternité virginale. Il réalise cette paternité uniquement dans le fait d’appeler Jésus par son nom, alors que Marie réalise sa maternité dans son fiat, son accueil du mystère de l’incarnation en elle-même.
Le Père éternel confie son Fils incarné à un père. Ce n’est pas un doublon de paternité. Le père donné à Jésus ici bas nous fait entrer dans le mystère du Père des cieux. Les mots que nous apprenons du Sauveur : « Notre Père qui est au cieux », prennent un sens tout différent, quand on sait qu’il y a vraiment eu un homme que ce même Jésus a appelé « papa ». C’est le Fils qui s’est incarné et non le Père, et S. Joseph le juste nous donne comme une image pleine de tendresse, de ce qu’est être un père, à l’image de celui de qui vient toute paternité. Comme une sorte de reflet de la première personne de la trinité, reflet projeté par la lumière du Fils incarné sur le visage de son père donné ici-bas.
Bénis soit Dieu le Père, de notre Seigneur Jésus le Christ qui s’est humblement choisi un gardien et un père dans le glorieux Saint Joseph.