Qu’est-ce que c’est que du rouge ? ou du bleu ? ou du vert ? Ce sont des couleurs. Si je dois expliquer ce qu’est le rouge, le mieux est de montrer un objet rouge. Difficile d’imaginer expliquer ce qu’est une couleur à un aveugle de naissance. Il n’en a pas l’expérience. Il ne peut pas savoir ce que c’est et je ne peux pas vraiment le lui expliquer. Ou bien, essayer d’imaginer une nouvelle couleur. Une couleur que vous n'avez jamais vu… Impossible. On pourrait faire la même chose avec le goût. Imaginez un goût totalement nouveau qui ne ressemble à rien de ce que l’on connaît. Là aussi, impossible !

Mais rien n’est impossible à Dieu. Et aujourd’hui il nous donne un pain, une nourriture totalement nouvelle. Une nourriture que l’on ne connaissait pas jusqu’à présent. Un goût nouveau, une nouvelle couleur qui ne ressemble en rien à ce dont nous avons l’habitude. C’est ce que dit le livre du Deutéronome lorsqu’il parle de la manne, ce pain descendu du ciel qui annonce le pain de l’eucharistie : « La manne, cette nourriture inconnue de tes pères. » (Dt 8)

Parfois en préparant la première communion on se demande : ça a quel goût l’hostie ? Je réponds alors : ça dépend. Ça dépend si tu as la foi ou pas. Si tu n’as pas la foi, ça n’a pas de goût. Ça ressemble à un pain sans sel et sans saveur. Mais si tu as la foi, alors ce pain a un goût totalement indescriptible et totalement nouveau. Je ne peux que difficilement t’expliquer le goût que ça a parce qu’il n’y a aucune comparaison possible avec ce que tu connais déjà.

Et puis en plus, ce pain n’a pas le même goût selon les personnes. Et même, il n’a pas le même goût tous les jours. Dans le désert avec Moïse, les hébreux sortaient tous les matins de leur tente et trouvait par terre un pain venu du ciel. Et ce pain, il avait le goût de leurs désirs. S’ils voulaient du poulet, il avait le goût du poulet. S’ils voulaient des carottes, il avait le goût des carottes.

Et bien, le pain de l’eucharistie que vous allez recevoir tout à l’heure pour la première fois, il a le goût de vos désirs les plus profonds. Rassurez-vous, il n’aura pas le goût de carotte ou de poulet dans votre bouche. Mais, si vous allez au fond de votre cœur et que vous découvrez les vrais désirs profonds que Jésus y met, alors ce pain que vous recevrez aura ce goût-là.

Mais en fait, ce n’est pas tellement le goût qui compte. Lorsqu’on mange, c’est parce qu’on a besoin de manger. Si j’ai faim, c’est parce que mon corps a besoin de nourriture pour vivre et se développer.

Le pain de l’Eucharistie est comme ça aussi. Il est une nourriture. Mais pas une nourriture comme les autres. C’est une nourriture totalement nouvelle. « Tel est le pain qui est descendu du ciel ! il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. » (Jn 6)

Le pain que vous allez recevoir tout à l’heure pour la première fois, c’est un pain qui vient du ciel, qui a un goût totalement nouveau et qui donne aussi une force totalement nouvelle. Ce goût nouveau, cette force nouvelle, c’est celui de la vie éternelle.

Dans le Seigneur des Anneaux, les 9 compagnons de la Communauté de l’Anneau arrivent à s’échapper des mains de leurs ennemis et arrivent chez Dame Galadriel, une Reine-Elfe magnifique et puissante. C’est chez elle qu’ils reprennent des forces pour leur long et difficile voyage. Et lorsqu’ils doivent repartir, elle leur donne un pain, le lembas : le pain des Elfes. Une seule petite bouchée de ce pain est suffisante pour donner de la force pour une journée entière. Sam et Frodon en auront bien besoin lorsqu’ils vont passer dans la terrible terre du Mordor.

Ils ont comme emporté un peu de force du Lothlorien. Et cette force leur permet de vivre. L’Eucharistie c’est encore mieux que ça. Ce n’est pas le pain des elfes, mais le pain des anges. C’est un pain qui ne nous donne pas la force pour notre corps, mais pour notre âme. C’est le pain qui nous donne non pas seulement de vivre, mais le pain qui nous donne la vie éternelle.

Et cette vie éternelle, ce n’est pas de ne pas mourir, mais c’est de vivre de la vie de Dieu dès maintenant et aussi pour l’éternité, c’est-à-dire pour toujours.

Jusque-là, personne n’avait jamais mangé d’un pain comme celui-là. Personne n’avait même pu imaginer un pain comme celui-là. Et c’est pourtant ce pain là qui vous est donné. Je ne peux pas vous en parler plus tant que vous ne l’avez pas encore reçu, tant que vous n’en avez pas encore fait l’expérience. Une expérience dans la foi. Ceux qui sont aveugles ne voient pas les couleurs. Ceux qui ont perdu le goût ne sentent pas les aliments. Ceux qui n’ont pas la foi mange un pain sans saveur et sans force. Et pourtant, c’est bien le Corps du Christ que nous allons recevoir. C’est bien la vie éternelle qui nous est donnée dès maintenant et pour toujours.

Demandons au Seigneur de nous faire goûter ce pain-là, de nous donner le goût de le recevoir et de le savourer complètement pour que nous vivions de sa vie.