Dieu est tout de même bien mystérieux. Et c’est bien ainsi ! Il est mystérieux parce qu’il ne donne pas à tous la même chose. Certain ont beaucoup reçu, en don spirituels ou en dons humains, alors que d’autres semblent moins bien lotis par la nature et par la grâce. Et pourtant, Dieu aime tous les hommes. Mais il ne distribue pas ses grâces à tous de la même manière. Mais comme le dit saint Paul : « À chacun d’entre nous, la grâce a été donnée selon la mesure du don fait par le Christ. » (Ep 4, 7)

La grâce de Dieu est purement gratuite et elle est distribuée à chacun de manière différente. Si tous ne reçoivent pas la même chose, tous sont comblés dans la mesure de ce qu’ils sont. C’est l’histoire des verres de sainte Thérèse de Lisieux. Il y a des grands et des petits verres, mais tous reçoivent de quoi le remplir et être ainsi comblé. Il ne faut pas que le petit verre soit jaloux de ce que le grand verre soit plus grand. Et il ne faut pas que le grand verre soit jaloux de la petitesse du grand verre.

Où est donc la justice de Dieu dans tout cela ? Elle n’est pas dans le fait de donner à tous la même chose, les mêmes dons. La justice de Dieu réside dans le fait de donner à chacun ce dont il a besoin. A chacun est donné la grâce d’être sauvé. A chacun est donné la grâce de s’acheminer vers le Royaume des Cieux.

La justice divine, c’est aussi son exigence. Dieu n’aime pas qu’on gaspille ses dons et il nous demande de remplir notre verre de sa grâce. Il ne veut que des verres pleins. « À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. » (Lc 12, 48) Les grands verres doivent plus remplir que les petits. Mais tous doivent être pleins de l’amour de Dieu.

Si Corazine et Bethsaïde sont appelées malheureuses par Jésus, ce n’est pas à cause des grands miracles qui y ont eu lieu, mais à cause de l’incrédulité. Ce sont des grandes villes, vides de foi. Alors que Tyr et Sidon ont moins reçu, mais ont mieux mis à profit le peu qu’elles ont reçu.

Cet évangile est une invitation à mettre à profit les dons que Dieu nous donne. C’est-à-dire à profiter au maximum de la grâce de Dieu sans en gâcher une seule goutte.