Les rois de la terre recherchent l’or et la domination. C’est ce qui fait qu’ils sont des rois riches et puissants.
Les rois mages de l’évangile ont toute leur vie cherché le moyen de comprendre le monde, de récolter ses richesses, d’assoir leur pouvoir. Ils se sont eux aussi laissés enfermés par les préoccupations des royaumes de ce monde. Mais ils ont un jour compris que ce qu’ils cherchaient ne se trouvait pas dans ce monde.
Ils ont alors suivi une autre étoile que celle de l’or et du pouvoir. Ils ont regardé vers les cieux qui leur ont indiqué un autre chemin à prendre. Ils ne savaient pas où cela les mènerait, mais ils ont courageusement suivi ce nouveau chemin qui leur était proposée. Ils avaient soif d’autre chose mais ne savaient pas encore de quoi. Ils avaient compris que leur conception du monde n’était pas suffisante pour leur donner le bonheur auquel ils aspiraient mais ne savaient pas encore où était la source intarissable qui les remplirait pour de vrai.
Et c’est ainsi qu’ils se sont mis en voyage. Ils ont accepté de laisser tout derrière eux même s’ils n’avaient pas encore trouvé le but de leur recherche. Les mages nous enseignent qu’il faut se vider avant de se remplir d’autre chose et non pas le contraire. Pour trouver le chemin du salut, il faut d’abord quitter, même si on ne sait pas encore ce que l’on va trouver. C’est l’espérance chrétienne qui nous donne le coup de départ : Dieu a prévu autre chose pour toi, vas, même si tu ne sais pas encore où ni comment. Quitte ton pays a dit Dieu à Abraham et va vers la terre que je t’indiquerai. Tu découvriras au fur et à mesure où le Seigneur t’attend et tu recevras le long du chemin ce dont tu as besoin pour le découvrir.
C’est ce qu’ont fait les mages. Ils ont alors tourné leurs yeux vers le ciel et ont suivi l’étoile qui leur indiquait un chemin nouveau. Ils l’ont suivi pendant des jours et des semaines, peut-être même des mois ou des années. Toute leur vie ils ont marché sur la terre les yeux tournés vers le ciel.
Leurs pas les mènent par Jérusalem où ils y rencontrent un de leur semblable : un roi, lui aussi mais qui n’a pas pris le même chemin qu’eux. Hérode aussi cherchait l’argent et le pouvoir. Mais il n’avait pas accepté de descendre de son trône et prendre la route. Et pourtant, le messie devait naître dans son peuple, à 6 kilomètres de son palais. La distance n’était rien, mais il lui aurait fallu quitter son sa demeure et son orgueil pour la parcourir. Hérode a préféré fomenter le meurtre et pratiquer la duplicité. Enfermé dans son palais, reclus dans sa haine, Hérode est un roi seul et isolé qui ne prendra pas part au Royaume de Dieu qui lui fait peur et dont il redoute d’être exclu comprenant bien qu’il n’en serait pas le roi. Il préfère régner sur rien que de servir dans un Royaume qui le dépasse.
Le modèle du roi Hérode ne convient pas aux mages qui ont été façonnés par leur long voyage qui les a purifiés de leur désir de grandeur. Ils ne tombent pas dans le piège de revenir à leurs premiers désirs et abandonnent Hérode comme ils ont quitté leur propre palais. Ils regardent à nouveau vers le ciel qui ne manque pas de les guider vers une plus humble demeure. Le roi qu’il cherchent est un roi humble et pauvre.
Ils vont enfin le trouver le roi qu’ils cherchent. Il est un petit enfant couché dans une mangeoire. Quel bouleversement dans leur conception du monde ! Quel bouleversement dans leur conception même du divin !
L’or, la myrrhe et l’encens qu’ils apportent avec eux dans leur bagage a dû leur sembler bien inapproprié à ce roi-là. Et pourtant, ils donnent ce qu’ils avaient prévu parce qu’ils n’ont rien d’autre. Et leurs présents sont accueillis dans la joie parce qu’ils manifestent leur cœur plein d’amour et de tendresse. Ils sont leur richesse déposée au pied de la pauvreté. Leurs cadeaux manifestent que l’enfant est roi, mais surtout qu’eux qui sont rois selon le monde ont trouvé dans l’amour de Dieu fait homme bien plus que ce que le monde leur promettait.
Les mages plient alors le genou et adorent en silence. Ils sont remplis d’une paix qu’ils n’ont jusque là jamais goûté. Ils sont arrivés au terme de leur voyage et reçoivent en échange de leur royaume terrestre la joie de recevoir dans leurs bras le Royaume de Dieu qui s’est fait homme.
Les rois de la terre recherchent la puissance et l’or. Les rois mages ont été dépouillé de leur orgueil par une route longue mais belle. Et toi, que cherches tu ? Si tu ne le sais pas encore, commence par laisser derrière toi ce qui t’encombre, à prendre la route et à te laisser guider par ce Dieu qui a fait sa demeure parmi nous.