Les disciples des pharisiens et les partisans d’Hérode se sont réunis. Étrange groupe qui s’approche de Jésus. En effet, rien dans leur manière de penser et dans leur manière de vivre ne les rapproche. Ils ont plutôt l’habitude de se retrouver les uns contre les autres. Les serviteurs de l’empire romain et de leurs collaborateurs contre les serviteurs du Temple et des pharisiens.
Mais aujourd’hui, il faut coincer Jésus. S’il dit de payer l’impôt, les serviteurs des pharisiens le retiendront contre lui. S’il dit qu’il ne faut pas payer l’impôt, les partisans d’Hérode se saisiront de lui comme un dangereux factieux. Tous seront content d’avoir coincer cet empêcheur de tourner en rond qu’est Jésus.
Mais ils ne savent pas qu’on ne coince pas Jésus. Ils ne savent pas que la Vérité ne se laisse pas atteindre par le mensonge. Devant cette horde d’énergumènes qui joue avec la vérité, Jésus se tient debout, droit et révèle les pensées des cœurs : Hypocrites !
Hypocrites ! Vous ne recherchez pas la vérité sur ce qu’il faut penser de l’argent et de l’impôt. Votre question vise non pas à construire, mais à détruire. Hypocrites, vos paroles ne correspondent pas à vos pensées. Vous faites semblant de vous intéresser au bien alors que vous voulez faire tomber celui qui vient du Père et qui vous apporte le salut.
Les pensées des pharisiens ne correspondent pas à leurs paroles, mais surtout, leurs pensées ne correspondent pas à leur manière de vivre. Ils se disent serviteurs de Dieu et veulent assassiner le Fils unique qu’il leur envoi. Ils sont comme ces ouvriers de la vigne qui tuent le fils pour obtenir l’héritage mais ne récolte que la destruction et la misère. Hypocrites !
L’argent lui, il n’est pas hypocrite, il connaît son maître. Sur la pièce se trouve l’effigie de César parce que l’argent appartient à César et veut retourner à César. L’argent est vrai et ne ment pas. Il promet de nous filer entre les doigts à peine nous l’avons reçu. Il ne nous promet pas le bonheur qu’il ne peut pas nous donner mais nous dit dès le début qu’il veut retourner à son maître et nous laisser les poches vides.
Mais il faut choisir son maître. « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent. » (Mt 6, 24) D’un côté l’argent et toutes les richesses qui ne mènent qu’à leur maître qu’est le monde et les grands de ce monde. De l’autre côté le Christ Jésus, le chemin, la vérité et la vie. D’un côté de la pièce se trouve son image et de l’autre, non pas un nombre mais la croix, symbole de sa mort et de sa passion.
Jésus n’est pas hypocrite, il est vrai. Il ne nous propose pas des richesses mais la croix qui mène à lui et qui nous sauve. Et nous ne pouvons que choisir. Vouloir les deux nous plonge dans l’hypocrisie des pharisiens. « Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Tout cela nous paraît évident et nous l’avons entendu maintes fois. Et nous faisons cette prière : « Seigneur, c’est toi que je veux et non pas l’argent et non pas l’esprit du monde. » Mais notre prière est-elle sincère ou s’agit-il d’une prière hypocrite ? Est-ce que ce sont seulement des mots ou bien une attitude profonde qui conduit notre vie ?
Nous professons un messie crucifié qui nous invite à prendre notre croix et à le suivre, mais comment vivons-nous cette réalité de la croix de Jésus dans notre vie ? Il nous arrive parfois de vivre une vie qui ne soit pas la recherche du Royaume mais la recherche de nous-même. Nous changeons alors l’effigie de la croix du Christ pour y mettre d’autres dieux, pour y mettre nous-même bien souvent.
Hypocrites que nous sommes !
Cette hypocrisie qui n’est en fait qu’un mensonge sur nous-même nous porte à la ruine. Nous sommes divisés en nous-mêmes comme l’est le groupe étrange des disciples des pharisiens et des partisans d’Hérode. Ils ne forment un groupe que pour mettre Jésus à l’épreuve mais au fond ils se détestent. Et c’est ce qui se passe dans notre propre cœur. Nous sommes divisés et nous combattons contre nous même en tentant d’effacer l’image du Christ de la pièce de notre cœur.
Une seule solution contre cette hypocrisie qui nous détruit, c’est de regarder vers le Christ d’un cœur sincère et de le laisser imprimer son image en nous. L’image d’un messie qui nous sauve ; l’image d’un messie crucifié. Regarder vers lui et laisser de côté l’argent et le monde, c’est accepter qu’il règne sur notre cœur sans aucune division et qu’il reconstitue l’image de Dieu en nous que nous avions brisée par le péché.
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