« Un bébé sauvé de la mort »
« Quelle est la grande nation dont Dieu soit aussi proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ? », se demandait Moïse, ce grand prophète, libérateur de l’esclavage, que la fille de Pharaon avait sauvé de la mort alors qu’il venait de naître.
Dieu écoute les cris des hommes, des femmes et des enfants en détresse. Dieu a entendu les gémissements des esclaves en Égypte. C’est pourquoi Dieu a choisi Moïse comme leader de la libération.
Moïse a été choisi à cause de la souffrance du Peuple de Dieu opprimé en Égypte. Son appel et sa vocation prophétique trouvent leur origine dans l’oppression des faibles par les forts et non pas dans ses qualités personnelles. Pour se rendre proche des hommes humiliés et courbés sous le poids des fardeaux, Dieu envoie Moïse au puissant Pharaon.
Dans le Nouveau Testament, Dieu se rend encore plus proche des hommes aux prises avec le mal et le malin. Pour libérer l’homme, le Fils de Dieu devient homme en prenant chair dans le sein de la Vierge Marie par la puissance de l’Esprit Saint.
« Dieu plus intime à moi que moi-même », s’exclamait saint Augustin. Baptisés dans la mort et la résurrection de Jésus, les chrétiens sont habités par Dieu lui-même. Ils deviennent les temples de la sainte Trinité et les tabernacles du Dieu Très-Haut.
« Reconnais, ó chrétien, ta dignité. Tu participes à la nature divine », enseigne saint Léon le Grand (+461), pape.
Il y a vingt siècles, dans l’empire romain, les pères de famille avaient droit de vie et de mort sur l’enfant. Le christianisme a apporté un grand progrès dans la reconnaissance de la dignité de l’enfant et de son droit à la vie.
Le préambule de la Constitution fédérale de la Confédération suisse du 18 avril 1999 déclare : « La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres ». La Suisse, façonnée par les Églises catholique et protestante, fait apparaître dans son droit constitutionnel la manière évangélique de faire de la politique qui consiste à partir du plus vulnérable des citoyens et non des projets idéologiques ou des entreprises multinationales.
Il n’y a pas de politique chrétienne mais il y a une manière chrétienne de faire de la politique. Le chrétien se rend proche des personnes en danger et en souffrance comme Dieu se rend proche des malades, des victimes des injustices et des pauvres.
L’enfant figure comme le pauvre par excellence à tel point sa vie dépend du bon vouloir des adultes.
Dieu aime les enfants. Jésus bénissait les enfants en leur imposant les mains afin qu’ils reçoivent l’Esprit de force et de sainteté. Dieu non seulement défend la vie des enfants mais il choisit ce qui est méprisé par les puissants pour manifester sa gloire.
C’est ainsi que Dieu choisit Moïse, « sauvé des eaux », qui avait échappé à la loi de mort décrétée par Pharaon, pour manifester son amour envers Israël.
Lors de mon séjour en Haïti de 2008 à 2011, j’ai été marqué par la découverte d’un bébé dans une décharge de la capitale, Port-au-Prince. Une religieuse haïtienne des Sœurs de saint Joseph de Cluny serrait ce bébé dans ses bras. L’une des jambes du bébé était recouverte de bandages. Abandonné dans les poubelles, un cochon laissé en liberté avait commencé à dévorer le bébé. Des passants l’ont sauvé de la mort. Lors de son baptême, il reçut le prénom de Moïse.
Nous connaissons le joueur de football, Cristiano Ronaldo, plusieurs fois ballon d’or. La presse a fait part de son enfance dans la pauvreté. Quand sa mère l’attendait, certaines personnes l’avaient conseillé d’enlever l’enfant car elle était pauvre. Chrétienne, elle garda l’enfant. Plus tard, en grandissant, Cristiano Ronaldo dira à sa mère : « Maman, tu es pauvre mais je te rendrai riche ! ».
En ce temps de Carême, l’Église du Christ exhorte les fidèles à se rendre proches de Dieu et proches des personnes en difficulté, par la prière, la solidarité et les demandes de pardon.
L’occasion nous est donné d’implorer le pardon du Seigneur pour nous et pour ceux qui nous ont blessé physiquement, moralement ou spirituellement. Nous avons aussi à demander pardon à ceux que nous avons offensé par action ou par omission. Que les pères irresponsables qui ont abandonné leurs enfants et la mère de leurs enfants fassent une demande de réconciliation. Que les mères qui ont mis fin à la vie de leurs enfants prient pour eux. Que les enfants qui ont survécu de justesse à la mort rendent grâce à Dieu et remercient leur mère et les avocats de leur survie. Que la richesse et la grâce du pardon descende de Dieu vers l’humanité, des parents vers leurs enfants et que la miséricorde remonte des enfants vers Dieu et vers leurs parents.
Seul le pardon libère.
Bon Carême ! Que Dieu fasse du neuf dans nos vies !
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