Le jour de la pentecôte, Pierre fait un discours. Et je dois avouer que ce discours ne me paraît pas extraordinaire. Voire même il reste un peu basique. Voici ce qu’il dit devant la foule immense qui s’est rassemblée comme par enchantement : « Que la maison d’Israël le sache donc avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié. » Franchement il ne s’est pas foulé dans la préparation de son homélie !
Et pourtant, le texte nous dit que « les auditeurs furent touchés au cœur. » Pierre ne dit quasiment rien et eux sont touchés au cœur. Que s’est-il donc passé ? Il est évident que c’est l’Esprit Saint qui a touché le cœur de ceux qui écoutaient les paroles des disciples. Cet Esprit qui souffle où il veut et comme il veut et que nous ne pouvons pas maîtriser. IL se reconnaît justement lorsque c’est le cœur qui est touché et non pas la superficie de notre être. Lorsque nous sommes bougés à l’intérieur par une force qui nous dépasse.
L’auditoire sont ceux là même qui ont vu Jésus être crucifié et qui on même probablement crié avec la foule : « Crucifie-le, crucifie-le. » Aucune pitié dans leur cœur devant l’homme qui souffre et qui est mis à mort. Ce sont ceux là même qui ont été les témoins des miracles de Jésus et qui n’ont pas cru en sa Parole. Des cœurs de pierre.
Mais voilà qu’aujourd’hui ces cœurs de pierre sont transformés en cœurs de chair et qu’ils croient à la parole des apôtres. Parole toute simple et sans miracle. Parole presque nue. Ils sont touchés au cœur.
Celui qui leur parle, saint Pierre, est celui-là même qui a renié trois fois le Christ. Il est le chef de ce petit groupe de disciples qui s’enferment depuis plusieurs semaines déjà et qui ont peur de leur ombre. Un pleutre parfait, à la tête d’une bande de lâches. Et pourtant, ils sont touchés au cœur.
Voilà la force et la puissance de l’Esprit Saint. Cette capacité de toucher au cœur à travers des serviteurs inutiles et stupides, à travers des serviteurs qui ne sont pas à la hauteur de leur mission. Et pourtant l’Esprit a voulu se servir de tels serviteurs et veut encore se servir de tels serviteurs que nous sommes pour toucher le cœur des hommes et leur faire découvrir la joie de vivre de la vie du ressuscité.
Serviteurs du Christ ressuscité nous le sommes. Non pas que nous soyons capables, ni même dignes de l’être. Certainement pas. Mais nous avons été appelés par pur grâce à être ses instruments de salut.
Pierre tout penaud d’avoir renié trois fois le Christ se retrouve devant lui sur les rives du lac de Tibériade et Jésus lui pose trois fois la question de savoir s’il l’aime. « Oui Seigneur, tu sais bien que je t’aime. » lui répond à chaque fois le prince des apôtres.
La rencontre avec le Christ ressuscité qui lui fait miséricorde est le lieu de fondation de l’apôtre. Pierre laisse Jésus lui pardonné et il entre ainsi dans une relation renouvelée avec lui. Désormais, il n’est plus celui qui est capable, mais celui qui est invité à entrer dans l’amour du ressuscité. Il passe par la porte des brebis. Il passe par le Christ pour entrer dans sa nouvelle mission : « Pais mes brebis. » Cette porte est une porte basse ; Il faut se courber pour entrer, mais c’est la seule porte envisageable pour la mission du chrétien.
D’autres ne veulent pas prendre cette porte et passe par-dessus le mur. Jésus parle de ceux là comme des voleurs. Et les voleurs « volent, égorgent et font périr » les brebis. Seul moyen de s’occuper correctement des brebis, c’est d’entrer par la porte. Et la porte, c’est le Christ ressuscité. C’est le Christ crucifié qui est passé par la mort et qui donne la vie. « Moi je suis la porte. » dit Jésus.
Si les foules ont écouté Pierre et ont été touchées au cœur, c’est parce que Pierre est passé par la porte. Il est passé par le Christ. Il a accepté d’être pardonné par lui. Il a accepté sa finitude et son péché pour devenir son serviteur et être ainsi renouvelé par sa grâce. Et alors et seulement alors, il est devenu un véritable pasteur qui donne sa vie pour les brebis. Et alors seulement les brebis ont écouté sa voix parce que cette voix avait pris la même intonation que celle du Pasteur véritable. Celui qui passe par le Christ dit les Paroles du Christ, mais il les dit avec la voix du Christ, avec la force que lui confère l’Esprit Saint.
Chefs vous êtes. Une portion du peuple de Dieu vous a été confiée par le Christ. D’une manière ou d’une autre vous êtes appelés à annoncer la joie de la résurrection. Si vous ne passez pas vous-même par la porte, si vous ne passez pas vous-même par le Christ, les brebis ne vous écouteront pas et vous deviendrez des voleurs qui se servent des brebis pour leur propre épanouissement personnel. Vous les tondrez pour prendre d’elles au lieu de donner votre vie pour elles. Elles ne vous écouteront pas et vous vous ferez entendre d’elle en les brusquant, comme le font les voleurs.
Mais si vous passez par le Christ, si vous vous faites doux et humble comme lui, alors elle écouteront la voix de l’Esprit Saint qui parlera en vous et seront touchés au cœur.
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