1713, l’Argonaute, frégate de 40 canons croise au large de la Mauritanie lorsque, suite à une mauvaise manœuvre du capitaine, il s’échoue sur un banc de sable. Panique à bord, les cales se remplissent rapidement alors que la mer se fait grosse.
Thérèse, 13 ans, fille du gouverneur est dans sa chambre lorsqu’on vient la chercher pour embarquer de toute urgence sur la chaloupe de secours. Il n’y a pas le temps. Elle jette un dernier coup d’œil à sa petite cabine où sont entassés dans des malles toutes ses affaires. Elle ne peut pas les emporter. Elle est sur le point de tout perdre. Elle n’a que le temps d’attraper une chose, le plus important, l’essentiel avant d’affronter sur une coquille de noix la tempête qui se lève.
Un livre ? Son journal ? Son doudou ? Sa collection de timbres ? Un goûter ? Une bouteille d’eau ?
Thérèse se rappelle à ce moment-là la lecture du Livre de Jérémie qu’elle a entendue à la messe du dimanche, juste avant d’embarquer à Nantes. « Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance. » Et puis cette autre phrase de l’Évangile : « Heureux vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous. » Thérèse est alors envahie d’une paix aussi grande que les vagues qui s’éclatent sur la coque ; d’une lumière aussi lumineuse que les nuages ne sont noirs. Elle n’a plus besoin de rien, elle met sa confiance dans le Seigneur. Elle a faim, elle a peur, elle a tout perdu, mais elle est envahie d’un bonheur qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer.
« Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » (Mt 6, 21) dit Jésus à ses disciples. Si nous nous attachons aux choses de ce monde, si nous mettons notre confiance dans notre doudou, dans notre confort, dans notre téléphone, alors nous sommes les plus malheureux des hommes parce que tout peut disparaître du jour au lendemain. Notre cœur se sera attaché à des choses qui passent, mais surtout à des choses qui ne peuvent pas donner le bonheur. Jamais un smartphone ne donnera le bonheur. Jamais un bon goûter ne donnera le bonheur.
Notre cœur est fait pour s’attacher autre chose, il a un autre trésor. Laissez moi vous raconter une autre histoire pour le comprendre. On est maintenant au troisième siècle et un jeune homme chrétien apporte la communion à ceux qui sont en prison à cause de leur foi. Ils ont tout perdu en étant jetés dans leur cellule mais ils sont tout joyeux parce qu’ils vont recevoir Jésus dans l’eucharistie. Le trésor auquel est attaché leur cœur, c’est Jésus. Et ça vaut plus que tout le reste, même leur liberté.
Tarcisius porte Jésus dans l’hostie sur son cœur. Il est tellement heureux que lorsqu’il passe devant des camarades qui sont en train de jouer, ces derniers se doutent de quelque chose. Il doit avoir avec lui quelque chose de précieux pour être aussi joyeux. Il est comme quelqu’un qui a trouvé un trésor. Ils l’interpellent et veulent savoir ce qu’il transporte. Tarcisius ne veut pas leur montrer. Ils le frappent. Il résiste. Ils continuent tant et si bien que Tarcisius perd connaissance et s’endort dans la mort. Mais même après sa mort, personne ne peut desserrer ses mains qui s’agrippent à Jésus Eucharistie. Aucun coup n’a pu lui enlever son sourire. Il est aller à la rencontre de celui qu’il aimait tant. Heureux Tarcisius qui a mit en Jésus sa confiance et son bonheur. Il n’est pas mort, il est monté au ciel pour aimer là-haut celui qu’il a aimé ici-bas.
Le voilà notre trésor : Jésus. Thérèse sur son bateau l’a emporté avec elle. Tarcisius l’a gardé contre les vauriens qui voulaient le lui enlever. Heureux sont-ils d’avoir préféré Jésus à tout le reste.
Mais nous, nous ne sommes pas persécutés par des vauriens ni en péril sur un bateau qui coule. Et bien si ! Nous devons choisir si nous mettons Jésus au centre de notre vie ou si nous laissons le reste nous attirer et nous laisser oublier le trésor que nous avons reçu.
Saint Dominique Savio disait que chaque semaine, il se préparait à recevoir Jésus dans l’Eucharistie dès le mercredi jusqu’à la messe du dimanche. Et puis, du dimanche jusqu’au mercredi, il remerciait Jésus d’être venu en lui. En quelque sorte, comme Thérèse, il décidait dans sa journée de ne rien prendre de ses affaires et de partir à l’école avec Jésus seul dans son cœur, son trésor. Comme Tarcisius, il décidait de ne laisser personne lui enlever du cœur la présence de Jésus.
Et ça, nous pouvons le vivre nous aussi. « Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance. »