S’il fallait faire une description de saint Paul avant sa conversion, je crois que ça relèverait plus du super héro intelligent que de la grenouille de bénitier. Paul est juif. Il est même pharisien. Il a reçu la meilleure éducation possible à l’époque, celle du Rabin Gamaliel. Paul est également un homme important. Tout juif qu’il est il a la nationalité romaine, lui ouvrant les portes de l’empire romain, c’est-à-dire du monde de l’époque. Paul est un homme fort comme en témoignent ses nombreux voyages et les souffrances incroyables qu’il a supporté dans sa mission de prédication de l’Évangile.
Paul a donc tout pour lui, mais tout cela ne lui sert à rien puisqu’il s’est fait l’ennemi de Dieu. Oui, mais pourrait-on dire, il n’a pas fait exprès, c’est à cause de son zèle pour Dieu qu’il a persécuté les chrétiens. C’est ne donc pas tout à fait de sa faute.
Ce n’est pas ce que lui dit le Christ lors de l’apparition sur le chemin de Damas. Jésus lui reproche : « Paul, pourquoi me persécutes tu ? » Jésus reproche à Paul le mal qu’il fait et dans ce reproche il y a celui de le persécuter lui. Jésus s’identifie là évidement à son Église. Persécuter l’Église, c’est persécuter le Christ. Mais je crois qu’il y a plus. Paul est ennemi de Dieu, malgré sa sagesse, malgré sa force, malgré son zèle même. Il est ennemi de Dieu justement parce qu’il n’a pas reconnu le Christ. Il n’a pas reconnu que le Christ est le Fils de Dieu. Mais il n’a pas reconnu que les membres de son Église lui sont intimement associés.
Tout génial qu’il est, Paul n’est rien. Il n’est rien parce qu’il n’a pas encore fait l’expérience de la rencontre du Christ. Il ne le peut pas encore parce qu’il refuse un messie crucifié, « scandale pour les païens et folie pour le peuple juif » comme il le dira plus tard.
Et voilà que sur le chemin de Damas il fait cette expérience. Sa force et terrassée en tombant de son cheval. Son intelligence et sa sagesse sont aveuglés par la lumière bien trop puissante du Christ. Sa religion est mise en difficulté. Tout s’effondre pour Paul. Et c’est justement dans cet effondrement, lorsque Paul a le cœur brisé et broyé, que le Christ vient le chercher.
Paul meurt alors et pendant trois jours il est privé de la vue et ne mange pas. Mais vient le moment de sa résurrection par l’intercession de l’Église dans la personne d’Ananie. Paul recouvre la vue, il est relevé.
Sa force ne lui a servit de rien, mais c’est dans sa faiblesse que le Christ est venu le visiter. Saint Paul est apôtre justement parce qu’il a pris le chemin de la passion et de la résurrection de Jésus. Il a été brisé pour ressusciter avec le Christ. Et c’est ce qu’il va vivre durant les longues années suivantes : « Je lui montrerai tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon nom. »
La force de Dieu se déploie dans la faiblesse. La conversion de saint Paul c’est l’acceptation de sa faiblesse qui est désormais mise au service du crucifié sur son chemin vers la gloire.
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