L’homme a fait son choix. Il a mangé du fruit de l’arbre et a ainsi rejeté l’amour de Dieu.
Dieu a fait son choix. Il a choisi d’aimer l’homme et de le sauver. Et pour se faire, il a décidé de révéler son cœur.
Ce cœur de Dieu, il nous est révélé comme étant faible. Ce cœur est même ce qu’on pourrait appeler le point faible de Dieu. Et oui, Dieu a un point faible et c’est qu’il nous aime. Dieu est touché au cœur par la misère de l’homme qui l’avait pourtant bien mérité en refusant cet amour divin. Ses entrailles frémissent devant la misère qui est la nôtre.
Faible qu’il est, l’homme a voulu faire le fort en prenant le fruit de l’arbre et en décidant lui-même de sa propre destiné.
Fort qu’il est, Dieu a voulu nous montrer sa faiblesse en nous aimant. Et plus encore, il est allé jusqu’à prendre notre faiblesse, en nous aimant jusqu’au bout. Dieu a accepté que nous fassions de lui ce que nous voulions. Que nous fassions de son amour tout ce que nous voulions. Et nous l’avons mis à mort. Il accepte que nous abusions de sa faiblesse d’amour, de sa miséricorde.
Quelle responsabilité qui est mise dans nos mains : C’est le cœur même de Dieu qui se donne à nous. Il nous donne son cœur et nous pouvons en faire ce que nous voulons. Il nous le donne pour que nous puissions nous reconstruire et retrouver l’éclat de nos âmes que nous avons perdu à cause du péché. C’est ainsi toute la force de Dieu qui nous est confié sous la forme de sa faiblesse extrême, celle de son amour.
Ce cœur de Dieu, les hommes l’ont encore une fois rejeté. Cette pierre vivante, précieuse aux yeux de Dieu nous a été livrée et nous continuons à la rejeter. Les bâtisseurs de notre monde qui se veut être fort ne veulent pas de ce cœur d’un Dieu qui l’aime. L’homme qui ne veut pas être faible refuse ce Dieu fort qui se fait faible en l’aimant. Nous rejetons alors ce cœur de Dieu, nous rejetons la pierre de taille qui doit nous rebâtir.
« Approchez-vous du Seigneur Jésus : [nous dit le prince des apôtres] il est la pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu. » Cette pierre rejetée par les hommes mais choisie par Dieu nous est redonné dans le Christ Jésus pour être le fondement de notre vie. Il est déposé dans nos mains non pas pour que nous le rejetions mais pour que nous construisions notre vie sur lui. Cette pierre n’a qu’une place possible, c’est le centre de la construction. Avec elle, tout tient bon. Sans elle au centre, tout s’écroule, à l’image de la clef de voute qui tient tout l’édifice.
Construire sa vie avec comme fondation le cœur aimant du Christ !
C’est accepter de construire sa vie sur la faiblesse de l’amour. C’est ne pas rejeter la pierre comme l’ont fait les bâtisseurs et accepter qu’elle devienne notre pierre d’angle. C’est ne pas achopper sur l’amour mais en accepter toute l’étendue.
Nous avons peur de mettre cette pierre au centre. Nous avons peur de baser toute notre vie sur quelque chose d’aussi faible que la faiblesse de Dieu, que l’amour de Dieu. C’est qu’il faut probablement être un peu fou pour tout miser sur l’amour. Mais il s’agit là de la folie de Dieu qui est Sagesse suprême. Folie d’un Dieu fort qui se fait faible par amour. Nous avons peur, et pourtant, cet amour de Dieu est si puissant dans sa faiblesse.
« Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort. » (1Co 1, 27) Fou est le chrétien d’accepter la faiblesse de l’amour comme fondement de sa vie. Mais plus fou encore celui qui se construit autour de ses forces humaines bien ridicules. Parce que la faiblesse de l’amour de Dieu est forte et la force de l’homme est bien faible.
Cette folie divine ; cette folie de l’amour divin ; nous sommes appelés à la vivre en étant nous même des pierres de l’édifice, en entrant « dans la construction de l’édifice spirituel ». L’Église du Christ est composée de pierres vivantes qui ressemblent étrangement à cette pierre rejetée par les bâtisseurs. Elle est composée par des hommes qui ressemblent au Christ. Elle est composée par des cœurs faibles et fou qui basent leur vie non pas sur la force humaine mais sur la faiblesse de l’amour de Dieu. Faiblesse rejetée mais finalement force cachée capable de soutenir tout l’édifice.
Il ne s’agit pas de la faiblesse du péché ni de la stupidité de celui qui se dit que tout passe et qu’il n’y a pas besoin de se mettre au travail pour construire le Royaume de Dieu. Non, bien au contraire, il s’agit de la faiblesse-force de l’amour de Dieu vécu. Voilà les fondements de l’Église du Christ.
Cette faiblesse-force fait de nous « une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut. » en vue d’annoncer « les merveilles de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. »
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