« Cœur de Jésus, apprenez-nous ce qui fait l’âme grande, la noble horreur de la vulgarité. » Nous l’avons chanté des dizaines de fois à la suite de nombreux autres scouts cette prière du Père Sevin ! Elle est belle cette prière. Dans cette noble horreur de la vulgarité se résume ce qu’est l’esprit scout que nous nous proposons de vivre.
La vulgarité. Rien de plus étranger à ce qu’est l’idéal d’un scout. D’après le Larousse, est vulgaire « ce qui est sans élévation, ordinaire ». La vie du scout n’a rien d’ordinaire. Il s’agit bien au contraire de vivre une belle aventure absolument hors du commun.
Mais ne nous y trompons pas. Ce n’est pas tant l’aventure qui est extraordinaire, même si elle l’est. C’est le scout lui-même dans sa manière de vivre l’aventure de sa vie qui est extraordinaire. Parce que le scout « choisi de vivre l’amour du Seigneur dans chaque chose ordinaire », comme le dit Mère Teresa. Ce qui est extraordinaire c’est d’aimer, de s’engager à fond dans ce qui nous est donné de vivre. C’est ce que nous voulons dire lorsque nous disons que « le devoir du scout commence à la maison ». L’aventure scoute, l’aventure chrétienne, c’est de vivre l’extraordinaire amour de Dieu en chaque instant de notre vie.
Et c’est cet amour qui nous inspire la « noble horreur de la vulgarité » ; l’horreur de tout ce qui n’est pas noble et beau, de tout ce qui n’est pas rempli de l’amour de Dieu.
Parce que c’est probablement le péché la réalité la plus vulgaire qui soit. C’est si banal le péché. Et c’est si peu noble le péché. Qui a comme idéal de mentir plutôt que de dire courageusement la vérité ? Qui a comme idéal de voler plutôt que de travailler à gagner sa vie honnêtement ? Qui a comme idéal de scroller toute la journée plutôt que d’aller vivre au fond des bois un beau week-end avec des frères ? Qui a comme idéal de brader l’amour en suivant ses passions et en ne vivant que des amourettes plutôt que de construire de belles et saines relations à la recherche de l’amour véritable ? Ceux qui sont vulgaires, qui n’ont pas encore la « noble horreur de la vulgarité » qui caractérise l’esprit scout.
Soyons honnête et souvenons-nous de la noblesse qui oblige ceux qui portent l’uniforme. Ne la troquons pas si facilement pour la vulgarité qui caractérise si bien nos contemporains. Le monde brade l’amour. Nous, nous nous proposons de le respecter et de le vivre dans toute son exigence.
Non pas que le scout soit au-dessus des autres. Oh que non ! Il est comme les autres et se sent attiré par cette vulgarité ambiante qui lui fait croire que l’amour est une chose banale et pas sérieuse avec laquelle on peut s’amuser. L’antidote à la vulgarité, c’est l’âme grande. L’antidote à la vulgarité, c’est de regarder résolument vers la source de toute noblesse : le cœur du Christ. « Cœur de Jésus, notre chef notre frère… apprenez nous ce qui fait l’âme grande. »
C’est dans le cœur du Christ que nous trouvons le modèle de notre idéal scout et que nous trouvons la force pour ne pas nous laisser entraîner dans la vulgarité. Comment est-il ce cœur ? « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. » Inattendu comme réponse ! On aurait imaginé l’idéal du scoutisme symbolisé par la force et le courage et nous voilà devant un cœur doux et humble.
Et bien essayez donc d’être doux et humble et vous verrez qu’il en faut de la vertu ! De la vertu, c’est-à-dire de la force d’âme. Rien de plus étranger à notre nature encline à la vulgarité que la douceur et l’humilité.
Cette douceur n’est pas de la faiblesse, bien au contraire, c’est la capacité à modérer nos propres passions, c’est-à-dire à les discipliner. C’est une force pour faire le bien. Aucune mollesse là-dedans, bien au contraire, mais aucune dureté de cœur non plus.
L’humilité non plus n’est pas une faiblesse mais une force. C’est la vérité sur soi-même. La force d’être capable de se regarder soi-même et de s’aimer tel qu’on est, avec nos défauts et nos qualités. Être qui on est devant le Seigneur et devant les autres plutôt que fuir ce que nous sommes et nous fondre dans la masse en faisant comme font tous les autres. Encore cette mondaine vulgarité !
Le scout se reconnaît à ce refus de la vulgarité qui est un vrai combat. Il n’est pas comme les autres, il a l’âme grande. Il se met à la suite du Christ qui lui donne la force de cultiver la douceur et l’humilité, forces incroyables qui font de lui un être noble au vrai sens du terme. Un être capable d’aimer et de se donner au service de ses frères.
« Cœur de Jésus, notre chef notre frère, apprenez-nous ce qui fait l’âme grande, la noble horreur de la vulgarité. »
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