« Je crois Seigneur, vient en aide à mon manque de foi »
Exhortation donnée à l’assemblée de prière Betzatha, le 10/02/22
Voici quelques éléments de réflexions concernant l’acte de foi. Nous cherchons ici à mettre en relation notre acte personnel et l’action du Seigneur dans ce même acte : comment cohabite, ou plutôt interagissent les deux ? Comment l’articule dans l’acte de foi mon intelligence et ma volonté avec l’action de Dieu en moi ?
Preuve et foi
On croise souvent des personnes, lorsque l’on parle de religion, et que vous témoignez de la vôtre, qui vous répondent : « moi je croirai en Dieu, quand j’aurai une preuve de son existence ».
Voilà déjà un problème sur le sens du mot…par définition je crois ce que je ne vois pas, si je vois je ne crois plus : je sais…Et une preuve c’est ce qui donne à voir, donc si j’ai une preuve, je ne crois plus vraiment : je sais ! Alors dire dire que l’on veut une preuve pour croire est un non-sens. On veut une preuve pour savoir, en attendant, sans la preuve, place à la foi, qui elle croit dans son clair-obscur.
Preuve du miracle
Et parmi les preuves, c’est souvent le miracle qui est invoqué. « Que le Seigneur fasse un miracle et je croirais ». Sauf que nous avons là un autre problème. C’est que pour faire un miracle, le Seigneur veut la foi. D’ailleurs souvenez-vous, dans l’évangile, Jésus quitte une ville parce qu’il n’y a pas asses de foi pour qu’il puisse faire un miracle en Mc 6, et Jésus s’étonne même de ce manque!
Nous voilà bien face à une difficulté : comment naît la foi ? Comment elle apparaît en moi ? Et pourquoi elle me semble moins forte parfois ? Et pourquoi d’autres ne l’ont pas ?
La foi, don fait à l’intelligence qui agit
La foi, vous le savez frères et sœurs, c’est un don, un don de l’Esprit. Dieu nous donne lui-même de croire en lui. En fait Dieu vient soutenir notre intelligence et nous permet d’adhérer à des choses qui nous dépassent ! Seulement si c’est notre intelligence qui concernée, y a bien un moment où l’on entre en jeu, où l’on fait quelque chose. Un verset de psaume illustre très bien cela :
« Incline mon cœur vers ton témoignage, et non pas vers le profit » (Ps 118.36) le psalmiste implore le Seigneur que lui-même le tourne vers sa parole. Il lui demande d’être cette première motion qui lui fera adhérer par la suite. Ce qui signifie, à la base de tout mouvement de foi, il y a le Seigneur, il suscite cette recherche. En d’autres termes le Seigneur appel par sa Parole et suscite une inclinaison du cœur en nous.
Don fait à ceux qui cherchent…
Mais cette motion à qui l’a donne t’il ? Et bien à ceux qui le cherchent…
« Aimez la justice, vous qui gouvernez la terre, ayez sur le Seigneur des pensées droites, cherchez-le avec un cœur simple, car il se laisse trouver par ceux qui ne le mettent pas à l’épreuve, il se manifeste à ceux qui ne refusent pas de croire en lui. » (Sg 1.1-2)
Et également :
« Approchez-vous de Dieu et lui s’approchera de vous » (Jc 4, 7)
Dieu au fondement et à l’arrivée de notre foi
Alors retour à la case départ…il faut d’abord chercher le Seigneur pour qu’il se laisse trouver, et en même temps c’est lui qui incline notre cœur pour que nous le cherchions…Qui fait quoi d’abord ? Et bien c’est parce que Dieu ne fonctionne pas comme nous. Nous autres sommes dans le temps et nous devons nécessairement passer par une succession d’étapes. Et donc dans notre mode de fonctionnement, c’est soit moi, soit quelqu’un d’autre qui agit. Sauf que D ne fonctionne pas de la sorte. Il n’est pas une partie de la création qui viendrait en concurrence avec nous, il est le fondement de la Création et donc il agit en tout et partout. Et donc notre foi est à la fois une action de notre part, et à la fois une action divine, on ne peut séparer les deux, on ne peut savoir exactement qui fait quoi…tout comme on ne peut séparer l’âme d’un corps, et dire précisément en voyant un corps, ça c’est l’âme, l’âme est partout dans le corps et elle lui donne la vie. Prenons un autre exemple : la respiration. Nous sommes capable de contrôler notre respiration, de l’accélérer ou au contraire de la ralentir. Nous pouvons prendre conscience que nous respirons (faites l’exercice en lisant ce texte, concentrez-vous sur votre respiration). Et pourtant, le reste du temps nous respirons quand même, sans y penser, même en dormant. Il y a bien deux sources à cette action de respirer, soit ma conscience, soit un mécanisme naturel hors de ma conscience. De même pour l’acte de foi, les deux (Dieu et moi) agissent simultanément et je peux prendre conscience que les deux agissent.
Dieu est déjà au fondement de notre cherche, il est au commencement, il en soutien les efforts, et il est présent à l’arrivée comme récompense :
« Console-toi, Tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais déjà trouvé » disait Pascal dans les Pensées, en faisant parler Jésus lui-même.
Autrement dit, dans une certaine mesure, pour croire en Dieu il faut le vouloir et que lui aussi le veuille ! Parce qu’il n’y a pas que notre cœur qui s’incline vers le Seigneur. Le Seigneur lui-même « s’incline » et descend :
« Il incline les cieux et descend, une sombre nuée sous ses pieds » (Ps 17.10).
Le Seigneur vient et reste partiellement invisible, c’est le sens de cette nuée. Dieu vient à notre rencontre tout en restant voilé et il suscite en nous cette recherche et cette rencontre.
Une foi qui grandit
Et c’est donc là tout le génie de la réponse de ce père d’un enfant posséder par un esprit impur en Mc 9. Il explique à Jésus la situation et il termine par « si tu peux fait quelque chose ». Et Jésus réagit « si tu peux…tout est possible à celui qui croit » et c’est là qu’il fait cette réponse étonnante et presque contradictoire : « je crois, Seigneur vient au secours de mon manque de foi » On a envie de lui répondre, « ben faut savoir mon gars, t’en a ou pas de la foi ? » Il en a et il n’en a pas ! Est-ce quantifiable la foi ? Et comment peut-on en avoir plus ? Ils en ont chez Amazon ? De toute façon faut bien compter deux semaines pour que ça arrive jusqu’ici ! Ce père affirme qu’il croit en Jésus, et il a besoin que Jésus lui dise qu’il croit en lui. Cette foi est présente et doit s’étendre pour que l’homme puisse prendre appuie dessus. Et cela est possible dans cette rencontre avec Jésus.
Vous êtes déjà allé chez un chiropracteur ? Moi une fois, et plus jamais ! Pour des douleurs dans le dos, il vous prend dans ses bras, genre gros câlin, et il vous dit « détendez-vous » et il appuie je ne sais où, mais vu sa main plutôt entre deux vertèbres, et donc si je ne suis pas asses détendu…il me colle dans un fauteuil roulant pour le reste de mes jours. Le pire c’est la nuque, il vous tient la tête en apesanteur et la tourne dans tous les sens, ça crac de partout et vous prier le ciel (tout en bougeant vos orteils pour vérifier qu’ils fonctionnent) qu’il ne vous a pas déchiré l’hypothalamus et que vous allez vous asphyxier dans la minute…et bien c’est une très bonne image de la foi ! Si on ne se laisse pas faire, si on n’abandonne pas tout, on peut se blesser. C’est le chiropracteur qui agit, soigne, fait le mouvement. Mais qui est allé dans son cabinet ?...Et c’est en le pratiquant que l’on sait qu’on peut lui faire de plus en plus confiance ! Mais il y a déjà dès le début, une immense confiance, sinon : blessure ! Mais au fur et à mesure on appréhende mieux ces séances. Pour notre foi dans le Christ c’est à peu près la même chose. A force de la pratiquer on appréhende un peu plus sereinement les séances. Mais c’est toujours nous qui allons dans le cabinet divin.
Faire grandir la foi
La demande, mendier la foi
Il y a donc en nous des attitudes qui font grandir la foi. Déjà la première : c’est de la demander ! Tout comme ce pauvre papa « viens à mon aide », c’est la première phrase qui ouvre un office « Dieu vient à mon aide, Seigneur à notre secours ». Je me suis fait cette réflexion récemment après avoir donné la communion. Certains communient vraiment de très belle façon en tendant les mains jointe vers Jésus, pour le recevoir lui-même, c’est vraiment l’attitude du mendiant ! Venir communier c’est implorer Dieu en soit, et lui demander les mains tendus « viens au secours de mon peut de foi », et on commence même le verset que nous citons du papa en Mc 9, puisque nous disons « amen » : « je crois » !
La vie du juste
Donc la foi se demande, voir même se mendie, et puis le reste de notre vie manifeste notre recherche et la fortifie. Voici la suite du premier chapitre du livre de la Sagesse, que nous avons cité plus haut:
Sg 1.3-4 « Les pensées tortueuses éloignent de Dieu, et sa puissance confond les insensés qui la provoquent. Car la Sagesse ne peut entrer dans une âme qui veut le mal, ni habiter dans un corps asservi au péché. L’Esprit saint, éducateur des hommes, fuit l’hypocrisie, il se détourne des projets sans intelligence, quand survient l’injustice, il la confond. »
Vous cherchez Dieu ? Faites le bien et vous le trouverez. Cherchez-le nuit et jour, comme un cerf assoiffé, et dans tout ce que vous faites ;
Vous voulez un miracle ? Votre vie en est un ! Si vous saviez le nombre de chances que vous n’existiez pas…rien que ça ! Notre existence même est le miracle qui soutient notre foi, nous n’avons pas besoin de plus, tant que nous le cherchons.
Elle peut flancher notre foi, pas de panique, Pierre a flanché ! Et il a failli se noyer ! Pas de crainte, le Seigneur rattrape, quand on l’appel, n’attendons pas d’avoir ce que nous pensons être une foi parfaite pour nous approcher, mais tendons déjà la main pour l’implorer :
« Je crois, Seigneur vient au secours de mon peu de foi ! »
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