Le voilà placé dans cette niche, fleur de lys à la main, tête légèrement baissée, et les yeux mystérieusement plissés, comme un garde en faction a reçu mission de veiller. Saint Joseph nous est représenté par cette statue que nous nous apprêtons à bénir. Il est en hauteur, dans une position de guetteur. La destinée du charpentier de Nazareth semble toute entière frappée d’une dimension de veille. Il doit veiller, Saint Joseph, c’est la mission principale de son existence. Veiller d’abord sur Marie, son épouse immaculée. Il a dû la protéger, l’écouter, la rassurer, l’encourager, sécher ses larmes, la faire rire et rire avec elle.
Et puis, il a dû veiller sur le fruit de ses entrailles, sur l’héritage de tout Israël, sur celui que les prophètes avaient annoncé : Jésus le Messie, le Fils du Dieu vivant. En ce sens, il est bien à l’image de son lointain aïeul David, qui a reçu la charge de veiller sur le peuple saint. Joseph doit regarder et s’assurer que tout va pour le mieux, que rien ne manque pour son foyer, qu’il est en sécurité.
Il ne veille pas comme Marie. La Vierge s’assure que tout le monde va bien, que tous sont en paix avec son Fils, que tous se sentent bien, et avancent sereinement dans la voie du salut. Joseph veille sur l’Église, corps mystique de son Fils, comme il a veillé sur son garçon dans sa maison.
Il a mis un toit au-dessus de sa famille, il s’est assuré que chaque jour il y avait quelque chose à manger sur la table. Il a cherché à apprendre à Jésus les rudiments de son métier, pour qu’il puisse se débrouiller dans la vie. Il lui a enseigné comment se comporter au marché, tant face à un acheteur qu'à un client. Il lui a manifesté de la fierté lorsque, pour la première fois, il a réussi un tenon-mortaise, ou qu’il a ramené de la ville un outil demandé.
Et bien peut-être qu’il se comporte de même avec les enfants de l’Église. Il pourvoit à nos besoins, il nous apprend comment on doit se comporter avec le monde extérieur, là où la Vierge nous enseigne plutôt les rudiments de notre vie intérieure. Joseph, invoqué comme protecteur de l’Église, a les yeux tournés à l’extérieur de l'Église. Ou plutôt, il nous invite à tourner nos regards vers l'extérieur de nous-mêmes et de nos assemblées.
Marie nous enfante à la vie de la grâce et pourvoit à la croissance de cette grâce dans son intercession, comme une mère nourrit son enfant. Joseph, lui, se préoccupe plutôt des interactions entre notre vie intérieure et le monde extérieur (visible ou invisible). Joseph pourvoit aux conditions du déploiement de cette vie. C’est la raison pour laquelle on l’invoque tant pour les choses matérielles.
Et toutes ces affaires matérielles ne sont pas secondaires. Nous ne sommes pas que de purs esprits. Notre condition nous oblige à nous préoccuper de toute cette matérialité, et tout cela a une incidence sur notre vie intérieure. Il se peut même, dans certains cas, que des conditions matérielles soient des empêchements spirituels. Saint Joseph, en incarnant la perfection du rôle de père de famille, a la mission de veiller à ce que nous ne manquions de rien venant de l’extérieur. Il intercède pour que toutes les conditions nécessaires soient réunies pour le bon développement de notre vie.
Regardez, ils forment maintenant, à eux deux, une porte d'entrée, un passage vers le chœur de la cathédrale ! La mère et le père du Fils incarné, une parfaite complémentarité dans leurs attentions et leurs sollicitudes.
Bénir cette statue, c’est surtout pour nous l’occasion de rendre grâce à Dieu pour la communion des saints, pour ceux qui nous ont précédés et qui à présent se voient confier la mission de veiller sur nous. Entourés de telles illustres figures, puissions-nous atteindre la Gloire du Ciel.