« Dieu est amour ! » Très juste ! C’est même saint Jean qui le dit. Mais je me demande si parfois, à force de prêcher l’amour et la miséricorde de Dieu, on n’en oublie pas cette autre réalité tout aussi vraie : Dieu punit. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est la Parole de Dieu. Pardonnez-moi si je vous choque, mais je dois vous dire la vérité : il existe un châtiment divin ! Les justes sont récompensés et les méchants punis ! Et c’est justice. C’est bien ainsi.
Mais de quoi s’agit-il vraiment ?
« Quand le Seigneur aime quelqu’un - nous dit la Lettre aux Hébreux - il lui donne de bonnes leçons ; il corrige tout ceux qu’il accueille comme ses fils. » (Hb 12) On pourrait résumer cela par un proverbe : « Qui aime bien châtie bien ! » Le châtiment divin n’est pas déconnecté de l’amour que Dieu nous porte. Bien au contraire, si Dieu nous punit, c’est parce qu’il nous aime.
Le châtiment divin est donc pédagogique. Les enfants, ne se sentent pas aimés quand on les gronde. Mais en grandissant, ils comprennent que c’était pour leur bien. Et même, ils comprennent qu’il y aurait eu un manque d’amour très grave de la part de leurs parents si on les avait laisser faire tout comme ils le voulaient.
Il en est de même avec le châtiment divin. Dieu nous corrige comme un père corrige son enfant. Il nous punit pour que nous évitions le mal et que nous fassions le bien. En un mot pour que nous nous convertissions. Dieu punit non pas parce qu’il serait sadique, ni pour se venger, mais pour que ses enfants se corrigent et qu’ils deviennent meilleurs et accèdent ainsi à la vraie vie.
Ainsi, si la réalité de l’amour de Dieu ne doit pas nous faire oublier qu’il existe bien un châtiment divin ; la réalité du châtiment divin ne doit pas nous faire oublier que Dieu est amour. Et même, bien voir et comprendre ce châtiment, c’est mieux comprendre l’amour de Dieu pour nous. Dieu est un Père qui veut le meilleur pour son enfant et qui ne veut pas nous laisser prendre le chemin du mal qui nous détruit. Dieu nous aime, et il s’engage pour que nous évitions ce mal capable de nous détruire.
Le châtiment divin veut donc nous corriger. Mais il y a aussi le châtiment de justice, le châtiment de la fin des temps. On appelle cela l’enfer. Et oui, ça existe encore ! Jésus lui-même parle de la Géhenne et du feu qui ne s’éteint pas (Cf Mt 5). « L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers. » (CEC1035) Et là, il n’y a pas de retour possible. Ceux qui refusent encore et encore de croire et de conformer leur vie à la vie de Dieu se coupent de son amour et vont donc là où il n’y a pas d’amour de Dieu. Un monde sans amour de Dieu, c’est l’enfer.
Dieu est amour, mais l’enfer existe bel et bien ! C’est terrifiant d’imaginer une éternité de souffrance, une éternité sans une once d’amour, une éternité sans Dieu.
Terrifiant ! Mais cela ne doit pas nous terrifier. Cela n’est pas fait pour nous terrifier. Dieu ne veut pas terrifier ses enfants. Il nous aime et veut nous faire découvrir son amour. Lorsque nous contemplons la réalité de l’enfer, nous voyons un lieu où il n’y a pas ce que nous recherchons par-dessus tout, un lieu où Dieu n’est pas présent. Mais ce que nous voulons, c’est porter notre regard vers ce Dieu qui nous aime. Nous ne voulons pas l’enfer, non pas parce que ce serait un lieu qui nous fait peur, mais parce que nous ne pouvons pas imaginer notre vie sans Dieu. Ni dans l’éternité, ni ici-bas sur la terre !
« Efforcez-vous donc d’entrer par la porte étroite ! » (Lc 13)
Cette porte dont parle Jésus, c’est la porte de l’amour de Dieu. Ce Dieu qui nous châtie parce qu’il nous aime, pour nous corriger. Ce Dieu qui nous aime tellement qu’il nous attire à lui inlassablement et qu’il exige de nous que nous fassions le bien.
Cette porte est étroite parce qu’elle fait appel à notre liberté d’enfants de Dieu.
Je m’explique : On ne peut fuir l’enfer – ce lieu où il n’y a pas d’amour de Dieu – et gagner le paradis – ce lieu de l’amour de Dieu – que si on aime librement. La porte est étroite parce qu’il est difficile d’être libre pour de vrai. Libre de ne pas faire le mal, mais surtout, libre d’aimer le bien, d’aimer Dieu.
Saint Basile disait :
« Ou bien nous nous détournons du mal par crainte du châtiment, et nous sommes dans la disposition de l’esclave.
Ou bien nous poursuivons l’appât de la récompense et nous ressemblons aux mercenaires.
Ou enfin c’est pour le bien lui-même et l’amour de celui qui commande que nous obéissons et nous sommes alors dans la disposition des enfants. » (CEC 1828)
On ne peut entrer dans le Royaume de Dieu que si on se fait semblable aux enfants. (Cf Mt 18) Ce n’est pas la crainte du châtiment, ni même du châtiment éternel qui nous guide. Ce qui nous fait rechercher le ciel n’est pas même le désir d’une récompense. Ce que nous cherchons pour la vie à venir, mais aussi pour cette vie, dès maintenant, c’est de vivre de l’amour de Dieu et de rechercher sa présence en tout temps et en tout lieu.
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