Le texte des béatitudes est magnifique ! Il faut l’écouter et le réciter, à genoux, dans notre prière silencieuse, devant Dieu. Les béatitudes nous rappellent la puissance et la beauté de Dieu. Elles nous font désirer ce Royaume de Dieu qui est si beau et si grand. Et en même temps, elles nous rappellent que le chemin vers lui n’est pas inaccessible. Le Royaume de Dieu est grand, et le chemin qui y mène est simple, il est praticable. On peut monter sur la montagne sainte avec le Christ. Dieu n’est plus inaccessible. Il suffit juste de se faire pauvre et petit pour obtenir le Royaume des Cieux. Il suffit de pleurer pour mériter d’être consolés. Il suffit d’avoir faim pour être rassasiés.
Et voilà. C’est si simple et si facile ! Alors qu’attendons-nous pour avancer sur ce beau chemin que nous trace le Christ ? Serait-il si difficile d’être pauvre de cœur et de pleurer, d’avoir faim et soif de la justice, d’être doux et miséricordieux, d’être des artisans de paix ?
Il faut bien l’avouer, si les récompenses promises par les béatitudes nous attirent, le chemin n’est pas si simple qu’il n’y parait.
Certains pensent que ce chemin n’est pas un chemin d’homme et qu’il est dès lors méprisable. C’est un chemin de looser. Et effectivement ils n’ont pas tout à fait tort. Aux yeux du monde le chemin des béatitudes est un chemin de faiblesse. Il va totalement à l’encontre des principes du monde. Il est le chemin inverse des béatitudes mondaines qui exigent beaucoup de richesse et de force pour espérer gagner peut-être un peu de bonheur. Ceux qui méprisent ainsi le chemin des béatitudes que nous propose le Christ n’ont pas encore rencontré le Christ. Ils ne savent pas qu’il nous mène vers son Royaume.
Mais nous qui avons rencontré le Christ, nous voulons prendre ce chemin qu’il nous indique. Nous savons au fond que c’est le seul vrai chemin du bonheur. Nous voyons le mensonge du monde qui nous propose un chemin au fond impraticable et qui de toute façon, même pour ceux qui seraient assez forts pour le parcourir ne donne pas ce qu’il promet. Nous voulons prendre le chemin du Christ mais nous n’y arrivons pas. Nous voyons bien que le chemin des béatitudes est simple et facile et même qu’il est beau. Et cependant, nous échouons à le prendre. Nous échouons à accepter cette pureté d’un cœur qui se tourne tout simplement vers son Dieu.
Alors que faire ? Faut-il apprendre par cœur le texte des béatitudes et se les répéter tous les matins jusqu’à ce que ça rentre dans notre petite tête et surtout dans notre petit cœur ? Pourquoi pas ! Mais la solution n’est probablement pas là. Faut-il s’efforcer plus sur le chemin de la vie chrétienne par des exercices spirituels et des méditations ? Peut-être, mais la solution n’est pas là. Devons-nous augmenter les sacrifices et les pénitences ainsi que les actes de foi, d’espérance et de charité ? Certainement, mais là aussi, nous n’aurons pas encore pris le chemin des béatitudes.
Parce que le chemin des béatitudes demande un véritable changement de cœur. Il demande une révolution intérieure. Une manière totalement nouvelle de penser et de voir le monde, une manière totalement nouvelle de vivre. Alors, comment pouvons-nous transformer notre intelligence et notre cœur pour qu’ils comprennent vraiment et une fois pour toute ce chemin des béatitudes qui est si étranger à notre nature humaine ? Comment laisser l’esprit du monde en dehors de nos cœurs, comment se dépouiller de l’homme ancien pour revêtir l’homme nouveau ?
Peut-être que la question elle-même est très mal posée au fond ! Nous cherchons ce que nous devons faire et par là nous nous éloignons du chemin qui nous est tracé par les béatitudes. Nous cherchons à puiser dans nos propres forces les ressources nécessaires pour aller vers Dieu alors que justement les béatitudes nous invitent à laisser ce chemin-là et à avoir un cœur pur quine cherche que Dieu. ; à avoir un cœur de pauvre qui sait que ses forces sont petites ; à avoir faim parce que nous ne sommes pas rassasiés de nos propres forces.
« Frères, vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien : parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance. Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi… » Saint Paul s’adresse à ceux qui ont pris ce chemin des béatitudes et leur fait remarquer qu’ils sont misérables et que Dieu fait de grandes choses en eux ; que leur petitesse confond les grands ; que leur faiblesse confond les forts. Ainsi, « aucun être de chair ne pourra s’enorgueillir devant Dieu. » (1Co 1) Ainsi, personne ne pourra dire qu’il a obtenu le bonheur parce qu’il est plus fort ou plus intelligent. Non, bien au contraire, c’est lorsque nous acceptons la faiblesse qui est la nôtre – et quoique nous fassions, nous sommes bien faibles – c’est lorsque nous acceptons cette faiblesse que nous prenons justement le chemin des béatitudes.
Mais voilà, il ne suffit pas d’être faibles. Faibles nous le sommes, ne serait-ce que par notre incapacité à être humble. Il ne suffit pas d’être faible, il faut aussi se reposer sur la force de Dieu. Nous sommes choisis, non pas parce que nous sommes forts, mais parce que nous sommes petits. Mais nous sommes choisis pour nous reposer sur la force de Dieu. Nous ne devons pas nous étonner d’être faibles, mais nous reposer sur la force de Dieu. Et lorsque nous avons quelque victoire, nous ne devons pas nous penser forts, mais nous étonner de la grâce de Dieu qui agit en nous qui sommes faibles et lui rendre grâce.
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