« Me voici : envoie-moi ! »
Quand vous étiez enfants, vous avez surement assisté à la constitution d’équipes, pour un match de foot par exemple, où deux capitaines désignés (voire auto-désignés) choisissaient, l’un après l’autre, parmi un tas d’enfants agglutinés, les membres de leurs équipes respectives.
Dieu fait-il le capitaine de cour de récré pour choisir son équipe d’apôtres ? Pas tellement…Car Dieu ne choisit pas d’abord les meilleurs ! Car le capitaine de la cour de récré va d’abord choisir ceux qui joue le mieux au foot pour son équipe (à moins de manquer de stratégie…le but est tout de même de gagner le match !). Dieu ne fait pas comme cela. Il le montre tout au long de l’histoire. Ce ne sont pas d’abord des champions en rhétorique, philosophie, ou autres sciences à qui il confie des missions, mais plutôt à des petits, en apparence plutôt incompétents pour ce qu’il leur confie.
D’ailleurs tous ceux qu’il appelle ont d’abord, et avant tout, conscience de leurs faiblesses. Regardez le prophète Isaïe dans notre première lecture : « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures », Saint Paul dans la première épître aux Corinthiens : « Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l’avorton que je suis. Car moi, je suis le plus petit des Apôtres » et même Saint Pierre : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » Si tous cela se sentent indignes, nous avons un peu de marge question indignité.
Si nous pensons être sûr que nous sommes à la hauteur de la mission confiée par le Seigneur, c’est que nous ne le sommes peut-être pas. Nous présumons de nos forces. « T’as bien choisi Seigneur, sans aucun doute je suis l’homme, la femme, de la situation. » Le meilleur indicateur pour accepter une mission dans l’Eglise ? C’est se sentir incapable de la réaliser seul.
Car Dieu répond à chacune des prises de conscience de faiblesse que nous avons pointés en Isaïe, S. Paul et S. Pierre. Le Christ rappel toujours et sans cesse : « c’est moi qui vous envoi, pas vous tout seul ». « Sans moi vous ne pouvez rien faire », dit-il dans l’évangile selon S. Jean. S. Paul le dit autrement : « Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi. »
Dieu ne cherche pas des héros, il laisse ça aux réalisateurs de films et de séries américaines, il veut des personnes prêtes à collaborer avec sa grâce. Je ne dois pas attendre d’être parfait pour devenir disciple, c’est en devenant disciple que je me sanctifierais.
D’ailleurs frères et sœurs, nous faisons tout ce parcours de sanctification pendant la célébration de la messe. Remarquez à quel point ce que nous vivons en ce moment même est proche de l’expérience du prophète Isaïe et des apôtres. La célébration de l’eucharistie commence par une demande de pardon, nous reconnaissons que nous ne sommes pas dignes d’être en présence du Seigneur de gloire, comme Isaïe. Et Dieu, par miséricorde, nous rends capable de proclamer sa louange, c’est l’image du chardon ardent déposé sur les lèvres du prophète, il purifie. Dieu vient déposer cette braise sur nos lèvres à nous aussi ! Et puis nous écoutons sa parole, et lorsqu’il se rends présent sur l’autel nous chantons le chant que le prophète Isaïe entend dans le ciel : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire. » Ce sont les mêmes paroles ! Ce qui signifie que nous sommes rendus capable de faire la même chose que les anges autour du trône de Dieu ! Et à la fin de la messe, nous sommes envoyés « Allez dans la Paix du Christ », comme S. Pierre dans sa barque, « Va, et pêche des hommes maintenant ». Mais nous ne partons pas seul, puisque nous avons communié, le Christ est en nous, nous agissons par sa grâce pour réaliser ce qu’il nous demande. Nous ne sommes pas envoyés seul, ne comptant que sur nos talents, nos forces et nos capacités, mais avec lui.
Concrètement, comment faire pour agir selon la grâce et non selon ses propres forces ? Et bien préoccupons nous d’abord de Jésus. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut plus assumer son devoir d’état et ne faire que prier. Mais ma petite expérience montre que si nous négligeons le service divin, le reste ne fonctionnera qu’un temps. Il s’agit de donner une vraie place à Dieu, et de l’invoquer face aux obstacles, aux adversités, et aux décisions à prendre. Lui dédier un vrai moment dans sa journée, et ne pas le quitter pour le reste du temps dans nos diverses activités.
Alors rassurons-nous, si nous pensons que nous ne sommes pas un champion de la foi, ça tombe bien, nous sommes le profil idéal pour l’Esprit Saint ! Seigneur tu connais nos faiblesses, alors « me voici, envoie-moi ! »