À quoi ça sert de suivre le Christ ? Finalement, c’est une bonne question. Qu’est-ce que j’y gagne à être chrétien ? La question peut paraître intéressée. Et il faut bien l’avouer, même si on se la pose au fond, on la trouve probablement presque blasphématoire.
C’est la question que Pierre pose à Jésus. Et Jésus ne le lui en fait aucun reproche. « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre : Quelle sera donc notre part ? » Pierre est donc intéressé et il veut savoir ce qu’il va gagner.
Dans sa réponse, Jésus promet deux types de récompense. La première nous semble évidente : la vie éternelle. A ceux qui l’ont suivi et qui ont tout quitté pour le suivre, Jésus promet la vie éternelle, le paradis. Et il ne faut pas que nous perdions cela de vue. Nous allons au ciel. Nous les chrétiens, nous sommes citoyens des cieux. Là est notre grande récompense, là est notre espérance la plus profonde. Ce monde passe, mais il nous est réservé un monde meilleur.
Les moines qui à la suite de saint Benoît ont tout quitté le font pour manifester ce Royaume justement. Ils font vœux d’obéissance, de pauvreté et de chasteté pour dire au monde qu’il existe un autre monde qui vaut la peine qu’on sacrifie tout ici-bas. On travaille pour le monde qui ne passe pas et non pour le monde qui passe.
Mais la réponse de Jésus ne parle pas que du monde à venir. Il parle aussi de ce monde. A ses disciples, Jésus promet le centuple. « Celui qui aura quitté, à cause de mon Nom, des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre, recevra le centuple. » Et c’est vrai. Suivre le Christ c’est déjà recevoir dans cette vie. Parfois de manière étonnante. Le moine découvre qu’il a des frères dans son monastère. Le religieux découvre qu’il a des maisons prêtes à l’accueillir partout dans le monde et qu’il y est accueilli comme s’il était chez lui. Il ne possède rien mais il est partout chez lui. Et c’est vrai pour n’importe quel chrétien. Il n’y a qu’à voir comment nous sommes accueillis ici.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus d’obstacle pour le chrétien. La vie du chrétien n’est pas facile tous les jours. Mais elle est étonnamment habitée par la présence de Jésus qui rend cette vie belle. Les moines qui suivent la règle exigeante de saint Benoît ne sont pas des gens malheureux. Leur vie ne les rend pas malheureux. Au contraire. Ils savent vivre de l’essentiel et découvrent déjà dans ce monde la beauté et la joie de la vie éternelle.
Nous ne sommes pas tous des moines, c’est vrai. Mais, par notre baptême, nous avons renoncé au monde d’une manière ou d’une autre pour suivre le Christ. Nous le faisons parce que nous l’avons rencontré et que nous l’aimons. Et cette rencontre a changé notre vie. Nous avons l’assurance de la vie éternelle avec lui dans le monde d’après et, dès ici-bas, nous vivons de ce bonheur de vivre pour lui.
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