Un œuvre pas si difficile
12eme dimanche TO Prêché à la cathédrale de Saint Denis
J’ai une charmante petite filleule à Marseille, Maguelone, qui passe son temps, lorsqu’elle marche dans la rue à chanter des « Je vous salue Marie » à tue-tête. Sa maman, un gênée au début, a fini par la laisser faire…en se disant « en plus elle évangélise ! ».
Les enfants ont souvent cette candeur face à l’annonce de la Bonne Nouvelle, que les adultes perdent parfois. Nous nous faisons beaucoup de nœuds au cerveau. Les catholiques ont bien souvent peur, ou honte de dire qu’ils sont catholiques. On s’en excuse presque auprès de certaines personnes. Et même, on peut avoir l’impression que de le dire serait une offense à une conscience. Si c’est le cas, c’est que la conscience à laquelle vous vous adressé est tellement peu assurée de ses pseudo-opinions que vous pourriez la convaincre en quelques arguments…alors faites-le !
Pourquoi avons-nous honte parfois d’être catholiques ? Les récents scandales ? Peut-être…mais ça date de plus longtemps. Surement depuis que la pensée la plus commune de notre société s’éloigne de celle issue de l’Evangile ! Il est vrai que notre manière de vivre ressemble à celle de nos contemporains, tout en étant différentes sur certains points. Nous n’avons pas d’interdits alimentaires, mais nous cherchons à faire le bien et le vrai en tout. Et cela n’est pas tellement une pensée à la mode. Même quand un héros, tout récemment, se lève pour pratiquer ces vertus au nom de sa foi, cela met mal à l’aise nos contemporains, parce qu’il est catholique. Mais depuis quand dans l’histoire de ce monde, la pensée à la mode est la plus vrai et la plus maline ?...L’histoire montre que la mode, c’est ce qui se démode, tant pour les tenues que pour les idées. Une tradition éprouvée depuis des siècles a encore quelque chose à dire, sinon elle aurait disparu depuis longtemps, et cela doit être source de fierté, et non de gêne. Franchement, nous n’avons pas à rougir de nos trésors de penseurs, et de mystiques. Ne traitons pas trop vit de ringard une parole Eternelle. Ce n’est pas l’Evangile qui est d’un temps révolu, c’est nous qui sommes en retard sur lui !
L’actualité de cet Evangile se manifeste dans son annonce. Et une grande partie de cette annonce nous est confié. Le Christ a volontairement laissé une partie du champ pour la moisson, pour nous y impliquer. Il a parlé dans les ténèbres, pour que nous puissions proclamer dans la pleine lumière. De même que le Créateur nous demande de continuer son œuvre de Création, de même le Rédempteur nous implique dans son œuvre de salut. Nous avons une responsabilité directe dans l’annonce de la Bonne Nouvelle du salut. Cette œuvre n’est pas encore totalement accomplie, et il dépend de chacun d’entre nous qu’elle le soit. Il en va même de notre rapport intime avec le Christ. Ne pas se prononcer pour lui devant les hommes, nous expose à ce qu’il fasse de même à notre égard devant son Père. Autrement dit, parler de lui à d’autre fait partie intégrante de notre relation à Dieu. Ce n’est pas du chantage (« je parle pas de toi que si tu ne parles pas de moi ») c’est une véritable prise en considération de notre part active à la mission de salut réalisée par le Christ et communiquée au monde…par nous ! Nous sommes les canaux vivants du salut pour le monde. Ce n’est pas du chantage, c’est un honneur qui nous est fait.
Alors qu’est ce qui nous retient ? La peur de perdre une place, une réputation, des connaissances (on ne peut pas parler d’amis d’ailleurs dans ces cas-là), des représailles ? Le prophète Jérémie nous répond dans notre première lecture : « Mais le Seigneur est avec moi comme un héros puissant ». Je le crois cela ? Je le crois vraiment ? Si je fais passer ses intérêts à lui avant les miens, il s’en souviendra ? C’est une des clefs, s’appuyer sur la justice divine, lui connaît les cœurs et les reins.
Et en définitive, nous ne risquons pas grand-chose à annoncer l’évangile. Nous ne risquons plus (ou pas encore) la mort. Au pire c’est un déchainement de paroles virulentes d’un ou d’une hystérique, quelques railleries, des rires, rarement des coups (même si ces actes de violences contre les chrétiens augmentent dans notre pays). Dans la grande majorité des cas, c’est un peu de moquerie. Nous ne sommes pas en Egypte, où le seul fait d’être assis où vous l’êtes est un réel risque d’y laisser la vie. Et quand bien même nous risquerions la mort, ce n’est pas de cela que nous devons avoir peur. La seule chose qui doit nous effrayer c’est de ne pas être fidèle à notre filiation divine, de trahir notre baptême, de bafouer notre amitié avec le Christ. Le reste passera, et même souvent plus vite que l’on ne pense.
Frères et sœurs, nous vivons dans le monde et le Christ nous y envoie. Notre mission c’est de partager ce que nous avons de plus beau : l’Evangile. Ce n’est pas assurer la survie d’un groupe social, c’est d’abord d’annoncer à tous ceux à qui nous sommes envoyés, et sous de multiples formes, que le Christ est ressuscité et qu’il offre sa vie à qui la veut bien, avec toutes les conséquences que cela induits.
Pour cela nous avons besoin de la grâce de Dieu, car si notre relation à Dieu dépend de l’annonce que nous faisons de l’Evangile, la réciproque est tout aussi vrai : la justesse et la véracité de notre annonce dépendra de la qualité de notre relation à Dieu. Alors que cette liturgie soit un temps favorable de ressourcement intérieur et communautaire, qui en annonce d’autres dans nos maisons, pour que nous puissions repartir dans le monde, dans notre monde, en y apportant courageusement avec nous le Père, le Fils et l’Esprit Saint.
Amen.
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