Un jour nouveau se lève
« Il y eu un soir, il y eut un matin : premier jour », « Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. » Voici donc le premier jour du monde qui commence sous nos yeux. Le soleil s’est levé sur un monde changé ce matin, nous sommes sauvés, Christ est ressuscité !
Mais dans le passage d’évangile que nous avons entendu, personne ne l’a vu encore. Tous croient, et Jean en premier, à la vue du tombeau vide. C’est l’absence du corps qui suscite la foi, pas la vision du ressuscité. Cette œuvre divine de faire revenir le Fils d’entre les morts appel notre adhésion de foi. Personne n’a vu Jésus revenir à la vie, cela s’est fait dans la noirceur du tombeau fermé. On a vu le ressuscité par la suite, mais personne n’est témoin direct de l’acte même de la résurrection. Alors qu’il y a des témoins de sa naissance, par exemple. La plus grande œuvre du Père, s’est faite sous le manteau de la nuit, à l’abris des regards curieux et indiscrets, dans le silence et la moiteur d’un tombeau creusé dans la pierre.
Marie Madeleine, mue par sa charité envers Jésus, va faire cette forte expérience de foi face au tombeau vide. Et l’évangéliste nous donne quelques indices de cet état d’âme, par les détails des horaires et de la luminosité. La Magdaléenne s’en vient au tombeau de « grand matin » traduisons nous en français. Le mot utilisé par S. Jean est exactement le même que celui en Gn 1 : « il y eu un soir, il y eut un matin ». Et l’évangile précise qu’il y avait encore les « ténèbres ». En français nous avons deux mots distincts pour décrire l’état du ciel avant le lever du soleil : l’aube et l’aurore, et ils n’ont pas tout à fait le même sens. L’aube précède l’aurore. L’aube décrit le début du retour de la lumière, quand les ténèbres encore présentent commencent à se dissiper et l’on peut y voir mais pas encore distinctement. L’aurore renvoi à l’instant où les premières lueurs du soleil percent à l’horizon, juste avant le lever du jour. Par un jeu habile, saint Jean nous fait saisir que Marie Madeleine n’a pas encore vu le soleil se lever, elle le verra plus tard en retournant dans le jardin, quand elle aura se dialogue saisissant avec celui qu’elle prend pour le jardinier et qui n’est autre que son Seigneur. Marie Madeleine est plonger dans l’aube du salut, dans le temps qui précède juste les premières lueurs, dans ce temps d’entre-deux.
L’aube est paisible, les angoisses de la nuit se sont dissipées, bien que les ténèbres soient toujours présentes. Mais ce léger éclaircissement du ciel laisse présager l’arrivée du soleil invaincu, qui continu sa course malgré les ténèbres. Les oiseaux se mettent à chanter de nouveau, eux qui avaient fait silence pendant la nuit. Les bêtes bougent dans les fourrés, et les humains se réveillent de la torpeur de la nuit. Le monde vit à nouveau ! Cet instant de l’aube est par excellence celui des commencements de la vie.
Et pourtant, tout n’est pas clair à l’aube, on ne voit pas encore parfaitement, on ne fait qu’apercevoir, on distingue à peine le monde qui nous entoure. On sait que le soleil ne va pas tarder à se montrer, mais il n’est pas encore vraiment là. Il s’annonce ! C’est l’affaire de quelques minutes, mais l’aurore, puis le jour, n’ont pas encore fait leurs entrés triomphales. Il y a encore des ténèbres sur le monde. En suivant Marie Madeleine ce matin, nous sommes nous aussi aux premières loges de l’aube du salut. Nous avons vu les premières lueurs qui annoncent la fin de la nuit. Ces lueurs sont les récits de l’évangile que nous entendons, les apparitions du ressuscité, et la promesse de son retour. Tout cela change la couleur de notre ciel. Le monde est moins ténébreux, quand on espère le retour du soleil invaincu, le Sauveur, qui a promis qu’il reviendrait. Il n’est pas encore totalement présent, les ténèbres résistent encore dans ce monde, la clarté du salut ne les ont pas encore totalement dispersés. Notre espérance et notre foi nous disent qu’à l’Orient le jour se lèvera pour ne plus jamais laisser la place à la nuit.
En ce saint jour nous vivons une anticipation du jour nouveau qui ne connaitra pas de fin. Nous sommes encore dans l’aube avec Marie Madeleine, mais nous connaissons la suite de l’histoire, et cela nous donne de commencer à la vivre par anticipation. Nous sommes ressuscités avec le Christ. Et nous croyons qu’il reviendra dans la gloire, notre foi et notre espérance sont aussi fermes, que sorti de grand matin et regardant vers l’Est, nous attendons de voir les rayons du soleil déchiré la noirceur du ciel.
Pour certaines d’entres nous, ce jour nouveau est encore plus visible. Le baptême que vous allés recevoir mesdemoiselles, va vous donner de vivre pleinement cette attente du salut, en revivant ce que le Christ a vécu, mort et ressuscité par la puissance de son Père.
Frères et sœurs, plus de larmes ni de tristesse en ce jour, c’est la Pâques du Seigneur, il vit comme il l’a promis, qu’il soit béni ! Le soleil s’est levé sur un monde nouveau ce matin, que nos cœurs soient baignés de cette lumière qui nous sauve, et que nous ayons des têtes de sauvés !
Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour.
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