Pourquoi l’évangéliste s’évertue-t-il à nous faire la liste des noms des douze apôtres ? À quoi bon nous faire parvenir leurs noms ? Passe pour ceux qu’on connaît : Pierre, Jean, Jacques et même Judas… Mais les autres ? Et il faut bien l’avouer, peu d’entre nous seraient capable, même juste après la lecture de refaire la liste des noms des douze apôtres.
Et pourtant, saint Matthieu prend le temps, ainsi que les centaines de copistes après lui, de nous faire parvenir cette liste. Et c’est d’une importance capitale. Ils étaient douze à commencer à annoncer la bonne nouvelle, d’abord aux brebis perdues d’Israël pour ensuite l’annoncer au monde entier. Ils étaient douze et ce n’était pas n’importe qui. C’était Pierre et André son frère, Jacques, fils de Zébédée et Jean son frère… et ainsi de suite. C’est-à-dire, c’était des hommes bien concrets dont on connaît le visage. On sait de qui il s’agit précisément.
Et voilà bien un aspect essentiel de l’Évangile et du christianisme. L’anonymat n’existe pas. Notre foi repose sur l’incarnation du Fils de Dieu. Et cette foi nous est transmise par des hommes bien concrets, par des hommes qui ont un nom et un visage.
Ce visage est pur, comme celui de Jean, ce jeune homme qui repose sa tête sur le cœur de Jésus. Ce visage est abîmé par le soleil et les nuits passées à attendre que les filets se remplissent comme celui de Pierre et d’André. Ce visage est plein de larmes comme celui de Pierre qui se repent d’avoir renié son Seigneur. Ce visage est aussi ce visage de Judas l’Iscariote, qui s’est laissé ronger par l’avarice et le regret que le maître ne soit pas comme il faudrait.
En Jésus, Dieu nous a révélé son visage. Et c’est aujourd’hui à travers les apôtres que ce visage nous est transmis : à travers douze visages bien particuliers et parfois bien imparfaits. En entendant les noms et en regardant les visages des douze apôtres, c’est le nom du Christ que nous entendons et c’est son visage qui nous est révélé.
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