La liturgie de la Parole nous fait voyager dans le temps pour rejoindre la pensée et le cœur de Dieu : « Au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme » (Mc 10, 6) ; « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » (Gn 1,27). Pour comprendre le mystère de l’amour de l’homme et de la femme, nous avons à contempler leur origine : la sainte Trinité. Dieu n’est pas solitaire. Il est relation. Trois Personnes qui sont un seul Dieu dans des relations subsistantes. Non pas trois Personnes, les unes à côté des autres, mais trois Personnes qui demeurent les unes dans les autres. Le Père n’existe pas sans le Fils. Il se donne entièrement au Fils. Le Fils se reçoit du Père et se donne dans l’action de grâce filiale au Père. Le Père fait le Fils et le Fils fait le Père. Il n’y a pas de Père sans Fils ni Fils sans Père. Le va-et-vient entre le Père et le Fils, leur communication, leur partage, leur lien, leur communion, leur Amour, c’est la Personne de l’Esprit Saint qui fait l’unité au cœur de la Trinité.
Créés à l’image de cette relation, sans domination, dans l’égale divinité, l’homme et la femme participent à la circulation d’amour trinitaire. Leur relation manifeste cette relation trinitaire. Façonnés par amour et pour l’amour, l’amour de l’homme et de la femme brille au cœur de la création comme a plus haute épiphanie de Dieu. L’homme et la femme sont les seules créatures que Dieu a voulues pour elles-mêmes. Tout dans la création a été prévu par Dieu pour eux. Mais ils ne sont pas les propriétaires de la Terre. Locataires et gestionnaires des biens confiés, ils doivent rendre des comptes au Seigneur.
Appelés à devenir une seule chair et un seul esprit dans le Christ Jésus, l’homme et la femme participent au mouvement d’amour des trois Personnes divines. La Bible ne dit pas que les animaux deviendront une seule chair. Ils se reproduisent par instinct. L’union de l’homme et de la femme a été voulue comme un accomplissement intégral de leur humanité. Il arrive que les époux parlent de leur conjoint comme leur « moitié ». Cela peut sembler grand et beau mais le mystère de leur union dépasse des moitiés juxtaposées. Dieu le Père n’est pas la moitié du Fils et le Fils ne représente pas la moitié du Père. Ils sont Un.
Dans l’amour conjugal les époux deviennent « une seule chair ». « Le Verbe s’est fait chair », dévoile le Prologue de l’évangile selon saint Jean. La chair, l’humanité dans sa faiblesse, est aimée de Dieu. Le Fils de Dieu est devenu fils d’une femme de notre race. L’époux demeure dans l’épouse ; tout ce qu’il accompli est réalisé en union de cœur et d’esprit avec son épouse ; l’épouse œuvre habitée par son époux. Ils sont un.
Saint Paul parle du péché contre son corps (cf. I Cor 6,18). En effet, le corps étant la demeure de Dieu, l’homme et la femme qui vont à l’encontre de la volonté d’amour pour eux comme dans la prostitution, pèchent contre la vocation du corps, « contre la chair ».
Dans le sacrement du mariage, l’époux reflète l’amour de Dieu pour l’épouse ; l’épouse transmet la grâce du Christ à son époux. Dans l’union conjugale, les conjoints grandissent en grâce et en connaissance de Dieu. Ils deviennent sacrement et visage de Dieu l’un pour l’autre. En s’aimant, ils rencontrent Dieu.
Dans la prière sacerdotale, Jésus a prié : « Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi qu’eux aussi soient en nous » (Jn 17, 21). Jésus veut cette unité pour tous ses disciples. Dans le sacrement du mariage, les époux s’unissent en Dieu et ils tirent leur union de l’union des trois Personnes de la Trinité sainte.
En ce moment, des laïcs mariés participent au synode sur la synodalité à Rome. Dans la communication conjugale, les époux peuvent vivre « un mini-synode » en marchant ensemble à la lumière de la Révélation divine. Nous pouvons penser à Jésus ressuscité qui a rejoint les disciples d’Emmaüs sur la route. Véritable pédagogie divine où le Ressuscité marche en silence avec deux disciples tristes ; il se met à leur écoute en leur posant des questions ouvertes afin qu’ils expriment émotions et pensées. Ce n’est qu’après ce temps d’effacement et d’humilité que Jésus leur explique le sens de la mort du Messie à la lumière de Loi de Moïse, des prophètes et des Psaumes (cf. Lc 24, 13s). Cette longue catéchèse rend leurs cœurs brûlants.
Des couples avouent souvent s’ennuyer. L’idéal matérialiste du bonheur « argent et sexe » ne comble pas. Les conversations tournent souvent autour des événements extérieurs présentés par les médias : commentaire du commentaire à la place d’oser parler de leur moi profond. D’où l’importance de la Bible pour renouveler le contenu et le niveau des échanges.
Dans les Équipes Notre-Dame , les couples prennent rendez-vous dans une ambiance de calme et de prière pour aborder sans tabou ni agressivité l’invisible de leurs existences et surtout les non-dits présents dans toutes les relations, véritables bombes à retardement, gangrène qui se développe en détruisant l’harmonie, cellules cancéreuses qui se reproduisent jour et nuit et qui finissent par rendre malade le couple.
La synodalité met en lumière l’importance de se réunir avec d’autres personnes. Ce que l’on appelle l’amour se réduit parfois à un égoïsme à deux. Le couple gagne à participer à la réflexion sur leur amour dans des fraternités ou dans des équipes de couples. A l’image des arbres qui poussent mieux et plus vite quand ils sont plusieurs en forêt que tout seuls, le couple progresse davantage en se réunissant avec d’autres couples ou d’autres personnes. De jeunes couples font aussi montre d’audace missionnaire en quittant leur pays pour servir dans des pays pauvres au milieu d’une multitude de dangers.
La prière de bénédiction occupe une place importante dans la vie familiale. Par exemple, les couples peuvent prier ensemble en bénissant Dieu et en se bénissant au nom de Dieu. Ils peuvent prendre le temps pour passer des pensées négatives à dire du bien du conjoint. Parmi les exercices pratiques figure celui de dire dix qualités à son conjoint. Curieusement, il semble plus facile de trouver dix défauts que dix qualités !
Au terme de la journée, plutôt que de couper la télévision avec la télécommande ou d’éteindre l’ordinateur en disant « je suis fatigué », il est bon de prier ensemble avec la possibilité de faire le signe de la croix sur le conjoint et sur les enfants. De même, au réveil, la bénédiction avec le signe de la croix augure une bonne journée vécue en communion avec Dieu et avec les autres.
Tout croyant en Jésus est appelé à devenir comme les enfants dans la confiance en Dieu et la bénédiction envers ceux qui vous font du bien. Si je donne un bonbon à un petit enfant, il ne me dira pas merci mais en se tournant vers sa mère il dira du bien de celui qui lui fait du bien en lui offrant une sucrerie.
Les conjoints ont à se convertir pour sauver leur amour en suivant l’esprit d’enfance de l’Évangile, à ne pas confondre avec l’infantilisme. Parfois les épouses disent : « J’ai quatre enfants à la maison ; trois enfants et mon mari qui est comme un enfant ! ».
Que Jésus qui a embrassé et béni les enfants répande sa bénédiction sur nous tous, enfants de Dieu.
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