Je vous avoue que j'en ai marre ! J'en ai marre parce qu'on parle, on parle, mais en fait personne n'écoute. Pour préparer cette homélie, je voulais que ça pète un peu. C’est la rentrée du district quand même. Je me suis dit, de quoi est-ce que je vais leur parler ? De la sainteté ? C'est probablement le plus important. C'est pour ça qu'on est là. Ou bien vais-je leur parler de l'amour de Dieu ? de l'amour du prochain ? De l'engagement ? Du don de soi ?
Mais à quoi bon ? On en a déjà parlé mille et une fois ! Et personne n’écoute ! Bien sûr, tout le monde est bien élevé et attentif, mais une fois sorti de la messe, on ne fait plus un compte avec Dieu. Au fond, on s'en moque un peu de ce que Dieu nous dit. Je dis ça, ce n'est pas une accusation. Moi aussi, je me rends bien compte que j'ai beau depuis des années lire la Parole de Dieu, prier, et même prêcher. Mais quand je regarde au fond, moi non plus je n'écoute pas. Comment ça se fait qu'on soit si peu réceptif à la parole de Dieu ? À ce que Dieu veut de nous ?
Ce serait un monde merveilleux si tous ceux qui sont là réunis aujourd'hui dans cette église avaient en eux le feu de l'Esprit, s’ils étaient obéissants à ce que Dieu dit, à ce Dieu qui leur parle au fond du cœur, qui leur inspire de faire le bien, qui leur donne la force de le faire, qui démultiplie leur action pour qu’elle porte du fruit et un fruit qui demeure.
C'est un peu, vous savez, comme cette histoire de Jonas qu’on trouve dans la Bible. Jonas est un prophète de Dieu, c'est-à-dire celui qui parle au nom de Dieu, qui écoute Dieu et qui transmet sa Parole. Mais quand Dieu lui dit : « vas à Ninive et vas dire aux habitants de Ninive qu'ils se convertissent », que fait Jonas ? Il part dans l'autre sens. Il part pour fuir loin de Dieu parce qu’il ne veut pas écouter ce que Dieu veut.
Mais heureusement, Dieu ne l’abandonne pas même s’il est un peu coco dur. Que fait Dieu avec Jonas ? Il envoie la tempête sur la mer. Les flots se déchaînent, les vagues submergent le navire et les marins finissent par jeter Jonas par-dessus bord, dans l’abîme de la mer déchaînée.
On pourrait penser que Dieu punit Jonas de n’avoir pas voulu l’écouter. Mais non. Puisque Jonas refuse d’entendre, Dieu utilise la manière forte. Il lui envoie un poisson, une baleine, pour l’engloutir afin qu’il arrête enfin de faire la sourde oreille. Pendant trois jours et trois nuits dans le ventre du monstre Jonas va entrer en lui-même et va finir par écouter la voix du Seigneur et s’adresser à lui en retour. Voilà un bout de sa prière :
« À la racine des montagnes j'étais descendu, en un pays dont les verrous étaient tirés sur moi pour toujours. Mais de la fosse tu as fait remonter ma vie, Seigneur, mon Dieu. […] Du Seigneur vient le salut. » (Jo 2)
Et c’est peut-être cela que nous devons entendre et entendre pour de vrai aujourd’hui. C’est du Seigneur que vient le salut et de lui seul. Tant qu’on n’a pas compris cette réalité essentielle, on est comme Jonas en train de fuir Dieu. Et on aura beau faire tout ce qu’il faut : aller à la messe, prier, faire son heure route, avoir un nombre incalculable de badges sur le bras, ou même laisser pousser deux ailettes sur sa croix de promesse… on aura beau faire tout ce qu’on veut, on ne trouvera jamais que la tempête en nous même si on ne descend pas dans les profondeurs de notre âme pour y rencontrer Dieu.
« Ceux qui servent des vanités trompeuses, c'est leur grâce qu'ils abandonnent. » (Jo 2) dit Jonas dans sa prière. Il est entré en lui-même, il a découvert toute la vacuité de sa vie sans Dieu et enfin il comprend que rien ne pourra lui donner le bonheur qu’il cherche s’il ne prend pas le temps de rencontrer son Dieu et de mettre en pratique ses commandements.
Jonas est alors libéré par la baleine qui le recrache sur le bord du rivage. Il a pris des forces nouvelles pour accomplir sa mission au service des habitants de Ninive. Dieu va accomplir des merveilles grâce à lui.
Si vous voulez que votre année de scoutisme soit merveilleuse,
Chefs, préparez bien vos calendriers,
parents, soyez-y attentifs,
louveteaux, louvettes, guides et scouts, soyez prêts et généreux.
Mais tous, laissez-vous engloutir par la baleine qui vous oblige à lever les yeux vers ce Dieu qui ne vous oublie pas et qui parle dans l’intimité du cœur quand on accepte de ne pas s’enfuir dans la recherche des choses futiles et sans intérêt.