Doit-on avoir peur de Dieu ?
Lorsque Pierre, Jacques et Jean se retrouvent confrontés à la présence divine sur le mont Thabor, au jour de la Transfiguration, ils « furent saisis de frayeur ». Et ils ont bien raison. Pénétrer dans la présence divine est effrayant.
Lorsque Moïse s’approche du buisson ardent sur le mont Sinaï, Dieu lui demande de retirer ses sandales car dit-il : « Le lieu où tu te tiens est une terre sainte. » (Ex 3, 5) Puis, Moïse « se voila la face, car il craignait de fixer son regard sur Dieu. » (Ex 3, 6)
De même, lorsque le prophète Elie discerne la présence de Dieu dans « la voix d’un silence subtil » (R 19, 12) sur le mont Horeb, « il se voila le visage avec son manteau ». (R 19, 13)
Devant Dieu qui se manifeste, élie et Moïse ont ainsi une attitude qui témoigne du plus grand respect. Ils sont en présence de Dieu. La présence de Dieu impose un respect, une crainte respectueuse. C’est que Dieu est tout autre que nous. Bien qu’il soit l’ami intime de notre âme, il n’est pas un camarade.
Les disciples sur le mont Thabor font cette expérience. Ils connaissent Jésus et lui sont familier. Mais aujourd’hui, il leur manifeste qui il est. Il leur rappelle qu’il est « Le fils du Dieu vivant. » Il habite parmi nous certes. Il est homme comme nous, certes. Mais il est Dieu. Il est la présence du Dieu vivant dans notre humanité.
Après avoir entendu la voix du Père dans la nuée : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! », les disciples se retrouvent avec Jésus : « Il n’y avait plus que Jésus, seul. » Jésus seul, dépouillé de la gloire de sa divinité qui venait tout juste de se manifester aux disciples.
Ce Jésus à peine transfiguré inspire le respect aux apôtres qui « gardèrent le silence ». Ils ont fait l’expérience de la puissance du Très Haut qui réside dans le Christ. Cette expérience a été une expérience effrayante et belle à la fois. Ils ont découvert un peu plus qui est Jésus en le contemplant dans sa gloire. Mais ils ont continué à le suivre dans un quotidien qui n’avait pas changé.
Cette expérience des disciples sur le mont Thabor doit être la nôtre également. Il nous faut contempler le Christ dans la gloire de sa divinité en écoutant ses paroles comme nous y invite le Père. Si nous le contemplons, nous ferons nous aussi l’expérience profonde de sa présence divine. Cette expérience peut être effrayante et nous avons tendance à la fuir. Nous ne voulons pas toujours que ce Dieu Très Haut fasse irruption dans notre vie. Mais si nous écoutons ses paroles, alors nous nous retrouvons avec ce Jésus présent dans notre vie. Nous sommes remplis de sa paix profonde et de sa joie qui ne peuvent se dire que dans un silence semblable à celui des disciples après la transfiguration.
Si nous ne faisons pas l’expérience de cette rencontre nous sombrons soit dans la peur d’un Dieu lointain qui nous effraye sans que nous sachions trop pourquoi ; soit au contraire nous banalisons la présence de Dieu jusqu’à en oublier qui il est.
La présence de Dieu se respecte infiniment parce qu’il est le Très Haut. La présence de Dieu ne nous effraye pas, parce qu’elle se fait douce lorsque nous écoutons sa Parole qui nous remplit de silence et de respect.
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