Holywins 2025
Devenir saint et famille !
Des modèles, une foule de modèles, ils sont là sous nos yeux, proposés ce soir pour notre plus grande joie. On a nos préférés, nos chouchous, ceux qui ont connu les mêmes galères que nous, ceux qui ont vécu les mêmes joies ! Il y a des religieuses, des moines, des prêtres, des mères, des pères, des artisans, des enfants, ils sont d’ici et de très loin, d’hier et des temps anciens, bref : la famille !
Les saints sont pour nous une famille au ciel, une famille surnaturelle qui dépasse les liens du sang. C’est surprenant d’avoir autant de choses en commun avec des personnes qui ont pourtant vécu en des lieux et des temps si différents de nous. Il est tout à fait possible de sentir une profonde connivence, voire même une complicité avec S. Augustin en lisant ses « Confessions ». On peut trouver dans les écrits de la petite Thérèse les mots que l’on cherchait soi-même pour dire ce qui se passe en nous.
Une famille, et peut-être même : la famille ! En tout cas, celle-là, elle est éternelle ! Et elle est fondée sur un lien qui trouve son origine en Dieu seul.
Frères et sœurs, la communion des saints est une des plus belles grâces que le Bon Dieu nous a données. Je suis souvent triste que nos frères protestants s’en privent autant ! Nous ne nous trompons pas de Dieu, surtout pas ! Que personne ne prie S. Charbel comme source de ses guérisons, sinon il a perdu foi dans le Christ. Nous prions par l’intercession de ce moine libanais, parce qu’il est un serviteur du Dieu Unique et Trois fois Saint, et que la grâce a porté du fruit dans sa vie. À présent, il vit dans la gloire, le voilà plus près que nous de la source de toutes grâces. Il peut intercéder pour nous, demander avec nous, tout comme les anges le font.
Cette communion des saints est l’expression dans notre foi d’un principe très profond qui régit l’univers : le Créateur veut maximiser les relations entre les êtres. Comme lui-même est un être de relations, il a créé le monde dans le but de maximiser les relations au sein même de cette création et avec lui. Dans la nature elle-même, les vivants vivent en symbiose (littéralement « vie-ensemble »). Cela est d’autant plus vrai au plus haut niveau de cette création : entre les êtres humains, créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. La communion des saints, c’est l’expression la plus grandiose de la symbiose voulue par Dieu entre les vivants. Le Seigneur veut que nous demandions des grâces, les uns pour les autres, les uns par les autres. Parce que prier pour quelqu’un, demander pour quelqu’un, est un acte de charité. Quand je prie pour quelqu’un, je pose un acte d’amour envers cette personne. Et si je demande à Ste Thérèse de prier pour moi, je lui demande de poser à mon égard un acte de charité. Thérèse m’aime, et elle aime le Bon Dieu. Au nom de ce double amour, elle met un point de contact avec Dieu. Le point commun, c’est l’amour de Dieu. J’aime Thérèse et le Bon Dieu, Thérèse m’aime et aime le Bon Dieu, et le Bon Dieu m’aime et aime Thérèse. C’est assez maximal comme liens ! Il y a plus de liens que si je n’aimais que le Bon Dieu en tête-à-tête.
Je n’aime pas moins le Seigneur quand je m’adresse à ses serviteurs. Je l’aime d’autant plus que j’admire dans ses saints la grandeur de ses grâces. Dieu est bon, et la vie des saints en est pour moi le plus magnifique des témoignages. Ceux dont nous faisons mémoire tous en même temps en ce jour brillent par leurs vertus et leur abandon à la grâce. Ils en deviennent des modèles, des manières peut-être plus concrètes et atteignables d’imiter le Christ.

Les saints sont comme des grands frères et sœurs qui ont testé et découvert avant nous les bons plans et les écueils à éviter. Avouez que c’est la dimension la plus agréable de la famille : c’est que vous pouvez avoir devant vous des éclaireurs ! Votre grand frère a déjà goûté les brocolis et vous dit que ce n’est pas bon… Saint Augustin vous raconte sa jeunesse dissolue et il vous montre pourquoi cela le menait nulle part. Et à l’inverse, leurs expériences qui ont porté du fruit, nous pouvons les récolter. En réalité, leurs fruits sont les nôtres ! Comme les nôtres seront à ceux qui nous suivront. C’est le principe du fruit, frères et sœurs : il contient des graines qui elles-mêmes font des arbres, qui eux-mêmes font des fruits, qui contiennent des graines, et ainsi de suite ! Les expériences de prière de Ste Thérèse d’Avila ou de St Jean de la Croix sont les nôtres. J’entends : elles nous permettent de mieux comprendre les nôtres, qui ne sont pas aux mêmes degrés de mystique et de surnaturel. Et ce n’est pas ça qui est important d’ailleurs.

Fêter la Toussaint, c’est se réjouir de ce plan divin qui veut que nous devenions tous saints en famille ! Ma sainteté n’est pas seulement ma propre affaire. Elle n’est pas une excellence que je devrais gagner uniquement par force, travail, détermination, comme un corps musclé à la salle : no pain, no gain. Ma sainteté, je l’accrois en famille, dans une symbiose avec d’autres qui ont soit déjà atteint le but, soit avec qui je chemine encore.
L’avantage, c’est que nous avons des premiers de cordée qui nous hissent, pour que nous puissions à notre tour être un soutien pour ceux qui sont encordés avec nous.
Alors restons fervents dans nos prières, rendons toute gloire à Dieu pour cette famille au ciel, et demandons-lui la grâce de toujours en faire partie !