Je veux voir Dieu. Je veux connaître son nom. C’est le point de départ de cette histoire du peuple hébreux, esclave de Pharaon en Égypte qui va être sauvé par l’intermédiaire de Moïse. Le peuple des hébreux a crié sa détresse vers le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Mais il ne connaît pas encore grand-chose de qui est ce Dieu qui s’est révélé à ses pères. Il crie et attend le salut qui tarde.
Dieu a entendu le cri de son peuple qui monte de l’Égypte. Il approche alors Moïse dans le désert, sur le mont Horeb. Il l’attire à lui et le laisse le questionner sur son identité : « J’irai donc trouver les fils d’Israël, et je leur dire : Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous. Ils vont me demander quel est son nom ; que leur répondrai-je ? »
Dieu révèle alors son nom. Il révèle à Moïse qui il est. Il est celui qui est. Il est au-dessus de tout et il va intervenir pour sauver son peuple. C’est le point de départ de l’exode des hébreux vers la terre promise. Dieu, le tout puissant, lui d’au-delà de tout, entre dans l’histoire de l’homme parce qu’il a entendu le cri de sa détresse. Il vient le sauver et lui promet une terre nouvelle où il sera libre et pourra manger ce qu’il aura lui-même cultivé.
Dieu donne le salut en se révélant. C’est en connaissant le nom de Dieu que les hébreux commencent leur voyage. Parce qu’il ne s’agit pas simplement de les faire sortir des griffes de Pharaon pour aller en Canaan. Ce pèlerinage dans le désert va être pour les hébreux un chemin de conversion afin de pouvoir entrer dans la terre donnée par Dieu. Pendant 40 ans dans ce désert, ils vont devoir apprendre que leur Dieu n’est pas comme les autres dieux. Dépouillées de tout, ils vont devoir faire confiance et comprendre que leur Dieu est un Dieu sauveur. Dans le silence, ils vont écouter ce que Dieu leur dit.
Le chemin dans le désert est long pour les hébreux qui à plusieurs reprises vont se décourager et récriminer contre Dieu. Ils veulent entrer en terre promise. Ils veulent voir Dieu, mais le soleil brulant les accable et bat en brèche cette Alliance qu’ils ont faite avec Dieu.
Ils perdent alors de vu la promesse de la terre promise. Ils perdent de vu la présence de Dieu qui marche avec eux. Ils ne voient plus qu’ils mangent tous les jours un pain venu du ciel : la manne. Ils ne se rendent plus compte que leurs vêtements ne s’usent pas depuis des années au long des années qui passent. Ils ne se rendent plus compte que leurs pieds n’enflent pas.
Et alors, ils récriminent contre Dieu. Ils se mettent à désirer ce qui est mal. Ils se détournent de Dieu. Ils rompent l’Alliance avec ce Dieu qui leur a donné son nom. Ils ne veulent plus savoir qui il est. Ils ne cherchent plus à entrer en relation avec lui. Ils l’accusent de tous leurs maux.
C’est bien parce qu’ils ont perdu de vu le but de leur voyage – l’Alliance – qu’ils sont morts et que leurs ossements jonchèrent le désert. Et cela doit nous servir de leçon nous dit saint Paul. « Celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber. » Celui qui marche dans le désert du carême, qu’il ne perde pas de vue le but de son voyage : fragiles, nous marchons pour laisser derrière nous le péché qui nous enferme et recevoir de Dieu la liberté de ses enfants. Ce but, on ne peut l’atteindre qu’en vivant sur cette longue route avec le Seigneur qui nous accompagne. On ne peut entrer en terre divine qu’en faisant confiance à Dieu et en apprenant qui il est. Il nous a dit qui il est : « Je suis celui qui suis », nous avons à le découvrir.
Le voilà le but et le sens de notre vocation de chrétiens : « de partir et de porter du fruit, afin que notre fruit demeure. » (Jn 15, 16) Tous nous sommes pécheurs, pécheurs appelés à sortir de cette dynamique mortifère du péché pour entrer dans le salut que Dieu nous propose. Comme pour les hébreux, nous menons ce combat dans le désert. Comme eux, il nous faut ne pas perdre de vue ce qui est à la fois le début, le but et le moyen de notre voyage : La connaissance de l’amour de Dieu pour nous qui nous mène à l’aimer en retour et à aimer notre prochain. C’est le chemin du carême qui peut-être commence déjà à se faire long. C’est le chemin de toute la vie chrétienne.