Lazare, vient dehors !
5eme Dimanche de Carême, prêché à la rencontre des jeunes et des religieuses, aux Brises, La Montagne
« Lazare, viens dehors ! » c’est l’invitation et même l’ordre le plus beau, le plus profond, le plus existentiel que nous entendons dans l’évangile. Il résume en trois mots l’injonction suivante que Dieu fait à sa créature : « Lazare, mon ami, reviens à la vie, je ne t’ai pas fait pour rester dans ce tombeau. »
Quelques jours plus tard, c’est Jésus lui-même qui reviendra à la vie, et à la vie de la gloire cette fois-ci, pas seulement à la vie naturelle, comme c’est le cas ici pour son ami Lazare. Le Christ fait de cette résurrection de cet ami mort un témoignage pour tous ceux qui sont présent. Comme l’atteste ce dialogue bouleversant qu’il a avec Marthe : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »
Nous avons peut-être tellement entendu ces mots qu’ils ont perdus de leurs éclats et de leurs saveurs. Comme entendre des centaines de fois la même chanson finie par nous lasser…Mais juste un moment de lucidité, et laissons ces mots de Jésus nous impacter, nous impacter vraiment. Et surtout insérons nous dedans. Jésus nous dit « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; Crois-tu cela ? » Autrement dit : « Crois-tu que si tu crois en moi tu ne mourras pas ? » Mais pas juste Marthe, toi ! Là, présent en ce jour dans cette église, à qui je m’adresse, et le Christ par ma voix : le crois-tu vraiment ? Crois-tu que le Christ peut faire pour toi ce qu’il a fait pour Lazare ?
Le seul espoir de toute ma vie, et je le souhaite de la vôtre aussi, ce sur quoi repose chaque acte que je pose, c’est qu’un jour, après que je me sois couché dans la poussière d’un caveau, j’entende cette même voix qui me dise : « Etienne, viens dehors ! ». Le Seigneur me l’a promis par la bouche de son prophète, à moi comme à vous tous membre de son peuple : « Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter, ô mon peuple, vous saurez que Je suis le Seigneur, quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter, ô mon peuple ! » Dieu que je suis pressé de l’entendre cette voix ! Certains en plus que je la reconnaîtrai aux premiers sons articulés !
Ce qui augmente notre espérance qu’un jour le Seigneur nous appellera, comme Lazare, à sortir de nos tombeaux, ce que justement nous entendons déjà sa voix. « Entendre sa voix » aujourd’hui et ici, cela signifie que nous avons en nous son esprit. Nous pensons à Jésus Christ, nous le prions, et nous méditons et comprenons ce qu’il nous dit, et même nous communion à sa chair de ressuscitée. Autrement dit son esprit est en nous. N’est-ce pas ce que le prophète Ezéchiel avait annoncé ? « Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez » N’est-ce pas ce qu’explique S. Paul aux Romains, nous vivrons parce que nous avons en nous l’Esprit du ressuscité : « vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. »
Nous sommes déjà en contact avec cette vie. Et même plus que de manière spirituelle…Nous avons en nous plus que l’Esprit du Christ…dans quelques instants nous allons même recevoir son corps ! Et l’union que nous allons vivre ne sera pas seulement spirituelle, elle sera presque physique. Nous allons manger le Christ. Notre corps va recevoir le corps de gloire, il va comme commencer à réaliser ce qui se fera lorsque le Seigneur nous appellera de nos tombeaux.
Alors demandons au Christ la grâce de l’accueillir en notre esprit et en notre corps, pour que la voix du Verbe parvienne un jour à nos oreilles et nous invite à la rejoindre dans sa gloire.
« Lazare, viens dehors ! »
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