Dieu sans vague
19eme Dimanche du TO Prêché à l’église de Cambuston
Des tempêtes, du vent, des éléments de la nature déchainé…Nos lectures de ce jour nous décrivent une nature mouvementée qui sert de mise en relation entre Dieu et les Hommes. Pour le prophète Elie, Dieu fait comprendre qui il est en laissant passer un ouragan, un tremblement de terre, et du feu, pour finalement se manifester dans le « murmure d’une brise légère ». Et pour les disciples dans la barque, le Christ marche sur une mer mouvementé et calme la tempête.
Ainsi Dieu se révèle, il dit qui il est par le biais de sa création. Les éléments de la nature lui servent d’image, de signe pour expliquer au Hommes sa personnalité, sa manière d’agir. Et même, plus précisément, Dieu corrige les idées reçues que nous pouvons nous faire de lui. Pour bien comprendre ce qui arrive à Elie, on ne peut faire abstraction d’une autre révélation de Dieu sur une montagne, et qui est bine plus ancienne. C’est celle faite à Moïse au mont Sinaï. Et justement, le livre de l’Exode nous dit bien qu’à ce moment Dieu se manifeste dans l’ouragan, le tremblement de terre, et même le feu ! C’est d’ailleurs la représentation la plus naturelle que l’on se fait d’un Dieu Tout-Puissant. Les éléments naturels sont une manifestions de puissance, souvent terrifiante, qui ont de tout temps étaient interpréter comme divines. Or, avec Elie, Dieu franchit un pas de plus dans sa révélation, et même dans la pédagogie qu’il met en place. Il dit bien, je ne suis pas Tout-Puissant comme un ouragan, ou un tremblement de terre, ou du feu, je suis tout-puissant comme un murmure de brise légère. Et avec le Christ, il ira encore plus loin : « Je suis tout-puissant au point de marcher sur l’eau, et de mettre fin aux signes ». Car dans ce passage de l’évangile selon S. Matthieu, Jésus met fin au vent, qui pour Moïse et Elie étaient signe de la présence de Dieu. Ce qui signifie, qu’avec le Christ, il n’y a plus besoin de signe extérieur, c’est lui la présence de Dieu.
Mais pour atteindre cette révélation, l’Homme doit adopter une juste attitude, celle de la foi. Pour Elie comme pour Pierre face à Jésus, les deux textes nous en donne l’expression. Elie se couvre « le visage avec son manteau ». Le voile qui couvre la vue est une allégorie commune pour désigner la foi, croire ce n’est pas voir. Et Pierre, pour s’approcher de cette révélation du Fils de Dieu, doit lui faire confiance en marchant sur les eaux. La confiance est un synonyme de la foi. Donc pour entrer pleinement et saisir cette révélation de Dieu, nous avons besoin de la foi.
Par cette foi, Dieu corrige en nous nos idées reçues, nos petites représentations de Dieu. Entre Moïse, Elie et Jésus, Dieu ne se révèle pas de la même manière, et on observe une évolution qui suit une logique. Dieu change-t-il d’avis ? Ou de stratégie ? Pas vraiment, Dieu use de pédagogie avec les Hommes au cours des temps, pour préparer la venue de la plénitude de sa révélation : son Fils. Il se donne à voir de plus en plus nettement et précisément. Dieu se dit plus en Jésus Christ que sur le mont Sinaï.
Il peut facilement nous arriver à nous aussi de souhaiter voir plutôt le Dieu de l’ouragan, des tremblements de terre et du feu (surtout contre nos ennemis), ce Dieu qui manifeste de manière grandiose sa puissance. C’est aussi cette représentation qui nous fait désirer sans cesse des miracles. Dieu fait des miracles, mais ce n’est pas sa manière habituelle d’agir, et on ne peut l’exiger de sa part. On peut toujours prier pour une guérison ou l’amélioration d’une situation. On a souvent l’impression que Dieu est plus Dieu quand il fait des choses extraordinaires, alors que la logique de sa révélation progressive se termine par un homme qui monte dans une barque. On voudrait le Dieu qui marche sur la mer, et il ne nous reste que le charpentier qui monte à bord d’un bateau…
Si nous apprenions à laisser montrer ce charpentier à bord de nos barques secouées par les tempêtes, surement nous découvririons qu’il est aussi le Tout-Puissant qui fait fumer les montagnes. Dieu se révèle d’abord par de petites choses insignifiantes, là où ne l’attendons pas, là où on ne le cherche pas. Nous sommes très (trop !) souvent passé à côté de Lui sans même le remarquer, alors que Jésus nous a enseigner comment il nous faut le chercher. Alors pas de rêve de grandeur, la gloire nous sera donnée en plénitude dans le Royaume, soyons bien plutôt attentif à l’insignifiant. Car Dieu fait taire la tempête pour venir habiter parmi les siens.
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