Lorsque je mets du bicarbonate dans du vinaigre blanc, il se produit une réaction chimique très visible sous la forme d’une mousse effervescente.
Lorsque la plante est exposée au soleil, elle grandit et donne ses plus belles fleurs.
Lorsque je rencontre quelqu’un de profondément joyeux, se produit en moi une certaine forme de joie. Ou inversement une personne en colère suscite en moi, même sans que je m’en rende compte, une certaine forme de colère.
Bref, ce qui nous entoure suscite en nous des réactions lorsqu’on est mis en contact avec ces diverses réalités. Et bien, c’est aussi ce qui se passe à un niveau beaucoup plus profond de notre être lorsque nous sommes mis en contact avec Dieu. La contemplation du mystère divin et sa présence suscite des réactions en nous qui nous transforment de l’intérieur, et ce, parfois, même sans que nous nous en rendions vraiment compte.
Il nous faut donc entrer en contact avec Dieu si nous voulons être transformés. Et c’est justement pour cela que Dieu s’est fait homme et qu’il a partagé notre vie. Il est venu pour que nous puissions le connaître et réagir à sa présence. Il est venu pour que nous le connaissions. On dit qu’il se révèle à nous. Et cette connaissance de Dieu nous fait réagir. Il est venu pour agir dans notre vie par sa présence qui elle aussi ne nous laisse pas indifférents. Pour le dire autrement : Dieu nous parle pour que nous puissions l’entendre mais aussi lui répondre. Il nous dit plus que des mots, il nous donne son mystère à contempler pour que nous puissions lui répondre non pas par des mots, mais en entrant dans son mystère.
L’Évangile d’aujourd’hui nous montre cependant une tentative ratée de ce contact avec Jésus qui peut par contraste nous faire comprendre ce à quoi nous sommes vraiment appelés.
Les apôtres Jacques et Jean viennent trouver Jésus. Ils cherchent ce contact avec lui. Mais leur compréhension de qui est Jésus est biaisée. Ils se font une mauvaise idée de qui il est. En lui demandant d’agir en eux en leur donnant la première place auprès de lui, les fils de Zébédée montrent qu’ils n’ont rien compris. Malgré les longues heures de marche avec Jésus dans la Judée et la Galilée, ils ne savent toujours pas qui il est. Leur demande tombe alors à côté : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. »
Les deux disciples ne réagissent pas à l’action et à la présence de Jésus mais à l’idée qu’ils se font de lui. Ils réagissent à leurs propres instincts et désirs de puissance et non pas à la présence de Dieu. Leur prière vient d’en bas, de leur esprit charnel. Et d’ailleurs cet esprit charnel créé alors la division avec les autres apôtres. Signe que cela ne vient pas de Dieu. Leur prière ne vient pas d’en haut, du Christ, comme une réaction à sa Parole d’amour. Elle n’est que l’expression d’eux-mêmes.
Jacques et Jean ne savent pas ce qu’ils demandent parce qu’ils ne savent pas qui est Jésus. « Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions. » (Jc 4, 2) dit saint Jacques. Ils ne demandent pas comme il faut parce qu’ils ne réagissent pas à Jésus mais à l’idée qu’ils s’en font. Jésus n’est pas un maître qui distribue des récompenses à des serviteurs fidèles qui seraient alors devenus ses chouchous.
Jésus est le Dieu d’amour qui, au-dessus de tout, s’est abaissé. Il est venu pour recevoir son baptême en étant plongé dans la mort. « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ? » Voilà ce que le Christ propose à ses disciples. Non pas la première place, mais la place qu’il a choisie pour lui-même : la place du serviteur. « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
Il n’y a pas de prière véritable qui ne vienne pas d’abord de Dieu qui nous parle et qui suscite en nous une réaction à son amour. Il n’y a pas de prière véritable sans entrer dans ce mystère du Christ qui donne sa vie pour nous et nous invite à notre tour de devenir serviteur comme lui est serviteur. Il n’y a pas de prière chrétienne sans être plongé dans le baptême du Christ, c’est-à-dire sans embrasser la croix.
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