Si nous devons en un mot résumer ce qui fait la vie d’un religieux, d’une religieuse, je crois que le mot « donné » est tout à fait adéquat.

Donné d’abord parce que le religieux donne sa vie au Christ et à l’Eglise. Il aurait pu faire autre chose. Il aurait pu fonder une famille et avoir un travail. Et cela aurait été bon. Mais, parce que le Seigneur l’a appelé, il a préféré donner tout cela pour une mission différente. Le religieux donne sa vie dans son monastère ou dans son couvent. Il donne sa vie à Dieu en se mettant à sa suite par les vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Mais il donne sa vie également pour l’Eglise et cela, chacun selon sa vocation propre. La moniale en intercédant pour le monde. Le prêcheur en prêchant…

Mais plus encore, c’est toute sa vie que le religieux donne. Il ne s’appartient plus et appartient à Dieu. Et en cela, il montre que tout chrétien, que tout homme, est appelé à vivre de l’amour de Dieu. Il montre que nous ne sommes pas faits pour vivre la vie que le monde propose, mais nous sommes faits pour la vie éternelle.

Mais donné a un autre sens également. Le religieux est donné parce que le Père nous a donnés à son Fils. Voici la prière de Jésus à son Père avant de mourir pour notre salut : « Père, ceux que tu m’as donnés. » (Jn 17, 24) Nous avons été donnés par Dieu à son Fils bien aimé et cela est pour nous source de joie immense et d’espérance sans borne. Nous ne nous appartenons plus, mais nous appartenons au Christ !

Voilà pourquoi aujourd’hui nous fêtons nos frères et sœurs défunts. Ils sont ceux qui avant nous ont donné leur vie. Ils sont ceux qui comme nous appartiennent au Christ et qui contemplent sa gloire conformément à la volonté du Christ : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. » (Jn 17, 24)