Mes frères, je suis très préoccupé par l’état du monde. Notre économie s’effondre et notre Europe est au bord de la guerre. Mais plus préoccupant encore, je trouve que les gens sont fatigués, voire même dépressifs. Les gens vont mal dans un monde qui a perdu le sens de Dieu et donc, logiquement, le sens de la vie…
Mais au fond, ce qui me semble vraiment préoccupant, c’est le regard que nous chrétiens nous posons sur ce monde en décadence.
D’abord, je m’étonne que l’état du monde nous étonne. Comment est-il possible que nous soyons étonnés qu’un monde qui a refusé Dieu se retrouve à l’état de ruine humaine et spirituelle ? Rien d’étonnant pourtant. Dieu étant absent, l’homme se désagrège.
Mais surtout, je m’étonne que nous chrétien n’ayons pas un regard différent sur ce qui se passe. Le constat, nous sommes beaucoup à le faire. Nous sommes nombreux à nous rendre compte que le monde est mal en point. Nous les chrétiens, nous devrions être capable de savoir que c’est normal. Mais surtout, nous devrions avoir un regard différent posé sur ce monde.
« Seigneur, le monde entier est devant toi comme un rien sur la balance, comme la goutte de rosée matinale qui descend sur la terre. Pourtant, tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. » (Sg 11) Voilà le regard que Dieu pose sur le monde et qui doit être le regard que nous posons sur le monde. Le monde n’est rien, mais il est aimé de Dieu. Il n’est rien, mais il vient de Dieu et dans son néant, il est beau parce qu’il reflète quelque chose de l’amour de Dieu. Et parce qu’il est aimé de Dieu, il est appelé à un renouvellement profond, parce que Dieu peut tout.
Dans ce monde en décadence, Dieu suscite des créatures à lui pour venir le renouveler. Et ces créatures, c’est nous. « Frères, nous prions pour vous à tout moment afin que notre Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé ; par sa puissance, qu’il vous donne d’accomplir tout le bien que vous désirez et qu’il rende active votre foi. » (Th 1)
Dans un monde beau et bon qui s’égare, les chrétiens ne sont pas appelés à se lamenter, mais à répondre à l’appel de Dieu d’être des ferments qui restaurent la création pour qu’elle rende gloire à Dieu. Voilà notre mission. Et cette mission n’est possible que si nous avons confiance que le Seigneur qui nous appelle agit par nous. Il le fait bien souvent dans une réalité difficile. Le chemin est étroit et non pas large comme celui qui mène à la perdition. Nous le savons, la route est dure et longue. Elle nous demande d’être bien ancré dans ce monde mais d’avoir le cœur ouvert comme le signifie le bâton des routiers. Elle nous demande de la force d’âme et de volonté comme le manifeste la hache avec laquelle le routier fait son départ. Être chrétien, être routier, c’est pour les hommes !
Un regard d’espérance sur le monde ! Il est bon et Dieu veut le restaurer. Pour cela il nous a appelés à travailler à sa vigne. Et ce que Dieu veut, il le rend possible par sa grâce.
Ce regard d’espérance sur le monde, nous ne l’aurons que si d’abord nous sommes capables de poser un regard d’espérance sur nous-même. Regardez Zachée. Je crois que c’était un homme sans espérance sur le monde. Les romains avaient tout envahit. Le peuple n’était plus fidèle à la présence de Dieu au milieu de son Temple. Tout foutait le camp ! Et Zachée s’est désespéré et a lui aussi pris le parti d’en profiter. Il a donc collecté les impôts pour les romains. Sans conviction aucune. Par désespoir, tout simplement.
Il était donc riche et puissant. Mais cela ne lui convenait pas parce qu’il était appelé à plus. Il était appelé à restaurer ce monde à sa manière. Il s’est donc mis en marche et a rencontré Jésus qui a changé sa vie. Mais voilà, il ne pouvait pas l’approcher. Il était petit de taille. Il était devenu petit dans ses ambitions de changer le monde. Il avait laissé la fougue de sa jeunesse pour qui tout est possible s’estomper pour s’installer dans la richesse du désespoir.
Le désespoir du monde l’avait éloigné de Dieu et il avait perdu toute dignité. Mais tel n’est pas le regard que Jésus pose sur Zachée. « Zachée, descends vite : aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Et Zachée est descendu. Et Jésus est entré dans le Temple de sa maison. Et Zachée a été restauré dans sa dignité de fils de Dieu.
L’appel de Dieu nous restaure. L’appel de Dieu restaure le monde. Ceux qui répondent à l’appel de Dieu entrent avec lui dans le monde pour lui redonner vie. « Voici Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »
Tout part de la rencontre avec Jésus et de l’accueil de sa Parole. Sans cela, il n’y a pas d’espérance pour ce monde parce qu’il n’y a pas d’espérance pour nous même. Mais lorsque nous avons compris que le Christ nous sauve et nous relève et qu’il fait de nos cœurs en ruine des cœurs capables d’aimer, alors nous pouvons relever le défi de poser un regard d’espérance sur le monde et de lui venir en aide en étant nous-même des témoins de cette espérance.
Alors mes frères, laissons de côté tout souci du monde. Allons à la rencontre du Seigneur Jésus, nourrissons-nous du pain des routiers qu’est l’Eucharistie, et fort de l’espérance que Dieu nous aime et nous restaure, marchons ! Marchons pour restaurer partout l’amour de Dieu et de nos frères.
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