« Le premier jour du christianisme »
Solennité de l’Annonciation du Seigneur
jevismafoi.com ; 25 mars 2023.
Fr. Manuel Rivero O.P.
La Vierge Marie est la première chrétienne. Par sa foi, le Fils de Dieu naît d’abord dans son cœur et ensuite dans son sein maternel. La fête solennelle de l’Annonciation représente la naissance du christianisme. Une nouvelle étape de l’histoire de l’humanité advient à Nazareth quand Marie dit oui –« fiat »- à la demande de l’archange Gabriel. C’est le premier jour de l’ère chrétienne.
L’attitude de Marie nous introduit dans le mystère de la prière. Nous voulons apprendre à prier. Combien de fois j’ai entendu en tant que prêtre : « Est-ce que vous pouvez me donner une prière ? ». La prière commence dans le cœur de Dieu qui prend l’initiative de dialoguer avec nous. Le grand protagoniste de la prière, c’est l’Esprit Saint. Nos mots et nos gémissements ne sont qu’une réponse au contact de Dieu. La prière nous fait sortir de notre petit monde psychologique pour atteindre des hauteurs divines. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus l’avait bien compris quand elle voyait en Jésus l’ascenseur qui l’élevait vers Dieu le Père.
La fête de l’Annonciation est une fête christologique et mariale, une célébration conjointe du Christ et de la Vierge. Tout d’abord elle nous révèle la volonté du Fils de Dieu qui demande à Marie de le recevoir dans son humanité pour devenir homme en elle et par elle. Mystère et grâce du commencement du Salut.
Habitués à l’individualisme et à penser notre existence à partir de nous-mêmes et pour nous-mêmes, nous prenant souvent pour le centre du monde, il nous est difficile de saisir l’ampleur universelle et cosmique de l’événement de l’Incarnation, origine de la nouvelle création. Saint Bernard (+1153) a magnifiquement mis en scène l’Annonciation : « Tu l’as entendu, ô Vierge : tu concevras un fils, non d’un homme -tu l’as entendu- mais de l’Esprit Saint. L’ange, lui, attend ta réponse : il est temps pour lui de retourner vers celui qui l’a envoyé. Nous aussi, nous attendons, ô Notre Dame. Accablés misérablement par une sentence de condamnation, nous attendons une parole de pitié. Or voici, elle t’est offerte, la rançon de notre salut. Consens, et aussitôt nous serons libres[1] ».
La réponse positive de Marie fait de cette femme juive une bénédiction pour toute l’humanité : « Vous êtes vraiment bénie parmi les femmes, puisque vous avez changé la malédiction d’Ève en bénédiction[2] ».
C’est pourquoi Marie est-elle appelée « nouvelle Ève », la femme nouvelle, figure de l’Église, la nouvelle création. Si la méfiance d’Ève avait été cause de mort, la confiance de Marie apporte la bénédiction aux descendants d’Adam.
Et le Verbe prend chair en cette jeune fille intelligente et fervente. Le Fils de Dieu fait sa demeure dans son sein virginal. Marie devient la nouvelle Arche d’Alliance, lieu caché de la présence divine. Le péché avait déchiré les liens qui unissaient Dieu à son peuple Israël. La foi aimante de Marie tourne la page du malheur pour vivre une nouvelle et éternelle alliance. Dieu vit en Marie, au milieu de son Peuple, au cœur de l’humanité.
L’humanité quitte la honte et le monologue culpabilisant pour vivre un dialogue de vérité et d’amour avec Dieu. L’Annonciation brille comme un sommet du dialogue entre Dieu et l’humanité. Marie représente la réussite de Dieu et la nôtre dans la soif réciproque de communication et de communion. Dieu et l’humanité parviennent enfin à l’union dans la liberté, la raison et l’amour. La foi de Marie est bien cela : intelligence du mystère de Dieu, liberté dans la réponse et don d’elle-même par amour.
Dieu s’exclame : « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21,5). L’Église exulte d’allégresse. Grâce à la foi de Marie, les pécheurs accèdent au salut. L’humanité défigurée par le mal et attaquée par le malin retrouve la grâce, la lumière et la beauté voulues par le Créateur au commencement du monde.
Merci Père très bon d’avoir envoyé ton propre Fils dans le monde pour notre salut.
Sois louée très sainte Vierge Marie pour ta foi et pour ton amour maternel envers nous, pauvres pécheurs. Dans ta miséricorde intercède pour nous en ce Carême afin que nos vies soient tournées vers Dieu, détournées du mal, et orientées vers le pardon, le partage et le service. Amen.
[1] Saint Bernard de Clairvaux, Sermon sur les louanges de Marie.
[2] Saint Sophrone, Sermo 10 in B.V. Annunciat. 22.
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