Mais où sont donc les prophètes et les apôtres qui vont de ville en ville en sandale et avec un simple bâton à la main et qui annoncent la Parole de Dieu en guérissant les malades et en expulsant les démons ? Où sont donc ses douze hommes qui n’étaient que des petites gens et qui ont pourtant transformé le monde de leur temps de manière absolument incroyable ? Il y a-t-il aujourd’hui l’équivalent dans notre monde qui en aurait pourtant bien besoin ? L’Esprit Saint aurait-il disparu et ne soufflerait-il plus sur notre monde comme s’il manquait de vigueur et qu’il s’était essoufflé ?
Non, l’Esprit Saint ne s’essouffle pas ! En revanche nous avons cette fâcheuse tendance à ne pas répondre à l’appel de l’Esprit et à stériliser son action en nous.
C’est d’abord du côté des apôtres que nous trouvons cette difficulté à entendre l’Esprit. Partir sans rien d’autre qu’une tunique, une paire de sandales et un bâton demande un lâcher-prise et un don total que nous avons du mal à accepter, et même parfois du mal à comprendre. Pourquoi faudrait-il tout laisser ? Ne pouvons-nous pas prendre une petite bourse au cas où ? N’est-ce pas de la prudence que de bien gérer les affaires ? Ne devons-nous pas bien entendu faire en sorte d’avoir des institutions fortes et solides ; pour le bien du royaume de Dieu évidemment ?
Mais si nous regardons bien, ce n’est pas ce que le Christ demande à ses apôtres. Il leur demande d’aller sans rien sur les routes et les chemins, d’être accueillis chez des inconnus en échange de leur donner la vie éternelle. Et le Christ est exigeant avec ceux qu’il choisi pour être ses apôtres et pour annoncer son Royaume au monde. Il exige de nous qu’on prenne notre croix et qu’on le suive. Il exige qu’on renonce à nous même.
Il manque d’apôtres mais pas que. Il manque également d’oreilles pour entendre la parole des apôtres, pour entendre la Parole de Jésus. Lorsque Jésus lui-même se rend dans sa ville de Nazareth, il ne peut pas y faire de miracle à cause du manque de foi de ses compatriotes. Jésus lui-même ne peut rien pour ceux qui ne veulent pas croire en lui. Si nous avons parfois l’impression qu’il n’y a plus d’apôtres, c’est parce qu’il n’y a pas la foi pour entendre leur parole. Nos contemporains ne veulent pas croire en un sauveur qui appelle à la conversion du cœur et à la repentance. Ils préfèrent un dieu fabriqué par eux-mêmes qui leur promet un peu de confort et un semblant de liberté.
L’Évangile du jour nous pose une vraie question que nous ne devons pas mettre de côté et qu’il nous faut affronter. Suis-je prêt à écouter le Seigneur et à entendre ce qu’il veut de moi. Suis-je prêt à ce qu’il me dise : « Va, vends tout ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, puis, viens et suis-moi ? Suis-je prêt à ce que Jésus me demande de laisser de côté telle ou telle chose qui me semble si essentielle ? Est-ce que je lui fait confiance jusqu’à ce point ?
Ou peut-être suis-je comme Amazias, le prêtre de Bethel qui demande au prophète Amos de ne pas prophétiser dans ce lieu ? On comprend bien pourquoi. Bethel était un sanctuaire royal dont il ne fallait pas perturber l’ordre établi par le roi.
Mais Bethel veut dire « Maison de Dieu ». Elle était devenue un sanctuaire royal. Là où l’Esprit de Dieu devait seul habiter, on en chasse le prophète Amos qui parle au nom de Dieu parce qu’il ne faudrait pas que Dieu dérange l’ordre établi par le roi au nom de ce même Dieu, dans sa propre maison. Comment Dieu pourrait-il parler si on le chasse de sa propre maison parce que ses paroles ne nous plaisent pas ?
Il est facile de se plaindre que l’Esprit semble faible. Nous nous demandons parfois ce que fait Dieu dans ce monde qui a tellement besoin de lui. Mais peut-être que c’est surtout l’occasion de nous demander si nous sommes prêts à laisser Dieu agir en nous à sa manière et non pas selon le plan que nous avons établi. Ce n’est qu’en laissant l’Esprit agir en nous comme il le veut que nous serons purifiés et qu’à travers nous le monde sera sauvé.
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