« Descente aux enfers »
Jésus a été conduit au désert par l’Esprit Saint pour affronter la tentation du diable. Est-ce possible ? Pourquoi chercher la rencontre avec le Malin ?
Jésus a affronté le Diviseur, pour nous. Il a voulu partager nos épreuves, nos tentations, pour les vaincre, pour nous, avec nous, pour notre libération.
Ce combat contre le diable, Jésus l’a mené au désert, là où il n’y a rien. Soif le jour, froid la nuit. Solitude, silence, absence d’amis, mais présence de Dieu le Père.
Jésus a vaincu le mal par le bien. Les anges le servaient sans angélisme. « L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête », écrit le philosophe Pascal.
Affronter le diable équivaut à affronter la mort que Dieu n’a pas créée. La mort est entrée dans le monde par la jalousie du diable (cf. Sagesse 2, 24). Jésus est venu la vaincre par la puissance de sa résurrection (1 Cor 15, 26).
Le péché conduit à la mort. En allant au désert pendant quarante jours, Jésus a sanctifié le combat spirituel des hommes. Saint Paul s’exclamera : « Ce n’est pas moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal 2, 20). Nous pouvons appliquer cet enseignement au combat spirituel : « Ce n’est pas moi qui combats le diable, c’est Jésus qui le combat en moi ».
L’existence chrétienne n’est rien d’autre qu’une vie avec le Christ ressuscité, dans la vie et dans la mort.
Le Pape François demande aux chrétiens de ne pas dialoguer avec le diable, « trop malin ». Jésus a dialogué avec Satan aux discours déformés et manipulateurs. Dans la tentation, nous avons à dialoguer avec Jésus pour lui demander son aide comme les priants le font au début de chaque office liturgique : « Dieu, viens à mon aide. Seigneur, viens vite à mon secours ! ».
Dans la deuxième lecture de ce premier dimanche de Carême, l’apôtre Pierre rappelle aux chrétiens que Jésus est mort pour les péchés, et qu’il est allé aux enfers annoncer aux prisonniers de la mort, qui l’attendaient avec foi, sa victoire sur la violence, l’aveuglement et les puissances de mort.
Origène, grand théologien (+253), explique ce qui s’est passé en Jésus au moment de sa mort : « Ayant voulu sauver tout l’homme, le Sauveur avait pris un corps, une âme et un esprit : ces trois éléments ont été séparés au moment de la Passion et, au moment de la Résurrection, ils ont été réunis. Dans la Passion, ils ont été séparés : comment ? Le corps dans la tombe, l’âme dans les enfers, et l’esprit, il l’a remis entre les mains du Père ».
Le cadavre de Jésus a été déposé dans le tombeau préparé par Joseph d’Arimathie. L’âme humaine de Jésus a rejoint les âmes des défunts qui espéraient la libération de la mort depuis le commencement du monde. L’esprit de Jésus restait en communion avec le Père sans que la mort puisse l’anéantir.
Au diable, Jésus oppose la puissance de sa Parole. Sur la croix, Jésus dialogue avec le bon larron à qui il ouvre les portes du Ciel. Avec son Père, Jésus n’interrompt jamais son dialogue d’obéissance et d’amour. Il était sorti du Père, Jésus remet son esprit entre les mains du Père, la mission de salut pour l’humanité étant accomplie sur le Calvaire.
Prier c’est dialoguer avec Dieu comme un ami parle à son ami, dans la confiance et l’amour.
Pendant le Carême, les chrétiens dialoguent plus que jamais avec Jésus, de manière à vaincre les tentations par la force de son Esprit Saint.
Si le péché laisse un avant-goût de mort ; le pardon des péchés fait savourer, dès à présent, la vie éternelle déjà commencée.
Que se passera-t-il au moment de notre mort ? Notre dépouille mortelle ira au tombeau ou à la crémation, mais notre esprit, « capax Dei », « fait pour Dieu et capable d’accueillir Dieu » ira dialoguer pour toujours avec Jésus. Non pas repos statique éternel mais dialogue éternel d’intelligence et d’amour.
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