Il est marquant que Jésus reproche souvent à ses interlocuteurs leur hypocrisie. Le mot hypocrite est utilisé 17 fois dans les quatre évangiles confondus. C’est que Jésus y accorde une certaine importance.

Cette fois-ci, les pharisiens sont ainsi montrés du doigt alors qu’ils veulent respecter la Loi de Moïse, et pas n’importe lequel des commandements mais le troisième commandement du décalogue : « Tu sanctifieras le jour du Seigneur. »

Et c’est là que Jésus leur fait son reproche. D’abord, quand il s’agit des autres, les pharisiens sont prêts à juger durement à partir de l’application ou de la non application du précepte. Mais pour eux-mêmes, ils savent bien qu’ils ne peuvent pas le respecter. Alors ils s’arrangent. Lorsque leur âne ou leur bœuf a besoin d’être détaché le jour du sabbat, ils le font sans que cela ne leur pose le moindre problème. Mais quand il s’agit de la guérison de cette femme, ils récriminent et veulent appliquer le précepte à la lettre.

Et puis, les pharisiens ne comprennent pas la Loi dans son ensemble. Ils le savent, toute les Loi et les prophètes sont contenus dans le double commandement de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain. Mais ils ont oublié cela et ne voient plus la détresse de la femme possédée depuis 18 ans. Ils se cachent derrière des commandements qu’ils ont érigés en absolu. Et alors que les commandements sont faits pour introduire dans l’amour, eux, ils les retournent pour opprimer leurs frères.

Hypocrites. Hypocrites parce que les discours ne correspondent ni à ce qu’ils font, ni même à ce qu’ils pensent devoir faire. Mais hypocrites aussi et surtout parce qu’ils se dispensent d’aimer tout en professant d’appliquer la Loi. Ils se dispensent de regarder et de voir la misère de cette femme en invoquant la Loi de Dieu.