Il est difficile d’être sauvé ! Quoi ? Quel scandale ! Comment pouvez-vous dire des horreurs pareilles ? Moi, je crois qu’on ira tous au paradis parce que Dieu est bon.

Il est difficile d’être sauvé ! C’est Jésus lui-même qui le dit : « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le Royaume de Dieu ! »

Les disciples de Jésus sont, comme nous, étonnés de ces paroles. Ils croyaient que c’était bon pour eux et qu’ils n’avaient plus de souci à se faire pour leur propre salut. Et plus encore, les disciples s’imaginaient qu’un jeune homme qui a accompli tous les commandements depuis sa plus tendre jeunesse comme celui qui parlait avec Jésus ce jour-là, était évidemment assuré du salut. Et pourtant, même si ce jeune homme a vécu comme un juste, il semble que ce ne soit pas suffisant pour Jésus.

Les disciples commencent alors à s’inquiéter. Ils ont tout quitté pour suivre Jésus. Ils ont perdu beaucoup dans l’affaire et ils veulent un juste retour sur investissement. Mais si c’est si difficile d’être sauvé, ils auraient peut-être dû ne pas se lancer dans l’aventure. Il serait même peut-être encore temps de retourner à leurs petites affaires d’avant. Pourquoi camper dans toute la Judée et la Galilée en suivant un maître alors qu’ils ont une maison et un travail qui les attend ?

Et puis au fond d’eux-mêmes, les disciples savent bien qu’ils n’ont pas respecté tous les commandements comme l’a fait si admirablement le mystérieux jeune homme. Si lui n’entre pas, eux n’ont absolument aucune chance ! Alors, il est peut-être temps d’arrêter de s’efforcer pour un Royaume inaccessible et retourner pour tenter de vivre au moins pas trop mal dans le royaume de la terre. Pas pour faire n’importe quoi, mais pour une vie plus simple.

C’est une manière de penser qui ne nous est finalement pas si étrangère que cela : « Vu que c’est trop difficile, j’abandonne la lutte acharnée mais… je vais essayer d’être pas trop mauvais quand même ! »

Et voilà que Jésus en rajoute une couche quand les disciples s’interrogent entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ? » ; « Pour les hommes, c’est impossible ! » Le salut n’est plus seulement difficile, mais il est même devenu impossible. Alors à quoi bon tous nos efforts pour être de bons chrétiens. Alors à quoi bon avoir quitté tant de choses pour le suivre. A quoi bon s’embêter avec une morale qui nous empêche de faire ce que l’on veut si ce n’est pas pour être sauvé ?

« Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. » répond Jésus. Or, comme le dit saint Paul : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. » (1Tim) Ouf. Dieu veut nous sauver et Dieu peut nous sauver.

Et il veut nous sauver dans le Christ Jésus. C’est en nous mettant à la suite de Jésus que nous sommes sauvés et pour cela, il nous faut quitter le reste. Pour cela il faut accepter de nous séparer des richesses de ce monde, de nous séparer de ce qui fait notre sécurité dans ce monde. Pour cela, il faut que nous ne comptions pas sur nos propres forces pour être sauvés, mais bien que nous ayons compris que c’est pure grâce que d’entrer dans le Royaume. « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. »

C’est le choix qui vous est demandé de faire. Non pas d’être bonnes ou méchantes. Mais le choix radical pour le Christ et l’Évangile ou celui de la médiocrité. La médiocrité vous fera passer inaperçues dans ce monde médiocre. On dira même du bien de vous parce que vous n’êtes pas méchantes.
Mais si vous voulez le Royaume de Dieu, si vous voulez être sauvées, alors c’est un tout autre chemin que vous devez prendre. Pas seulement suivre les commandements, pas seulement tout quitter pour suivre Jésus.
Bien plus encore : fonder votre vie sur l’Évangile. Accepter que ce soit Jésus qui prenne toute la place dans votre cœur. Parce qu’il n’y a que lui qui puisse nous donner le salut. Parce que laisser toute la place à Jésus et entrer dans le Royaume de Dieu ne sont qu’une seule et même réalité.