Permettez-moi de vous lire un récit de ce qui est arrivé à un prêtre il y a quelques années. Voilà ce qu’il écrit lui-même :
Vingt-deux heures, dans le calme de mon bureau, je m'entretiens avec un visiteur. Le téléphone sonne dans la pièce voisine. […] Une voix de femme au bout du fil, nette, posée, quasi impersonnelle : « Monsieur l'abbé, voulez-vous me parler de Dieu pendant dix minutes ? […] »
Je suis pris de court, pour ne pas dire de panique, par cette requête insolite. Tenté de me dérober. L'excuse serait toute trouvée : « Je suis en conversation importante, rappelez-moi. » Je me ressaisis : le médecin se doit d'être disponible au malade. […] J'esquisse une question, mais je comprends qu'il ne faut pas insister. Ce que j'ai pu dire, je ne m'en souviens plus...
De nouveau, la même voix calme : « Monsieur l'abbé, les dix minutes sont écoulées, je vous remercie. » C'est bref, sans effusion, comme on remercie quelqu'un qui s'est acquitté de sa tâche. […] L'appel de l'inconnue me hante. Une fois seul, je pense à ces millions d'hommes et de femmes qui, dans le silence et la solitude de la nuit, sont aux prises avec l'angoisse du cœur, la détresse de l'esprit, la souffrance corporelle. Et qui s'interrogent : Dieu, une idée ? un mythe ? une invention des hommes ? Existe-t-il vraiment ? Qui me parlera de lui ? Depuis ce soir-là, lancinante, la petite phrase me revient sans cesse : « Parlez-moi de Dieu. » (Dieu, ce nom le plus trahi, H. Caffarel)
J’ai la même envie au fond du cœur, celle de vous parler de Dieu. Cette envie qui est aussi celle de saint Paul lorsqu’il dit : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’évangile. » J’ai un trésor et je le garderais pour moi ? J’ai reçu la joie de vivre de l’évangile et je le cacherais n’en faisant profiter personne ?
Mais Seigneur, comme dit saint Augustin : « Que peut-il dire celui qui parle de toi ? Et pourtant, malheur à ceux qui se taisent de toi ! » (Saint Augustin) Difficile en effet de parler de Dieu. On ne sait pas trop quoi dire ni par où commencer.
Commençons alors simplement par le commencement. Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Au commencement était le Verbe. Et ce Dieu qui était au commencement et qui a tout créé parce qu’il nous aime, il est venu dans le monde pour nous dire qu’il nous aime. Il est mort sur la croix pour que nous ayons la vie éternelle. Jésus est ensuite ressuscité et il est présent dans nos vies. Dieu a un visage, celui du Christ. Ce visage, nous le contemplons dans la prière, il s’imprime au fond de notre cœur. Ce visage nous transforme et nous rempli d’un bonheur qui n’existe pas sur terre et qui est difficile à exprimer. Et tout ceci est bien réel bien que ce soit caché à ceux qui ne cherchent pas ou qui ne veulent pas voir.
Vous voyez, finalement, ce n’est pas si difficile de parler de Dieu. Ça vient du fond du cœur parce que c’est là qu’il a voulu habiter. Ce qui est difficile, c’est d’accepter de révéler le fond de notre cœur et de laisser Dieu parler en nous. Ce qui est difficile c’est d’ouvrir les portes de notre cœur à la présence de ce Dieu qui ne désire qu’une seule chose, c’est de venir y habiter.
N'ayez pas peur ! N’ayez pas peur de laisser de la place en vous pour ce Dieu qui vous aime. N’ayez pas peur de permettre à d’autres de découvrir cette vie géniale qu’il nous propose. N’ayez pas peur de trahir Dieu en parlant de lui, mais laissez-le plutôt transparaitre sur votre visage, dans vos paroles et dans vos actions. S’il a pu dire au monde entier qui il est à travers douze pécheurs du lac de Tibériade, il peut faire autant si ce n’est plus à travers chacun d’entre nous.
Pour nous les chrétiens « il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu. » (Ac 4, 20) Il nous est impossible de ne pas parler de Dieu toujours et partout.
Alors si vous voulez entendre parler de Dieu, venez entendre parler de lui. Demandez à ce qu’on vous parle de lui. Exigez qu’on vous parle de lui. Allez voir vos camarades et posez-leur la question : « Parle-moi de Dieu. » Allez voir le directeur, la vie scolaire, vos professeurs… l’aumônier aussi.
Si on vous pose la question, répondez et laissez l’Esprit Saint répondre à votre place. Dites ce que vous avez sur le cœur. N’hésitez pas à parler de Dieu même à ceux qui ne vous posent pas la question. Combien d’élèves dans ce lycée ont besoin d’entendre que Dieu a un visage, que Dieu est présent et qu’il n’est pas un mythe mais bien réel et présent en nous.
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