De l’audace pour le Christ
Fête de la Bienheureuse Victoire Rasoamanarivo Prêché à la Cathédrale de S. Denis

Elle n’avait pas froid aux yeux cette femme de la Grande Île ! En parcourant la vie de la Bienheureuse Victoire, on est tout de suite frappé par la force de caractère et de détermination qui habitait cette femme exemplaire. Elle ne faisait pas dans la demi-mesure et le compromis. Enflammée de charité pour le Christ et son Eglise, elle ne dévia pas d’un pas ni à droite ni à gauche.
Victoire a fait sienne les recommandations de Dieu à son prophète Jérémie : « Ne les crains pas, car je suis avec toi pour te délivrer ; Toi, mets ta ceinture autour des reins et lève-toi, tu diras contre eux tout ce que je t’ordonnerai. Ne tremble pas devant eux, sinon c’est moi qui te ferai trembler devant eux. Moi, je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze ». Elle n’a pas tremblé face à sa famille qui l’incitée fortement à quitter l’Eglise catholique pour devenir protestante. Elle n’a pas tremblé face à son beau-père qui voulait la faire divorcer de son fils, pourtant violent et colérique. Elle n’a pas tremblé lorsqu’elle est allée exiger que les autorités ouvrent à nouveau l’église qu’ils avaient fermé. Une telle force de caractère, lorsqu’elle obéit à la loi du Christ et aux motions de l’Esprit, porte du fruit.
Comme l’ouvrier de la parabole, Victoire a su recevoir des « talents » et les faire fructifier. Et justement c’est parce qu’elle n’a pas eu peur que ses talents ont portés du fruit. Car c’est bien le reproche qui est fait à celui qui n’a reçu qu’un seul talent, c’est qu’il a eu peur de son maître et donc il n’a rien fait fructifier, même le peu qu’il avait reçu. Victoire a beaucoup reçu et donnée encore plus, elle qui était de haute extraction, a su utiliser ses relations et son autorité pour faire le bien. Sa fidélité et sa pitié ont obtenues la conversion de son mari, qu’elle baptisa elle-même sur son lit de mort. Sa persévérance et ses résistances aux autorités ont permis de conserver et même d’accroître la communauté catholique, à la grande surprise des missionnaires à leur retour après leur expulsion du pays. La charité ardente qu’elle a reçu de son Seigneur, c’est manifesté dans son attention et dévouement auprès des plus petits et notamment des lépreux.
Bien que la Bienheureuse Victoire fasse plutôt partie de ses saints plus admirable qu’imitable, elle nous invite par sa vie à ne pas craindre les adversités. Elle fait résonner d’une manière toute particulière dans l’Océan Indien cet envoi en mission que le Christ adresse à tous ses disciples. Alors demandons à Dieu par son intercession la grâce de l’audace, la grâce ne pas avoir froid aux yeux, mais pour cela il nous faut un cœur brûlant, un cœur brûlant de charité pour Dieu et pour le prochain. A nous qui allons nous approcher de l’autel, nous allons recevoir en nous cette source de chaleur qui réchauffera nos cœurs tièdes.
Que le Christ agisse en nous !