La lumière luit, viens dans la Lumière !
3eme Dimanche du TO Prêché à la cathédrale de Saint Denis
« La vie était la lumière des Hommes, et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’on pas saisie. » dit le prologue de l’évangile selon Saint Jean. La bonté de Dieu se donne à voir comme l’éclat d’une lumière incrée. Dieu se révèle et rassure comme la lumière illumine et réchauffe tout ceux qui s’expose à elle, encore faut-il s’exposer à elle…
En ce dimanche, Saint Matthieu nous parle aussi, à travers les mots du prophète Isaïe, de Dieu comme lumière. Le passage que nous avons entendu, se situe à la fin de la mission de Jean le Baptiste. Nous assistons comme à un effet de vase communiquant. Jean le Baptiste décroît et Jésus advient. La lampe qu’est le précurseur, laisse place à la lumière qui vient véritablement briller. Et se basculement trouve écho dans une fameuse prophétie d’Isaïe : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. »
Une grande lumière se lève sur un peuple qui erre ne sachant où aller, vers où se tourner, et enfermer dans son péché et ses peurs. Et l’évangéliste fait suivre cette citation prophétique par les premiers mots de la prédication de Jésus dans cet évangile : « convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » La lumière est venue jusqu’à nous, elle s’est approchée, et elle nous demande de nous tourner vers elle. La conversion est bien ce tour qui nous détourne du mal et nous oriente vers le bien. Comme un arbre, qui sans entrave, oriente naturellement tout son être vers la lumière, nécessaire à son développement. Il cherche la lumière, il la désir presque, il tend vers elle.
Le Royaume de Dieu est tout proche, il s’est même approché dit Jésus. Mais quelles difficultés lorsque les choses sont aussi simples ! Ce n’est pas facile d’être simple…Cette lumière est venue jusqu’à nous et il serait si aisé de nous tourner vers elle. Elle est venue jusqu’à nous, nous n’avons même pas eu besoin de la chercher, dans une sorte de quête du Graal. Dieu a lui-même comblé le fossé qui nous séparait de lui. Mais nous voulons toujours aller loin, très loin, trop… « L’homme intelligent a devant lui la sagesse ; l’insensé la cherche des yeux au bout du monde. » dit le livre des Proverbes.
Mais si proche que soit la lumière, il nous arrive encore de rester, et de vouloir rester dans l’ombre. Mais alors qu’est-ce que l’ombre ? C’est une absence de lumière. La lumière n’a pas besoin de l’ombre pour être. Elle est, elle brille et voilà tout ! L’ombre apparaît lorsque la lumière est entravée. Notre ombre se forme derrière nous, lorsque nous sommes face au soleil. Et si nous faisons dos au soleil, et bien nous sommes dans notre ombre. Se convertir, c’est donc se tourner, se retourner vers la lumière et sortir de son ombre.
Lorsqu’il prononce cette première phrase de sa prédication, Jésus vient de sortir vainqueur des tentations au désert. Il sait de quoi il parle, lorsqu’il nous invite à sortir de l’ombre, sa nature humaine a été éprouvée. Il ne dit pas « allé, un petit effort tout de même ! » Comme un entraineur sur le bord du terrain qui n’est pas dans la partie. Il nous dit : « je sais que le combat est rude, mais il n’est pas au-dessus de vos forces ».
Tant que nous restons dans notre ombre, nous marchons dans les ténèbres, nous regardons à l’envers, vers la mort.
Alors demandons la grâce de la conversion, demandons que l’Esprit nous éclaire, qu’il nous fasse voir ce qui dans nos vies nous empêche de nous retourner vers le Sauveur et que sa lumière brille sur nos visages. Car Dieu par sa grâce nous donne la grâce d’accueillir sa grâce.
Ne pensons pas qu’il faut avoir atteint un pseudo idéal pour pouvoir regarder Dieu. C’est justement de l’ombre qu’il veut nous sortir, car lui seul le peut. Le premier pas de la conversion, c’est d’implorer l’aide de Dieu pour justement faire ce premier pas ! Nous devons laisser la lumière entrer dans tout ce que nous sommes, même les zones les plus ténébreuses, car se sont elles qui nous retiennent captifs dans le pays de l’ombre et de la mort. Ces parties de nous-mêmes que nous jugeons comme en dehors des affaires de Dieu. Cela peut être une habitude malsaine, une relation, une rancune, un souci, …Comment repère-t-on une zone d’ombre en nous ? C’est très simple, si vous vous posez la question : Mais est-ce que cela intéresse-t-il Dieu ? C’est que c’est une zone d’ombre, et voilà précisément ce qu’il faut lui confier ! Car celui qui vous suggère la question est passé maître dans la dissimulation…c’est même son sombre moyen le plus sûr pour agir.
Alors en cette année qui commence, pendant cette liturgie, demandons que le Royaume de Dieu s’approche de nous, que nous sentions cette douce lumière dans notre dos nous invitant à la regarder en face. Et demandons la grâce d’accepter cette présence, de la recevoir humblement pour que nous puissions terminer nous-même la prophétie d’Isaïe : « Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse :
ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin. Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés. »
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