Avons-nous bien compris qui est Jésus ? Probablement pas encore !
Il y a ce moment fondamental de la rencontre avec le Christ qu’on fait avant nous les apôtres. Sans cette rencontre où nous laissons l’appel du Christ retentir en nous, il n’y a pas de vie chrétienne. On peut venir à la messe et même faire ses prières, mais si on n’a pas rencontré le Christ qui se présente à la porte de notre vie et qui frappe, alors nous ne faisons qu’accomplir des rites stériles. La vie chrétienne commence par cette rencontre intime avec notre Dieu qui vient habiter en nous.
Cette rencontre est extraordinaire et change la vie des disciples. Ils étaient des pécheurs sur le lac de Tibériade et deviennent des pécheurs d’homme en se mettant à la suite de Jésus. Cela ne veut pas dire qu’ils ont cessé leurs activités. Mais c’est le sens profond de toute leur vie dans ses moindres détails qui change. Ils sont désormais des disciples du messie et le suivront partout où il ira.
Mais ce moment fondamental n’est pas suffisant. Le Christ va passer trois ans avec ses disciples pour essayer de leur dire qui il est. Il vit avec eux. Il mange avec eux, il rit avec eux, il marche avec eux, il endure le poids et la chaleur du jour avec eux, il prie avec eu. Rien ne lui échappe de la vie des disciples ; rien ne lui est étranger. Mais surtout, rien de la vie du Christ n’est plus étranger aux disciples. Ils apprennent ainsi à vivre avec lui. Ils connaissent ses sentiments. Ils savent reconnaître le bruit de son pas.
Cette intimité du Christ avec ses disciples n’est pas qu’une présence humaine. C’est la présence de ce Dieu fait homme. Comme les disciples, nous sommes appelés non seulement à rencontrer le Christ, mais aussi à vivre en sa présence. Nous sommes invités à découvrir l’étendue de cette personne venue d’en haut et qui désire habiter en nous : le Christ.
Saint Paul exhorte ainsi les philippiens : « Que le Christ habite en vos cœurs par la foi ; restez enracinés dans l'amour, établis dans l'amour. Ainsi vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur… Vous connaîtrez ce qui dépasse toute connaissance : l’amour du Christ. Alors vous serez comblés jusqu’à entrer dans toute la plénitude de Dieu. » (Ep 3, 17-19)
La foi : il s’agit de bien autre chose que d’une pratique, aussi louable soit-elle ! La foi, c’est cette réponse de l’homme à l’amour du Christ qui s’offre à nous. Comme les apôtres, il nous faut tout quitter pour nous mettre à la suite du Christ et le découvrir petit à petit. Mais comme pour les apôtres, cela n’est pas suffisant. I ne suffit pas d’avoir répondu oui un jour, il y a longtemps à cet appel de Jésus. Que ce soit le jour de notre baptême, de notre consécration religieuse ou le jour d’un retour à la foi en Christ. Il s’agit de nous mettre vraiment à sa suite et de le chercher chaque instant de notre vie et dans chaque chose que nous faisons. Le Christ, ce n'est pas seulement le dimanche à l’église, c’est tous les jours et partout où nous sommes !
Il y a un danger immense à dissocier notre prière de notre vie quotidienne. Il y a un danger immense à dissocier notre relation avec le Christ et la vie qu’il nous demande de vivre. Au fond, il y a un danger, et même une impossibilité absolue à dissocier l’amour de Dieu de l’amour de nous-même et du prochain. Et pourtant, c’est bien ce que nous faisons si souvent.
C’est ce qu’a fait Juda. Comme les autres, il a tout quitté pour suivre Jésus. Il l’a suivi pendant trois ans. Mais il piquait dans la caisse. Il s’arrangeait avec lui-même. Il a dissocié sa vie morale, sa manière d’agir et la présence du Christ.
Attention, ne nous y trompons pas : le problème de Juda n’est pas qu’il ait été pécheur. Tous les disciples l’étaient et nous le sommes. Le problème de Judas, c’est qu’il a voulu aimer Dieu sans aimer son prochain comme lui-même. Il a suivi le Christ sans apprendre de lui ce sentiment profond qui l’habite et qui est l’amour des hommes et la volonté de les sauver.
Ainsi : Pas de chrétien sans le Christ au milieu de sa vie, de toute sa vie, sans aucun recoin laissé dans l’obscurité. Le Christ veut habiter toute notre vie.
Lui résister c’est : des pratiques religieuses mais sans la foi en son amour qui nous sauve.
Et cet amour est indissociable de l’amour du prochain. C’est un tout !
Avons-nous bien compris qui est Jésus ? Il faut le comprendre en le fréquentant le plus possible et en le laissant transformer notre manière de voir et notre manière de vivre. C’est urgent ! On ne peut pas laisser cela à demain. Il est urgent de l’aimer. Il est urgent de le laisser nous aimer. Il est urgent que cet amour se répande dans tous les lieux et toutes les circonstances de notre vie. Sans cela, nous sommes non plus seulement des pécheurs, mais des traitres.
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