A la campagne, des bergers gardent leurs troupeaux sous un beau ciel étoilé. Il fait froid. Dans son palais, Hérode fait la fête, entouré de courtisans ivres et de femmes vulgaires. Les soldats romains font des rondes. Leurs bottes frappent le sol. Les gens en ont peur. Des Juifs zélotes, violents défenseurs de la liberté d’Israël envahie par les légions romaines, subissent tortures et emprisonnement.
En silence, un couple avance rapidement dans la nuit. La femme attend un bébé, son époux les protège. Cet homme connaît le chemin. Originaire de Bethléem, il se plie à l’obligation du recensement décrété par César Auguste afin de faire payer l’impôt à la population au profit du développement de l’empire romain. Ils rejoignent la ville où naquit le roi David.
Tout à coup, un ange apparaît aux bergers qui sursautent. La gloire de Dieu les enveloppe de sa clarté. Ils frémissent, mais l’ange de Dieu les rassure : « N’ayez pas peur. Je vous annonce une bonne nouvelle, joie pour tout le peuple. Aujourd’hui dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Vous trouverez un nouveau-né emmailloté dans une mangeoire ».
Dans une mangeoire d’animaux ? Comment cela se fait-il ? Les gens de Bethléem ne connaissent-ils pas Joseph, l’époux de Marie ?
Joseph avait quitté depuis longtemps son village d’origine pour travailler dans le nord du pays, en Galilée. Marie et Joseph se sont mariés dans la foi et la tendresse, en accomplissant les rites de la Loi de Moïse. Mais ils n’ont pas fait « un grand mariage » comme on dit, avec multitude d’invités dans une coûteuse réception. Ils se sont unis en Dieu dans la simplicité et le bonheur ; attirés par le mystère infini de Dieu qui leur confiait une mission inouïe. Marie allait devenir la mère du Messie. Le Messie devait naître de la tribu du roi David né à Bethléem, ville originaire de Joseph, époux de Marie et père adoptif de Jésus.
L’enfant qui naît dans la crèche vient de Dieu et de Marie. Il est Sauveur comme l’indique l’étymologie du mot Jésus ; il est Christ ou Messie, engendré par l’Esprit Saint, rempli du Saint-Esprit ; il est Seigneur et Roi. On l’appelle aussi Emmanuel qui veut dire « Dieu avec nous ».
C’est pourquoi une troupe d’anges a rejoint le premier ange apparu aux bergers. Ensemble ces anges louent Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime ».
Dieu le Père a envoyé son Fils Jésus pour faire gagner la Paix aux hommes. La guerre est toujours une défaite de l’humanité : des milliers de blessés, d’handicapés, de morts, de veuves et d’orphelins, des maisons détruites, des régions anéanties. Cela ne vient pas de Dieu mais du diable. Cela ne correspond pas à la recherche de la justice mais à la folle passion pour l’argent, le pouvoir et le prestige. La mort et la guerre entrent dans le monde par l’action du diable, le diviseur, et par ceux qui lui vendent leur âme. Ces guerres enrichissent les pays qui fabriquent des armes. Véritable industrie que la guerre, business immense, hypocrisie politique et diplomatique ! Il n’y a pas d’argent pour nourrir les affamés mais il y a des finances pour provoquer la mort.
Jésus, Prince de la Paix, ne vient pas vaincre le mal par la violence, mais il apporte la victoire sur le péché et sur la mort à ceux qui croiront en lui.
« Dieu a mis son corps entre nos mains », nous aide à chanter une belle mélodie de nos messes. Le Fils de Dieu a voulu recevoir un corps humain de la Vierge Marie. « Le Verbe s’est fait chair ».
Le Fils de Dieu fait homme, Jésus, a mis son corps entre les mains de Marie et de Joseph. Le créateur dépend de sa créature. Le Très-Haut s’abaissé. Le Tout-puissant se manifeste vulnérable et faible.
Dieu aime ce qui est petit. Il naît dans ce qui est petit, le sein maternel. Il naît petit enfant. Dieu était dans une mangeoire et les savants ne l’avaient pas compris. Jésus n’est pas né dans le Temple de Jérusalem, ni dans un palais ni dans une grande villa. Ne cherchons pas Dieu dans la puissance ni dans la richesse ni dans les honneurs. Il n’y est pas. Ce sont des bergers analphabètes qui nous conduisent à la source de la Vérité et à la plénitude de la Vie: la crèche de Bethléem. L’histoire du monde converge vers une jeune femme, Marie, qui donne naissance à un enfant qui vient du cœur de Dieu le Père.
Marie lave le corps de son enfant qui vient de naître. Comme tous les enfants, Jésus est né couvert de sang. Sa mère essuie son visage et elle couche l’enfant sur la paille.
Trente ans plus tard, Marie prendra dans ses bras le corps de Jésus crucifié hors de Jérusalem. Il essuiera son visage. Aidée par Joseph d’Arimathie et Nicodème, Marie couchera alors la dépouille mortelle de Jésus dans un tombeau neuf. Dans l’art chrétien, les Pietà montrent Marie assise et Jésus mort sur ses genoux.
Le dépouillement de la crèche annonce déjà la croix. Des artistes chrétiens ont tenu à placer la croix sous la paille de la crèche dans certains tableaux.
Corps de Jésus en Marie. Corps de Jésus sur la paille. Corps de Jésus sur la croix. Corps de Jésus dans l’eucharistie que nous célébrons.
C’est ce Corps de Jésus glorifié dans sa résurrection que nous allons recevoir tout à l’heure. Nos cœurs ressemblent à une crèche ; les mangeoires ne sont jamais très propres ni bien éclairées. C’est dans nos cœurs à purifier et à illuminer de la clarté de Dieu que Jésus vient.
Bethléem veut dire « maison du pain ». Recevons le Pain vivant, descendu du Ciel, avec foi, en adorant et en rendant grâce. Dieu a mis son Corps entre nos mains. Amen.
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