Les mages, premiers routiers du monde nouveau instauré par le Christ Jésus, premiers routiers du Nouveau Testament. Vous remarquerez, qu’ils ont commencé leur route dans l’Ancien Testament pour se retrouver plongé dans le Nouveau. Ils sont partis « homme ancien » pour retourner chez eux « homme nouveau ». Vous remarquerez qu’ils ont commencé à regarder les étoiles dans le ciel pour porter leur regard en bas, dans la mangeoire. Vous remarquerez qu’ils ont commencé à quitter leur royaume pour aller loin et par finalement s’en retourner chez eux, mais par un autre chemin.
Le chemin des mages est d’abord l’histoire d’hommes qui ont suivi une étoile. Leur route devait être guidée. Ils ont accepté de regarder plus haut et plus loin. Plus haut que leur petite existence confortable et au-delà de leurs propres pensées. Comment auraient-ils pu imaginer où cette étoile les mènerait ? Quitter un palais royal ou même une petite maison pour suivre une étoile, c’est prendre beaucoup de risques.
Dans le Hobbit, au moment d’accepter de partir à l’aventure, Bilbo demande inquiet à Gandalf : « Me promettez-vous que je reviendrai ? » Et Gandalf ne lui ment pas : « Non » mais il ajoute : « Et si vous revenez, vous ne serez plus le même. »
Tous ces risques peuvent se prendre si on suit une étoile. Les mages ont suivi l’étoile. Si nous observons le monde avec des yeux clairs, si nous ouvrons les fenêtres pour regarder, nous voyons avec grande clarté que ce monde ne peut pas nous donner ce que nous recherchons. Regarder l’étoile, pour nous, c’est accepter de suivre autre chose que le monde, de suivre autre chose que le confort, de suivre autre chose que notre pente naturelle à ne rien faire d’autre que ce qui nous procure du plaisir.
Toujours Gandalf à ce cher hobbit Bilbo au moment où il hésite à partir à l’aventure et qu’il faut que le magicien trouve une manière de le convaincre : « Vous êtes resté assis tranquillement bien trop longtemps. Dites-moi : depuis quand les napperons et la vaisselle de votre mère sont-ils devenus si importants à vos yeux ? »
Les mages ont donc suivi l’étoile. Bilbo est parti à l’aventure acceptant de suivre son désir profond d’autre chose que les napperons de sa mère. Et toi routier ?
Mais il ne suffit pas de partir et de suivre n’importe qu’elle étoile. C’est déjà bien de se bouger un peu, mais encore faut-il aller quelque part qui en vaille la peine, sans quoi nous retournerons sans avoir été changés. Les mages ont suivi une étoile qui mène au Christ. Il s’agit de quitter notre maison, notre confort. Milles raisons nous y poussent, mais au fond, c’est pour trouver le Christ, le sauveur que nous nous mettons en route.
Les mages regardaient les astres et cherchaient un roi, mais c’est un petit enfant dans une mangeoire qu’ils ont trouvé. Ils voulaient autre chose que le monde et ils ont trouvé ce qu’il y a de plus petit dans le monde : un pauvre enfant sans défense. Dieu est profondément déroutant. Nous le cherchons en haut, alors que c’est dans notre propre nature qu’il est venu habiter. Il nous faut sortir de nous-même pour comprendre que Dieu habite en nous ! Il nous faut partir loin pour découvrir que Dieu est tout proche ! Voilà la route des mages à la crèche. Voilà notre route. Aujourd’hui et chaque jour de notre vie. Nous voulons et nous avons besoin d’aventure pour sortir de notre train train quotidien, mais c’est pour découvrir la présence de Dieu justement dans le quotidien parfois très banal de notre vie. Si nous ne faisons pas cette découverte, c’est que nous n’avons pas encore plié le genou devant l’enfant de la crèche pour lui offrir le présent de nos vies. Et nous risquons de repartir sans avoir été transformé. Nous risquons de rentrer à la maison pour retrouver enfin notre confort qui nous aura manqué pendant trois jours, mais sans avoir été transformé.
Arrivé à la crèche les mages ont offert l’or, l’encens et la myrrhe symbolisant le don d’eux-mêmes. Arrivé au sommet, nous devons offrir notre vie au Fils de Dieu qui se manifeste à nous. Prendre la route, oui, mais pour trouver le Seigneur. La route pour la route n’a pas d’intérêt si elle n’est pas la recherche du Seigneur.
Les mages prennent un autre chemin pour rentrer chez eux. Nous sommes venus à la route assoiffés d’aventures et d’amitié. Et nous avons bien raison d’avoir suivi cette étoile. Mais la route de la crèche demande de prendre un autre chemin de retour. L’adoration du Fils de Dieu implique un retournement, un changement profond, c’est-à-dire une conversion du cœur. Nous ne pouvons pas suivre la même étoile, qui a d’ailleurs disparu. Il nous faut rentrer chez nous différemment, avec une autre espérance dans le cœur. Non plus celle de l’aventure, mais celle de la vie chrétienne. L’aventure n’est pas ailleurs, elle est désormais en nous, dans nos cœurs. Cette aventure, elle s’appelle la vie spirituelle. Elle demande non plus à sortir, mais à entrer en nous-même. Pas par un désir païen d’introspection malsain, mais parce que désormais, le fils de Dieu est né en nous et que c’est en nous que nous allons le trouver.
Toute route authentiquement chrétienne nous pousse à quitter notre maison, notre confort pour suivre une étoile. Mais toute route authentiquement chrétienne nous permet de trouver le Christ qui se manifeste dans notre chair, dans notre quotidien. Sortir de soi devient alors revenir en soi, mais par un autre chemin. Cet autre chemin c’est celui du Christ et non plus le nôtre. Nous avons appris à quitter notre confort, nous devons désormais nous retrouver nous-mêmes. Mais nous retrouver transformés par la présence de Dieu pour vivre désormais de la liberté qu’il nous donne en habitant en nous. Ainsi toute route que nous emprunterons sera une belle route pleine d’aventure vraie parce qu’elle sera vécue avec le Christ.
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