« Dieu ne m’écoute pas », entendons-nous dire souvent. Qui n’écoute pas qui ? Écoutons-nous Dieu ?
Nous faisons mémoire aujourd’hui de saint Jean Chrysostome. Jeune, il s’est mis à l’écoute de l’Esprit Saint en lisant les Saintes Écritures, source de réconfort dans les épreuves de l’existence. En répondant à l’appel de Dieu, Jean Chrysostome est devenu moine. Le mot moine dérivé du grec « monos » évoque la simplicité et l’unité intérieure plutôt que la solitude. Tiraillé par les passions humaines, Jean choisit la voie de l’unification par la prière et la charité. Avant d’assumer la charge d’évêque et de prédicateur, Jean a livré la lutte contre l’orgueil pour échapper à l’hypocrisie : « Enlève la poutre de ton œil avant de critiquer la paille dans l’œil de ton frère ».
C’est dans l’humilité, c’est-à-dire dans la lucidité et la vérité, que Jean a suivi son Maître Jésus. A l’image de Jésus, il a subi la persécution. Il meurt en exil, exténué.
Surnommé « bouche d’or » à cause de son éloquence, Jean, patriarche de Constantinople, a défendu vigoureusement la dignité des pauvres contre l’arrogance des puissants.
Attaché à la valeur sacrée de la liturgie et de la messe, saint Jean Chrysostome a mis en lumière « le sacrement du frère », membre du Corps du Christ : « Dieu veut des âmes d’or et non des calices d’or ». Dans l’eucharistie nous recevons le Corps du Christ. En la personne des pauvres et des malades, nous rencontrons aussi le Corps du Christ. Nous méprisons le Corps du Christ quand nous méprisons les pauvres.
Évêque, Jean a défendu la dignité de tout homme, en commençant par les plus vulnérables et malheureux.
Nous avons à différencier la dignité et les dignités. En ce moment, nombreux sont les candidats aux dignités dans le gouvernement ; ces fonctions politiques qui donnent des rangs éminents. La dignité humaine dépasse l’importance éphémère des dignités sociales. Évitons de faire un contresens ; ce ne sont pas les dignités qui rendent dignes les personnes mais la personne humaine qui accorde de la dignité au travail et à tout ce qu’elle fait avec sagesse et amour.
Par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est uni d’une certaine manière à tout homme. Jésus élève la dignité humaine.
Pour les chrétiens, la dignité humaine est égale pour tous, universelle, absolue, intrinsèque, inaliénable. Inhérente à la personne, la dignité humaine fonde les droits et les devoirs humains dont elle est la matrice. Toute personne humaine, avant et après sa naissance, même malade, handicapée ou âgée, garde sa dignité, don du Créateur.
Notre comportement s’avère indigne quand nous traitons les autres comme des moyens et non comme des buts. Les êtres humains ne sont pas des moyens pour satisfaire l’ambition des dictateurs, ni la soif d’argent ou des plaisirs. L’homme est la seule créature que Dieu a voulue pour elle-même.
Si l’humanité a été créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, Jésus conduit à Dieu le Père ceux qui croient en lui, les libérant du mal, du mal-être, du péché et de la mort. L’humanité de Jésus, le Verbe fait chair, fait resplendir la dignité humaine. « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité », enseigne saint Paul (1 Tm 2,4).
C’est pourquoi le Pape saint Léon le Grand prêchait dans un admirable sermon de Noël en l’an 461 : « Chrétien, reconnais ta dignité. Puisque tu participes maintenant à la nature divine, ne dégénère pas en revenant à la déchéance de ta vie passée. Rappelle-toi à quel Chef tu appartiens et de quel Corps tu es membre. Souviens-toi que tu as été arraché au pouvoir des ténèbres pour être transféré dans la lumière et le Royaume de Dieu » (Sermon de Noël 7,6).
Ne dis pas : « Dieu ne m’écoute pas ». Écoute plutôt ce qu’Il te dit.
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