Rassasier la faim
Avant même de savoir parler, un petit être humain est capable d’exprimer sa faim. Les attitudes et les sons émis envois des messages souvent clairs : « mon corps a besoin de nourriture ». Et si l’enfant cri (parfois pas que les enfants d’ailleurs) c’est que son corps lui-même exerce une certaine pression, l’enfant réclame donc sans même en avoir conscience. La faim ce n’est pas agréable, ça fait parfois mal. Même s’il faut bien se l’avouer, nous autres nés et élevés dans un pays comme le nôtre, nous ne savons pas grand-chose de la faim…
Cette sensation de manque en nous est en bonne partie ce qui incite et crée du lien entre les êtres humains. Subvenir à ce besoin des plus primaires, nécessite des interactions entre diverses êtres. Cette faim nous fait expérimenter les manques, les attentes, l’incomplétude de notre être. Nous sommes en attente sans cesse de quelque chose, et les autres contribue en partie à me fournir ce qui comble ce manque. La faim est la parfaite illustration d’une réalité très mystérieuse de notre condition humaine : nous ne sommes pas encore accomplis, il manque quelque chose à notre être pour être en repos, et ce quelque chose n’est pas en nous même, il faut aller le chercher ailleurs. Nous en faisons sans cesse l’expérience, plusieurs fois par jour, nous désirons quelque chose que nous n’avons pas encore et qui est nécessaire à notre vie : de la nourriture ! Nous en faisons aussi l’expérience à propos d’aspects moins matériel. Notre monde moderne ne fait qu’exacerber ces désirs sans fond tout en augmentant les frustrations : il y a de plus en plus de choses à découvrir, à expérimenter et à posséder, mais nous sommes toujours aussi limités et incomplets : voici le drame de notre condition !
Et au milieu des hurlements de notre estomac et de la publicité, nous entendons la voix douce et humble de Jésus qui nous dit : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. »
Il existe donc une nourriture qui vient régler le problème de la faim ? Si ce pain vivant donne une vie éternelle, c’est qu’il est une solution à ce problème quotidien de se maintenir en vie. Mais de quelle vie s’agit-il ? Puisque pour la majorité d’entre nous, nous avons déjà communié, mangé de ce pain de vie, et nous avons encore faim. Cette vie qu’entretien cette nourriture n’est pas sans rapport avec le corps, mais elle n’est pas la vie du corps. Il s’agit bien entendu de notre vie spirituelle. Notre âme, tout comme notre corps, connaît une croissance et elle a besoin que sa vie soit entretenue. Ce qui maintient l’âme dans une vie saine et accomplie, c’est sa relation avec Dieu. Une relation d’Esprit à esprit par le biais d’un corps.
Notre vie spirituelle connaît des étapes, elle n’est pas constante et égale comme un lac de montagne. Elle grandit, plus ou moins vite, parfois même régresse. Notre âme peut aussi tomber malade (ça s’appelle le péché la maladie de l’âme). Pour permettre la croissance de l’âme et de sa vie, et lui éviter le plus possible les maladies, le Seigneur lui donne donc une nourriture : lui-même ! Si la vie de l’âme c’est sa relation à Dieu, Dieu a mis en place un moyen pour être en relation avec nous, par notre corps, de l’intérieur même ! Et pour cela il se sert de la faim pour nous faire comprendre et expérimenter cette relation vitale pour nous !
La sensation de satiété de notre âme, nous ne la ressentons pas toujours, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous communion si souvent machinalement, sans même prendre la mesure de ce qui se passe. Car notre vie spirituelle n’est pas d’abord affaire de sensation et de sentiment, c’est plus profond que cela. Cette vie se déploie à un autre niveau de notre être.
En revanche, par la sensation de faim nous pouvons saisir par analogie, comparaison, ce qui se produit dans notre âme. Mon âme a faim de son Créateur plus que mon corps ne désire un civet zourite ! (Mettez ce qui vous fait plaisir à la place…) C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’Eglise nous demande de jeûner (au moins une heure) avant de communier, afin que nous vivions dans notre chair cette légère faim, et ce faisant que nous nous rappelions que notre âme désir ardemment recevoir ce que nous venons lui donner en assistant à la messe.
C’est donc bien une affaire de désir (la faim est un désir de nourriture). Ainsi en va-t-il de la communion, de mon union à Dieu et à toute l’Eglise, elle est proportionnée à mon désir, à ma faim. Je peux passer à côté de centaines de communions faites machinalement, si mon désir, ma faim, ne m’était pas présente à l’esprit. Cet esprit ne se nourrit pas comme le corps, ce n’est pas aussi automatique, il a besoin d’être lui-même actif pour recevoir sa nourriture, il doit être conscient et vouloir recevoir cette nourriture.
Demandons la grâce à Dieu qu’il nous envoie son Esprit Saint, celui-là même qui va opérer la sanctification des dons que nous allons déposer sur cet autel, que ce même Esprit nous dispose à recevoir ce pain de vie, et que notre âme en soit fortifiée pour la route qui la mène aux Demeures Eternelles.
Liens utiles