Jésus fait faire à ses disciples une expérience fondatrice de la mission. Il veut qu’ils comprennent ce qui donne des fruits et pour cela il leur propose de partir sans rien et de ne rien attendre en retour. Dépouillement total qui les mettra sans aucun doute sur la voie de la pauvreté du cœur.
Ne rien prendre, ni sac, ni argent, ni sandale, c’est accepter d’être démuni. On ne peut pas montrer le Royaume de Dieu si on pense qu’on a quelque chose à apporter qui vient de nous. La pauvreté de cœur, c’est cette prise de conscience que le trésor que nous portons ne dépend pas de nous mais de Dieu puisqu’il lui appartient. Partir sans rien, c’est se rendre compte que tout vient de Dieu et donc être capable d’orienter vers Dieu et non pas vers nous même.
Il ne s’agit pas seulement de ne rien avoir à donner qui nous appartienne en propre, mais aussi de ne rien attendre pour nous même. Quand les disciples sont rejetés ils doivent partir en détachant jusqu’à la poussière sur leurs pieds, c’est-à-dire sans garder aucun ressentiment. L’Évangile n’est pas une marchandise qu’on donne contre quelque chose en retour. Il ne peut que s’offrir librement et se recevoir librement. L’apôtre qui attend un retour sur investissement est le plus malheureux de tous les hommes.
En revanche, il y a une grande joie à donner ce qu’on n’a pas et à être témoin de l’œuvre de Dieu dans le cœur de ceux qui reçoivent la Parole et qui acceptent d’en vivre en se mettant à la suite du Christ.