Lorsqu’il s’agit de juger les personnes, on pense souvent à invoquer l’évangile d’aujourd’hui pour juger à partir des fruits. Et je pense qu’il y a là une grave erreur de compréhension des textes de l’évangile.

D’abord, le contexte de l’évangile d’aujourd’hui est une mise en garde contre les faux pasteurs. Jésus nous invite à ne pas faire confiance à ceux qui se déguisent en brebis alors qu’ils sont des loups voraces. Et ils existent ! Puisqu’ils existent, il faut être attentifs à ne pas leur faire confiance et à ne pas tomber dans leurs pièges.

Ainsi Jésus ne nous invite pas à juger. Au contraire, il nous dit ailleurs de ne pas juger pour ne pas être jugés. Mais il nous invite à être attentifs à ne suivre que ceux qui sont de vrais pasteurs.

Comment donc faire pour ne suivre que ceux qui sont de vrais pasteurs et non des loups ? Il faut s’attacher à ce qui est vraiment bon. Et pour savoir ce qui est vraiment bon, il faut regarder les fruits. Il faut voir s’ils sont bons ou s’ils sont mauvais.

D’où viennent donc les fruits ? S’ils sont bons, ils viennent de l’arbre bon. S’ils sont mauvais, ils ne viennent pas de l’arbre bon.

Mais voilà, Dieu seul est bon. C’est ce que dit Jésus au jeune homme riche : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Celui qui est bon, c’est Dieu, et lui seul ! » (Mt19)

Ainsi, si les fruits sont mauvais, c’est que l’homme qui les porte ne vient pas de Dieu. Et cela est assez facile à voir. Mais, si les fruits sont bons, je ne crois pas qu’on puisse en tirer la conclusion que l’homme est bon. Parce que Dieu seul est bon. Ainsi, si les fruits sont bons, c’est parce que Dieu est présent et qu’il porte du fruit.

C’est ce qui se passe dans notre vie. Ce qui est mal, c’est de ma faute parce que je ne trouve pas en Dieu la source de tout bien. Ce qui est bien, je ne peux pas m’en glorifier, mais en rendre grâce à Dieu qui porte de beaux fruits dans ma vie.

Ainsi, je peux juger que tel fruit est bon ou que tel autre est mauvais. Mais je ne peux pas juger de la bonté ou de la malice d’une personne, mais uniquement reconnaître lorsque Dieu est présent à travers ses créatures.