On dit souvent que notre époque n’a plus la foi. Les jeunes ne croient plus. C’est un constat qui nous désole sans que nous sachions trop quoi y faire. Alors on se lamente et on trouve mille et unes explications à ce phénomène qu’on croit nouveau : Le monde a changé ; les médias ; la technologie…
Le constat est juste. Juste dans le sens qu’il est vrai. Mais juste aussi dans le sens « un peu étriqué ». C’est un constat qui manque de hauteur de vue. Nos préoccupations à ce sujet sont réelles mais peut-être que nous regardons le problème du mauvais bout.
La foi, nous le savons, c’est Dieu qui la donne. Il la donne à qui il veut et quand il le veut. C’est un don gratuit. Aucun d’entre nous, aussi brillant ou formidable soit-il ne peut obtenir la foi ni pour lui-même ni pour un autre. Aucun d’entre nous ne peut mériter la foi. C’est un don gratuit de Dieu.
Regardez saint Pierre : il n’était pas meilleur que les autres, et pourtant c’est lui qui en premier a découvert par la foi que Jésus, l’homme de Nazareth qui était devant lui en chair et en os était le Christ, celui qui a reçu l’onction de l’amour de Dieu. Pierre a vu dans la foi que Jésus était le Fils du Dieu vivant. Pourquoi lui et pas un autre ? C’est un choix gratuit. Dieu donne et l’homme croit. La foi est tombée sur Pierre tout simplement parce qu’il a été choisi par Dieu.
Qui reçoit la foi, à quel moment il la reçoit et pourquoi lui la reçoit et pas un autre ne nous regarde pas vraiment. De toute façon nous ne pouvons pas y faire grand-chose. Et pourtant nous sommes préoccupés par la foi ne nos contemporains ! Nous nous demandons ce que nous devons faire pour transmettre la foi à nos enfants, et même pour aller au-delà et évangéliser. Nous recherchons des techniques plus ou moins modernes pour répondre au manque de foi ambiant.
C’est que cette question est effectivement préoccupante. Nous avons raison de désirer que tous aient le bonheur de croire. Et d’ailleurs Jésus lui-même pose la question à ses disciples : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18, 8)
Jésus pose cette question juste l’arrivée du jeune homme riche. Ce jeune homme croyait en Dieu mais il n’est pas allé jusqu’à tout donner pour le Royaume. La foi est donnée au jeune homme, mais il n’embraye pas pour que sa vie soit en accord avec ce qu’il croit. Il n’a pas enclenché les œuvres. Il voyait bien que ce serait formidable de suivre Jésus, mais il ne l’a pas fait et s’en est allé tout triste.
Pierre lui-même qui croit en Jésus et confesse sa foi de façon si admirable ne laisse pas passer plus de 5 minutes avant de réprimander Jésus lorsqu’il annonce qu’il doit souffrir et donner sa vie. Lui non plus n’accorde pas encore ses pensées et ses actions à la foi qu’il a pourtant bel et bien reçue.
Plus que de nous demander pourquoi certains n’ont pas la foi ou pourquoi elle semble disparaître chez nos contemporains, peut-être serait-il plus judicieux de nous demander si nous chrétiens nous avons les œuvres qui accompagnent la foi que nous avons reçue. Ou bien sommes-nous comme les autres hommes, comme nos contemporains, mais avec un petit guiguine de foi en plus ?
Parce qu’à quoi cela sert-il d’avoir la foi si nous vivons comme les autres ? A quoi cela sert-il d’avoir la foi si nous avons les pensées des hommes et non pas les pensées de Dieu ? A quoi cela sert-il de reconnaître que Jésus est le Christ si nous ne prenons pas notre croix pour le suivre ? A quoi sert la foi sans les œuvres ?
Sans les œuvres, nous sommes pire que ceux qui n’ont pas la foi parce que nous, nous savons.
Mais si les œuvres accompagnent notre foi alors nous vivons selon le Seigneur et non plus selon le monde, alors nous avons la joie que donne le Royaume des Cieux, alors l’Esprit Saint va pouvoir conquérir les cœurs.
C’est ce qui s’est passé pour les apôtres à la Pentecôte et après. Leur foi est devenue vivante. Par la force de l’Esprit Saint, ils ont accordé leur vie à la foi qu’ils avaient reçue. Et regardez le résultat : leur foi s’est alors transmise de proche en proche pour conquérir leurs contemporains qui n’étaient ni plus ni moins croyants qu’aujourd’hui et qui avaient le même besoin de Dieu que ceux qui nous entourent aujourd’hui.
Fort de cette expérience, saint Jacques nous le dit : « Moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. » (Jc 2) Si nous vivons de notre foi, alors elle se transmettra, alors le Seigneur pourra à travers notre manière d’être donner la foi à ceux qu’il a choisi pour être sauvés.
Arrêtons de penser que la foi n’intéresse plus les jeunes et acceptons plutôt de nous convertir en vivant selon l’Évangile. Le reste regarde le bon Dieu. Et nous savons qu’il fait bien toute chose.
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