Un grand plongeon dans la souffrance, voilà ce à quoi nous assistons en contemplant la Passion du Christ Jésus. La prophétie d’Isaïe en fait même un « familier de la souffrance. » C’est-à-dire que le Fils de Dieu qui était au-delà de toute souffrance en a fait une réalité tellement proche de lui qu’elle fait désormais partie de ce qu’il est. Il est le serviteur souffrant !
Souffrant tout d’abord des outrages.
Outrages des foules qui jusque là aimaient l’acclamer mais qui comme d’un seul coup se mettent à se moquer de lui et à demander à ce qu’il soit mis à mort. Ces foules pour qui il avait parcouru des centaines de kilomètres. Ces foules dont il a guéri les malades. Ces foules qu’il a écouté pendant des heures et à qui il a parlé de l’amour de son Père. Quelle terrible souffrance que d’être rejeté par ceux qu’il aimait tant jusqu’à se donner sans réserve à eux. Jésus se plonge dans cette souffrance et souffre jusqu’au bout pour leur obtenir le salut.
Outrages aussi des pharisiens qui le détestent depuis longtemps déjà parce qu’ils n’ont pas accepté son message d’amour. Échec de sa prédication dans ces cœurs de pierre. Le Fils du Dieu tout puissant par qui le monde a été fait souffre l’échec d’être condamné par ceux à qui il a donné la vie ; d’être haït par ceux qu’il aime.
Outrages des romains et des badauds qui déchaînent leur haine gratuite envers celui qu’ils ne connaissent pas. Souffrance du Christ qui accepte de n’être pas reconnu à sa juste valeur. Valeur infinie, piétiné par ignorance. Amour infini, abandonné par ceux qui ont soif d’être aimé.
Le Fils de l’homme souffre des outrages de ses ennemis, et pire encore de la lâcheté de ses amis. Mis à part quelques-uns de ses disciples qui restent présents, tous l’abandonnent. Judas d’abord qui n’a pas accepté de voir en lui le libérateur d’Israël, trop occupé par ses propres idées sur ce que doit être le salut. Son ami, son intime ne le comprend pas et en fini par le rejeter. Puis tous les autres disciples, à commencer par Pierre, celui qu’il avait choisi pour conduire son Église à sa suite. Abandon des amis et terrible solitude !
Les outrages, les abandons… et cette solitude profonde dans laquelle le plonge sa souffrance. Solitude de tous ceux qui souffrent et qui se sentent abandonnés de tous et de Dieu lui-même. Le Fils de Dieu fait homme, familier de la souffrance, nu sur la croix, est abandonné par son Père. Sa famille divine l’a comme quitté pour qu’il rejoigne la famille de ceux qui souffrent. « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Le voici : le souffrant ! Le souffrant pour que l’héritage de la souffrance qui nous a été transmis par le péché de nos premiers parents devienne le lieu du retour à Dieu. Regardons ce familier de la souffrance qui souffre à cause de nos péchés, regardons celui qui a pris sur lui nos souffrances afin d’être entraînés avec lui dans la famille divine et la gloire du ciel.
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