Les grecs viennent trouver l’apôtre Philippe parce qu’ils veulent voir Jésus. Quand est la dernière fois que j’ai cherché Jésus ?… Et pourtant, n’est ce pas là la chose la plus importante dans la vie d’un chrétien ? Si nous ne cherchons pas Jésus, à quoi bon faire tout le reste ? Mais surtout, si nous ne cherchons pas Jésus et que nous ne le trouvons pas, quel sera le fruit de nos activités ? Aucun si on en croit Jésus lui-même qui dit à ses apôtres : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire ! »
Chercher Jésus. Voilà ce qui devrait nous occuper jour et nuit. Comme le dit le psaume 62 : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. […] Ton amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres ! »
Au fond, que cherchons nous, si nous ne cherchons pas Jésus ? A quoi avons-nous donc bien pu occuper tout ce temps qui nous est donné ? Nous faisons mille choses, mais dans quel but ? Si nous cherchons bien, malheureusement nous nous rendons compte que nous sommes partis à la recherche de la satisfaction de nous-même. Et qu’avons-nous trouvé ?… Bien souvent rien. Ou bien quelque chose de si éphémère que ce n’est comme rien.
Réécoutons maintenant la parole de Jésus : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. »
Voilà un chemin bien plus adapté pour de jeunes hommes comme vous qui veulent faire quelque chose de leur vie et non pas se laisser aller au gré des vagues et des courants proposés par ce monde qui ne propose qu’une vie stérile et sans but. Il s’agit de mourir comme le grain de blé pour ne pas rester seul. Il s’agit de mourir à soi-même, c’est-à-dire d’arrêter de sans cesse ne rechercher que sa propre satisfaction pour suivre Jésus.
Parce que suivre Jésus, c’est prendre notre croix comme lui l’a fait. C’est quoi la croix ? Non pas une mort sans but, fruit d’un manque de vitalité. Bien au contraire, la croix, c’est prendre en main sa vie pour pouvoir la donner comme le Christ l’a donnée pour le salut du monde.
Le jeune homme qui prend sa croix, c’est celui qui sort de chez lui pour aller se mettre au service de ses frères. C’est celui qui accepte de donner sans compter, de combattre sans souci des blessures, de travailler sans chercher le repos, de se dépenser sans attendre d’autre récompense que celle de savoir qu’il fait la volonté de Dieu.
C’est beau ! C’est beau, mais nous le savons aussi, c’est dur. Notre nature se rebelle terriblement à cette idée d’être libre pour pouvoir se donner dans l’amour de Dieu et du prochain. Notre nature rebute à l’idée de quitter son confort pour servir.
Et bien, figurez-vous que le Christ lui-même a connu cette réalité. Mais il ne l’a pas laissée le submerger. Il en a fait une prière qui peut être aussi la nôtre lorsque nous nous apprêtons à donner notre vie ou simplement un peu de nous-mêmes :
« Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! »
Suivre le Christ, c’est aussi prendre ce chemin d’un cœur bouleversé par la souffrance et angoissé de prendre le chemin de la croix. Mais ce chemin est possible puisqu’il l’a emprunté avant nous et pour nous. Jésus nous a ouvert le chemin de la vie en prenant sa croix et en mourant par amour pour nous. Ce qui nous était jusque-là impossible devient possible : nous pouvons aimer. Nous pouvons aimer en étant ce grain de blé qui tombe en terre. Nous pouvons aimer en étant ce grain de blé qui fleurit et qui porte beaucoup de fruit. Notre vie, souvent un peu misérable, qui se mélange à la terre et à la boue devient alors dans le don de nous même le lieu où poussent les plus beaux fruits.
« Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » » N’oublions pas que c’est à cela que nous sommes appelés : la gloire des enfants de Dieu. Le Christ s’avance vers sa Passion volontaire. Il accepte le don de lui-même. Il meurt en se livrant par amour pour nous… Et son Père le glorifie.
Il y a tout à gagner à sortir, à chercher le Christ. Il y a tout à gagner à sortir de nous-mêmes pour enfin nous donner dans l’amour. Il y a tout à gagner à mourir comme le grain de blé et à porter ainsi beaucoup de fruit : à porter en nous la gloire de Dieu le Père.
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